mardi 14 novembre 2017

A Beautiful Day

You Were Never Really Here
Deux somnambules..

Cannes : Prix d’interprétation masculine et du scénario. 
Réalisateur : Lynne Ramsay réalisatrice britannique née en 1969. Ecole de cinéma en Ecosse. Débute par des courts métrages. Puis premier film en 1999 Ratcatcher. Plus 
Pays : France UK Année : 2017
Acteurs : Joaquin Phoenix (Joe) ; Alessandro Nivola (sénateur Williams)
Dir. Photo : Thomas Townend Musique Jonny Greenwood
Résumé : d'après le roman You Were Never Really Here de Jonathan Ames  Un film de fous ! Un vétéran de guerre (Irak ?) est chez lui et vit avec sa maman qu’il chouchoute quoi qu’elle fasse. Visiblement il vit de missions ou plutôt de contrats. Qui lui donne les ordres ? c’est hypothétique le FBI, les politiques… Ses actions sont gérées à partir d’un réseau, boites noires en séries. Le personnage de Joe est l’intérêt principal du film, vu qu’il n’y a pas vraiment de scénario. Il apparait lourd, figé, à la limite du somnambule sans état d’âme. Il est constamment en proie à des hallucinations ou souvenirs d’enfance qui se rappellent à son souvenir dans les moments les plus rudes. C’est pire que des souvenirs, ou des remontées d’inconscient, ce sont des obnubilations (je ne suis pas dans le métier). Cet homme n’a aucun avenir devant lui, pas de projet, pas de sentiments sauf pour sa mère, il est vide et surtout vidé. C’est impressionnant. En tout cas très bien joué (meilleur acteur pas volé !) Le film et l’histoire se déroulent par parties rapides qui donnent un rythme. La caméra capte de belles images dont certaines pour rendre la scène plus réelle, d’autres celles des gares et des trains avec un défilement effrayant montrent la violence de ce monde urbain, la présence symbolique de l’eau est omniprésente. La musique, (ou le bruit ?) est aussi un élément important dans cette ambiance et en cours de film, pour prévenir ou accompagner l’action. La fin est originale !
« Revisitant à sa façon les codes du vigilante movie et du tueur à gages impitoyable, Ramsay s’en sert puis s’en détourne pour composer l’errance, physique et psychologique, d’un homme qui semble ne plus avoir sa place nulle part. Errance dans un New York aux airs de bête endormie, de l’enfance à l’âge adulte, d’hier à aujourd’hui, de la vie à la mort (et inversement). » Michael Pigé  
« Cette recherche de l’émotion, ce test d’humanité se développe étrangement car il ne se construit pas dans la relation entre cette gamine et de ce tueur sans pitié mais plutôt par son absence, moteur indicible qui guide le personnage Phoenix de manière quasi-aveugle. On ne saurait trop dire s’il agit en tant que citoyen réactionnaire en quête de justice ou simplement comme un être déshumanisé cherchant simplement à remplir son contrat. C’est cette ambiguïté là que creuse Ramsay… » A lire Loris Dru
Filmographie : Ratcatcher; We Need to Talk about Kevin ; A Beautiful Day 
Avis :Très  Bon film, malgré les violences du métier de tueur…
Note : 10/10 Rédigé par Jacquie




mercredi 8 novembre 2017

Corps et âme

Testről és lélekről
Un couple sans paroles ou presque.

Ours d’Or à Berlin 
Réalisateur : Ildikó Enyedi Réalisatrice et scénariste hongroise née en 1955. son premier long métrage, Mon XXe siècle, remporte la caméra d’or à Cannes en 1989.
Pays : Hongrie Année : 2017
Acteurs : Géza Morcsányi (Endre, directeur financier) ; Alexandra Borbély (Mária Rácz, contrôleuse de qualité) ; Zoltán Schneider (Jenő, directeur des ressources humaines)
Dir. Photo : Máté Herbai
Résumé : Esthétique par ses images superbes de forêt, de biche et de cerf ; j’ai beaucoup aimé le vent dans les grands arbres. Les images de bovins, et de l’abattoir sont également belles… cependant, j’ai souvent mis ma main devant mes yeux devant ce spectacle de boucherie. Le film ne porte pas sur l’abattage de bovins pour notre nourriture, mais sur les relations amoureuses et sexuelles. Le décor de l’abattoir induit une pulsion de vie forte, les employés vont et viennent dans cette ambiance dérangeante mais n’en parlent pas. Deux personnages dont les personnalités sont en retrait (de la vie) vont occuper notre attention. Endre un directeur handicapé d’un bras et Maria une contrôleuse de qualité anormalement rigide. Là où le film est génial, c’est dans l’introduction de l’histoire des rêves concomitants que font ces deux personnes. Ils sont attirés l’un par l’autre, contre toute attente, et leurs difficultés à converser vont occuper les psychologues. Pour mieux opposer leurs attitudes « cassées » un grand dragueur entre dans l’usine déjà aux prises avec une histoire de partouse.
Les difficultés de Maria remontent à l’enfance, elle est toujours suivie par son pédopsychiatre qui est débordé par le passage à l’âge adulte de sa patiente. Pour s’en sortir, elle recourt à sa façon de regarder la réalité à travers des figurines. Cette technique met en jeu son intuition et lui permet de trouver des réponses. Tout n’est pas explicite, les images, les gros plans, les symboles montrent la révolution qu’induit la relation amoureuse chez la jeune fille. C’est sans doute le plus qu’apporte la réalisatrice sur la condition féminine, en montrant que la perception intellectuelle instinctive précède généralement le désir physique. Et dans notre contexte actuel de violences sexuelles dénoncées, le respect de la fragilité de Maria par Endre est un bonheur.
Filmographie : Mon XXe siècle ; 
Avis : Histoire d’amour délicate dans un abattoir, film très esthétique. Vaut bien le détour !
Note : 10/10 Rédigé par Jacquie


mercredi 1 novembre 2017

Detroit

la police peu nombreuse fait du n'importe quoi.
Réalisateur : Kathryn Bigelow réalisatrice scénariste productrice américaine, née en 1951. Est consacrée aux Oscar pour les Démineurs : meilleur film et du meilleur réalisateur. Son cinéma fait la part belle aux hommes, la violence, les menaces sur l’humanité. Lire plus
Pays : US Année : 2017
Acteurs : John Boyega (Melvin Dismukes, agent de sécurité noir) ; Jack Reynor (un des policiers, le plus fragile) ; Will Poulter ( le policier qui tue sans se poser de questions) ; Hannah Murray ( Julie, la jeune fille brune) ; Kaitlyn Dever ( la deuxième jeune fille, la coiffeuse) ;
Dir. Photo : Barry Ackroyd
Résumé : Le film raconte les émeutes de Detroit en 1967 qui débutèrent après un raid de la police dans un bar privé (vente d’alcool en dehors des heures légales, jeux etc.) La police s’est trouvée débordée par le nombre de participants ce soir-là. Des maladresses, en arrêtant les invités dont des GI revenant du VietNam, mettent le feu aux poudres. Par l'ampleur des destructions et des pertes en vies humaines, c'est l'une des pires émeutes de l'histoire des États-Unis. Lire sur Wikipedia. Pour aller plus loin, le dossier de presse et dossier pédagogique est téléchargeable (en français) sur le net :  Vous trouverez dans le dossier de Presse ( à lire absolument) les commentaires de trois témoins de l’affaire de l’Algiers… Le film commence par une projection de tableaux en style animation. La réalisatrice déclare « Comme j’admire l’œuvre du grand peintre noir Jacob Lawrence, sa série de panneaux sur la migration des Noirs Américains me semblait idéale pour évoquer les décennies de ségrégation raciale qui ont abouti aux émeutes des années 60 »
Le film n’a rien d’un documentaire… cependant le scénariste est un journaliste qui s’est beaucoup documenté… et les témoins retrouvés ont participé comme conseillers sur le tournage. Le film ne manque pas d’intérêt, par contre il est rude, dans la violence continuelle. Trois fils narratifs sont choisi le jeune qui rêve de faire son premier album (un des survivants), sa soirée publique ratée est suivie jusqu’au drame. L’homme de la sécurité Melvin Dismukes qui essaye de limiter les dégâts, est aussi passé à travers un sort tragique. A côté de ces deux noirs, le personnage du policier joué par Will Poulter du côté blanc, montre l’absurdité de la police. D’après Kathryn Bigelow, «si le but de l’art est de bousculer les consciences pour faire bouger les lignes – si nous sommes vraiment prêts à nous attaquer aux injustices liées aux questions raciales dans notre pays –, il faut qu’on soit prêts à écouter d’autres points de vue que les nôtres». «J’espère que ce film contribuera, même modestement, à ce débat et qu’on trouvera le moyen de panser les plaies qui existent depuis bien trop longtemps dans ce pays».
Filmographie : Aux frontières de l'aube ; Point Break ; Strange Days ; Démineurs ; Zero Dark Thirty
Avis : Le sujet du racisme, aux US ou ailleurs, n’est pas encore un travers oublié, même si il y a des progrès. Film à voir.
Note : 10/10 Rédigé par Jacquie


mardi 31 octobre 2017

Faute d’amour

Loveless et en Russe on vous l'épargne...
Un paysage déshumanisé et pourtant de grands ensembles à l'horizon

Prix du Jury Cannes 

Réalisateur : Andreï Zviaguintsev réalisateur Russe né en 1964. Démarre sa carrière comme acteur au théâtre et TV. Son premier film est présenté à Venise où il obtient la récompense du meilleur premier film en 2003. Il présente ses films à Cannes et y trouve un bon succès. Léviathan reçoit le prix du meilleur scénario et le Golden Globe étranger.
Pays : Russie, Fr, Belg, All, Année : 2017
Acteurs : Mariana Spivak (Genia) ; Alexeï Rozin (Boris) ; Matveï Novikov (Aliocha) ; Marina Vasilieva (Masha) ; Andris Keišs (Anton) ; Alexeï Fateyev (coordinateur volontaire)
Dir. Photo : Mikhaïl Kritchman
Résumé : L’action se passe en Russie à une époque à peu près contemporaine de la sortie du film. Un couple est dans un processus de divorce avancé, chacun a trouvé un compagnon pour l’avenir, mais aucun d’eux ne se soucie de la garde d’Aliocha (12 ans). Les parents se disputent violemment et sont préoccupés par leur vie future, l’appartement est à vendre. Aliocha est un enfant solitaire, un enfant transparent pour les parents. La plupart des couples montrés sont orgueilleux, froids et égoïstes. Les paysages ou les villes ne sont pas là pour égayer le propos… ni même la musique en coups de marteaux.
La société russe contemporaine est montrée comme obnubilée par la compétition et le paraitre, laissant peu de place aux sentiments à l’amour des autres ni à leur respect. On dirait qu’après la crise de l’Union Soviétique, les personnages s’acharnent à ne vivre rien que pour eux même. Au passage, un coup de canif sur la religion orthodoxe et la vision d’une classe sociale aisée qui se comporte en parvenue qui court vers l’échec personnel. A côté d’eux le coordinateur des recherches parait à la fois la seule trace d’humanité avec ses bénévoles et héritier de l’organisation planificatrices.
Andreï Zviaguintsev aime à dépeindre les individualités écrasées par les systèmes comme dans Leviathan, ici ce sont les valeurs à la mode qui écrasent un enfant et laissent peu de chance à une vie de couple équilibrée pour ces arrivistes.
« C’est évidemment Ingmar Bergman qu’évoque Faute d’amour. La même férocité. Le même constat devant la disparition de toute transcendance chez l’homme : les êtres qu’il observe semblent tous avoir perdu leur âme, sans laquelle ils errent, en rage, à jamais solitaires, comme des ombres affolées. » Pierre Murat Telerama
Filmographie : Le retour ; Elena ; Léviathan ; Faute d'amour ; 
Avis : Un film intéressant, glaçant, bien construit.
Note : 10/10 Rédigé par Jacquie




dimanche 29 octobre 2017

Un beau soleil intérieur

Juliette Binoche, en Isabelle tendre et naïve
Réalisateur : Claire Denis, née en 1948, scénariste et réalisatrice française. Elle travaille avec Jacques Rivette, Wim Wenders, Jim Jarmush avant de prendre son propre style. « En trente ans, Claire Denis a réalisé une œuvre ouverte sur le monde, où les liens (filiaux, amoureux) entre les êtres humains ne sont jamais acquis, où les corps imposent leur présence avec sensualité, dans des territoires lointains ou proches. » Cinémathèque
Pays : France Année : 2017
Acteurs : Juliette Binoche (Isabelle) ; Xavier Beaubois (Vincent le banquier) ; Nicolas Duvauchelle (l’acteur) ; Laurent Grévil (François) ; Gérard Depardieu (le voyant) Bruno Podalydes ; Josiane Balasko ; Paul Blain ; Philippe Katerine (chez le poissonnier) Dir. Photo : Agnès Godard
Résumé : Le scénario est celui de Christine Angot : romancière et journaliste. Depuis quelques années des réalisateurs (Almodovar, Claire Denis, Jane Campion etc.) nous donnent une autre version de la femme que celles du XIXe ou de l’après-guerre. La femme contemporaine a conquis sa place dans la société, mais sa vie sentimentale et sexuelle est restée dans le non-dit. La vie sexuelle est cependant souvent mise en valeur par les hommes, mais ils supposent que la leur est suffisante pour combler une femme et que nous jouissons comme eux, vite et sans poésie. Ici Claire Denis montre une femme intellectuelle à la quarantaine, elle est dans une période de transformation où sa vie passée apparait lointaine et dépassée. Cette instabilité la conduit à chercher un véritable amour pour combler le vide qui la saisit, "un jour mon prince viendra" est resté une valeur sure. Cette quête en devient caricaturale, et suggère des parties sexuelles valorisantes sur l’instant mais qui sont après coup jugées vaines. En fait c’est la mise en scène de la « grande misère sexuelle » de beaucoup de femmes qui ne trouvent pas leur compte dans la fréquentation des hommes.
Le choix des acteurs est curieux, en dehors de Juliette Binoche qui exprime à merveille, la naïveté d’Isabelle on voit des réalisateurs camper des hommes bourgeois prodigues en conseils (Beaubois, Podalydes) un chanteur devient un personnage récurrent à la poissonnerie. Pour finir en beauté, un Gérard Depardieu dans un rôle où on ne l’attend pas. Il tire les leçons du passé et de l’avenir sur une note optimiste, à la manière d’un psychologue.
Les images d’Isabelle sont touchantes dans leur simplicité, celles du théâtre symboliques des rapports d’Isabelle avec ses amoureux, la scène de campagne est une pierre dans le jardin des bobos. J’ai bien aimé les chaussons violets de Podalydès… Monseigneur conseille !
Filmographie : Nénette et Boni ; Trouble Every Day ; 35 rhums ; White Material ; Vendredi soir ; les salauds ;
Avis : Film de femme, éclairage différent sur l’amour souhaité… qui ne vient pas.
Note : 10/10 Rédigé par Jacquie


mardi 17 octobre 2017

Julieta

Une très belle prise de vue
Réalisateur : Pedro Almodovar : né en 1951 en Espagne. En 1986 il fonde avec son frère une société de production : Deseo, le nom est déjà tout un programme ! César du meilleur film étranger pour Talons aiguilles en 1993, et Tout sur ma mère en 2000. Prix de la mise en scène au Festival de Cannes pour Tout sur ma mère en 1999, César du meilleur film de l'Union européenne pour Parle avec elle en 2003, Prix du scénario du Festival de Cannes pour Volver en 2006. Choisi comme Président du 70e Festival de Cannes.
Pays :Espagne Année : 2016
Acteurs : Emma Suárez (Julieta quand elle écrit son histoire) ; Adriana Ugarte (Julieta à 25 ans) ; Daniel Grao (Xoan) ; Inma Cuesta (Ava) Dir. Photo : Jean-Claude Larrieu
Résumé : le scénario est écrit par Almodovar d'après trois nouvelles d'Alice Munro (écrivaine Canadienne). Au début du film, nous sommes devant la vie d’une femme mure qui projette un déménagement, donc un tournant de sa vie, quand le hasard des rues de Madrid la met en présence d’une amie de sa fille. Cette rencontre ravivera le passé qu’elle s’efforçait d’oublier : joies et douleurs. Mais de quoi est faite la vie d’une femme ? d’expériences sentimentales, d’amours, de vie familiale et de passions. Almodovar, qui sait si bien observer la vie intime des femmes nous livre l’analyse d’un personnage fictif qui a vécu des moments heureux et des moments difficiles. Julieta est meurtrie par son passé et ceci se ressent par sa difficulté à vivre heureuse, elle est toujours fragile, dans la négation de sa personnalité, jusqu’à refuser l’amour au présent. Quand Almodovar parle des empêchements, communs à beaucoup de femmes mures, à vivre un amour au présent, il rejoint la finesse d’une cinéaste féminine, Claire Denis, dans son « dernier » Un beau soleil intérieur.
Un autre sujet abordé : le temps et ses transformations de nos vies, ses objets dangereux cachés par l’oubli quand on n’a pas su les traiter avec bienveillance. La culpabilité joue également un grand rôle dans les raisons du mal de vivre de Julieta, culpabilité qui est pour elle une exagération psychologique invalidante. Cette culpabilité existait déjà avant sa rencontre dans le train, mais ces incidents non assimilés font boule de neige au cours de sa vie.
« Mais le train est aussi la métaphore du vrai sujet de Julieta : le passage du temps, la fugacité des liens, l’évanescence des êtres, qui apparaissent puis s’éclipsent de nos vies, parfois sans un mot. Non seulement l’héroïne voit, au fil du récit, se volatiliser son amoureux et sa fille, mais la chronologie affolée du film, avec ses flash-back, accélérations et ellipses, montre des personnages rattrapés par l’âge, les accidents et la maladie. Tout raconte que l’existence est une succession de pertes et d’adieux informulés. » Telerama
Filmographie : Femmes au bord de la crise de nerfs, Talons aiguilles, Tout sur ma mère, Parle avec elle, La Mauvaise Éducation, Volver, La piel que habito, Julieta, les amants passagers, 
Avis : Un film sur les souvenirs douloureux qui empêchent d’être soi-même. Une histoire dans l’histoire.
Note : 9/10 Rédigé par Jacquie


samedi 7 octobre 2017

Minuit dans le jardin du bien et du mal

Midnight in the Garden of Good and Evil
Une nuit dans le cimetière...
Réalisateur : Clint Eastwood est acteur, réalisateur, compositeur et producteur de cinéma américain ; né en 1930. Un monument de cinéma ! Une « légende de l’Ouest » ! Quatre Oscars, cinq Golden Globes, trois Césars et la Palme d'honneur au Festival de Cannes en 2009. Un énorme article à lire  dans wikipedia pour ce géant du cinéma
Pays : US Année :1997
Acteurs : John Cusack (John Kelso); Kevin Spacey (Jim Williams); Jack Thompson (Sonny Seiler); Jude Law (Billy Hanson); Paul Hipp (Joe Odom); Lady Chablis Deveau (Elle-même.)
Dir. Photo :Jack N. Green

Résumé : Adaptation de John Lee Handcok du roman de John Berendt, dont l'intrigue se base sur des faits réels s'étant passés à Savannah en Géorgie en 1980. Dans un fouillis de scènes drôles ou curieuses, Eastwood présente une affaire criminelle : un meurtre commis dans la riche maison d'un antiquaire de renom. Il amène cette histoire comme un roman policier, montre des personnalités extravagantes, ou des lieux chargés d’histoire des débuts de l’Amérique. On apprend que la ville de Savannah en Géorgie (Sud) vit curieusement au rythme de fêtes mondaines, de rites universitaires ou sportifs obsolètes ailleurs. La population principalement blanche vit dans le « m’as-tu-vu » complet avec des relents de ségrégation noire. Le journaliste New-yorkais se fait traiter de Yankee, l’antiquaire est d’une arrogance extrème avec ses proches et met son honneur à montrer comme il est riche et possède des pièces rares. Tout dans cette ville sonne faux, le gars qui fait semblant de promener un chien, qui est mort depuis longtemps, Lady Chablis qui cache son jeu, Jim William qui occupe un avocat à plein temps, pourquoi? La présence de la mort est constante par les scènes de cimetière, la prêtresse Vaudou, les armes. La violence est latente les invités à la réception chez l’antiquaire, ont tous une arme dans leur poche, Jim lui-même montre un poignard qui serait celui du Prince Russe qui poignarda Raspoutine. Enfin, curieusement, les indications des proches qui disent qu’à Savannah celui qui a de l’argent se sort toujours des procès… Le procès est étonnant d’irrégularités et cherche à innocenter un riche notable plutôt qu’à chercher le coupable ; la corruption rode discrètement, la réputation de Savannah est intouchable. « L'Etat de Géorgie connut en effet continûment, depuis le XIXe siècle, des flambées de brutalités diverses, du massacre des communautés libres de Noirs en 1816 par les troupes d'Andrew Jackson aux exactions des membres du Ku Klux Klan, qui agissaient en toute impunité dans un Etat dont ils exécutaient shérifs et sénateurs qui tentaient de s'opposer à eux. » Inrocks  Pour Jean Luc Lacuve ce film est étrange, « il fait l'apologie de l'ambivalence ». « Cette possibilité de lier vérité et simulacre est l'essence même de Savannah, ville pleine de mystères propres à la création et à l'amour »

Filmographie : La trilogie du dollar ; L'Inspecteur Harry ; Sur la route de Madison; Mystic River; Million Dollar Baby; Gran Torino ; Invictus ; Sully ; lettres d’Iwo Shima
Avis : L’antiquaire a-t-il tué froidement son amant ? un policier, l'air de rien...

Note : 8/10Rédigé par Jacquie


mardi 26 septembre 2017

Gabriel et la montagne


"Gabriel e a montanha "
Un personnage paradoxal au sein del'Afrique


Réalisateur : Felippe Barbosa né en 1980 est un réalisateur et scénariste Brésilien. Il s’est fait connaitre avec son film Casa Grande en 2014 sur les classes privilégiées face à la crise et au milieu de la pauvreté générale.
Pays : Brésil France Année : 2017
Acteurs : João Pedro Zappa (Gabriel); Caroline Abras (Cristina) les personnages rencontrés sont ceux rencontrés lors du véritable voyage.
Dir. Photo : Pedro Sotero
Résumé : D’après une histoire vraie. Un étudiant ami du réalisateur, au cours d’une année sabbatique a souhaité faire un voyage au sein de l’Afrique en vivant simplement comme les peuples qu’il voulait rencontrer. Ce périple raconté à la façon d’un journal de voyage filmé a traversé le Kenya, la Tanzanie, la Zambie et le Malawi. L'idée de Gabriel consiste à voyager en respectant les principes de l’écologie et cultiver l’amitié avec les individus. Il fait de très belles rencontres personnelles avec des africains chaleureux mais déroutés par ce blanc (riche et cultivé) qui les fréquente avec amitié.
« Une force de vie, une éthique de la rencontre, un respect de l’altérité élèvent sa démarche au niveau d’une fête des sens et d’une grâce spirituelle. » Le Monde
Au cours de son voyage sa petite amie Cristina vient le rejoindre et on comprend que Gabriel doit rentrer dans une grande école avec une bourse. Son caractère rebelle et têtu, pourvu d’un orgueil certain, le rend un peu désagréable et nous amène à comprendre la fin. Quand Gabriel s’est fixé un but, il le tient par principe et refuse tout empêchement. Il est jeune, en pleine forme et se croit capable de tout. Il est dans une transition paradoxale de sa vie. L’interview de Barbosa par Arte est aussi intéressante pour comprendre la création du film.
Le film choisi la fiction comme dans « Into the wild » mais mêle des interviews d’Africains qui l’ont rencontré ce qui rend le côté témoignage du film de Barbosa dont Gabriel était un ami.
Filmographie : Casa Grande ; Gabriel et la montagne ;  
Avis : Le film nous propose un road movie en Afrique et une façon de voyager différente, solidaire et durable en un certain sens. Film a voir pour toute la famille.
Note : 9/10 Rédigé par Jacquie




lundi 25 septembre 2017

Captain Fantastic

Prix mise en scène Un certain regard, Cannes
la famille lors de la cérémonie à l'église...

Prix du Jury et du Public festival de Deauville 
Réalisateur : Matt Ross : acteur, scénariste, réalisateur américain né en 1970. Après avoir travaillé comme acteur, il fait de la TV. Captain Fantastic est l’un de ses tout premiers films.
Pays : USA Année :2016
Acteurs : Viggo Mortensen (Ben) ; Frank Langella (le père d’Angela) ; Steve Zahn (Dave le mari de Harper) ; Kathryn Hahn (Harper La soeur de Ben) ; George MacKay (Bodevan) ;
Dir. Photo : Stéphane Fontaine
Résumé : Une famille (nombreuse) a choisi de vivre la « vie sauvage » et d’éduquer eux même leur enfants. On nous montre des enfants et des ados dans la forêt, apprenant à chasser et à dépecer, découper, cuisiner le gibier; on les dirait sur une île déserte… Ben le père nous apparait à la longue comme un chef, un gourou qui a toujours raison. Les enfants acceptent tout venant de lui, c’est presque malsain si ce n’était pas mal vu. La mère est absente et les nouvelles de sa santé seront mauvaises, entrainant un changement de programme pour la famille qui devra se rendre « à la ville ».
On ne cesse de s’étonner, entre des citations de Noam Chomsky, et les récitations du code civil et un entrainement martial dont on se demande contre qui ils pensent se battre. J’aime beaucoup la pensée de Chomsky, mais ici elle est absurde comme toute l’éducation donnée aux enfants en dehors du respect de l’évolution de leur maturité. Le film pourrait être drôle s’il n’était pas outré dans l’intellectualisme et le côté hippie, et un moins exagéré dans ce qu’il montre. On ne comprend pas ce que le réalisateur veut dire, on est dans la dérision de tout côté.
En fait le film montre le danger de changer les normes et de vivre à « sa mode » dans une société standardisée qui n’est pas plus enviable. Les enfants ne sont pas faits pour grandir en vase clos même si celui-ci est beau.
Avis : Déçue de ce film qu’on m’avait tant vanté.
Note : 6/10 Rédigé par Jacquie

lundi 18 septembre 2017

Into Eternity

Michael Madsen parle pour les survivants de la planète?
Réalisateur : Michael Madsen, réalisateur danois. Commence ses études par le théâtre et les arts plastiques. Biographie sur Ulyces
Pays : Suède Finlande Danemark Italie Année : 2010
Acteurs : Documentaire
Résumé : Le devenir des déchets radioactifs sont l’un des problèmes accompagnant la production d’énergie nucléaire, environ 250 000 tonnes sont actuellement stockées temporairement dans des piscines. Nous produisons généralement de plus en plus de déchets de toutes sortes ; qu’en faire ? Une structure de stockage de déchets nucléaires, est en construction à Onkalo en Finlande. En plus de l’aspect forage et enfouissage le réalisateur nous interroge sur notre vision de l’humanité future. A quoi correspondent 100 000 ans à l’échelle humaine ? Seront nous plus évolués ou retournés sur « la planète des singes » ? Soustraire les déchets dangereux est un devoir ; quelles solutions utiliser ? Quel degré de sécurité offrent nos solutions ?
Sous forme de semi-fiction le film nous interroge sur la survie de la planète après nous. La forme de ce film est originale car elle s’adresse aux générations futures. Les conversations entre les constructeurs d’Onkalo et les responsables de la sécurité nucléaire scandinaves nous montrent la difficulté de trouver des solutions durables, et quels sont les difficultés. Il y a bien un théologien, mais pas d’écologiste…
C’est vrai que la seule bonne solution est d’arrêter d’en produire… il y a 40 ans on nous disait que la solution serait trouvée dans quelques années… un pari perdu !
« J’ai la ferme conviction que la forme et le contenu d’un film doivent être étroitement liés. C’est pourquoi je m’intéresse à la narration. L’une des choses qui m’est restée de mes études de théâtre, c’est mon intérêt pour le théâtre de l’absurde : Beckett, Ionesco et les autres. Je pense que la plupart des formes narratives aujourd’hui sont aristotéliciennes ou hollywoodiennes – ce qui est la même chose. C’est une façon particulière de raconter une histoire, et j’ai le sentiment qu’elle présente certaines limites. » Madsen Ulyces
Filmographie : Into Eternity ; The Visit ; Odyssey 
Avis : Un film débat sur l’enfouissement des déchets de l’industrie nucléaire, qui nous fait envisager le destin de l’humanité.
Note : 10/10 Rédigé par Jacquie




dimanche 10 septembre 2017

Petit paysan

Swann Arlaud: Petit Paysan
  Réalisateur : Hubert Charuel réalisateur français né en 1985. « Fils d'un couple d'agriculteurs de la Haute-Marne, Hubert Charuel a travaillé dans un premier temps dans le secteur de l'élevage laitier avant de s'orienter vers des études de cinéma. » Ce film est son premier long métrage. Wikipedia
Révélé en mai par la Semaine de la critique, le premier long-métrage d’Hubert Charuel, Petit paysan, accrédite en tout cas l’idée selon laquelle la diversité sociale, et donc des points de vue, serait propice au renouvellement des formes. Le Monde
Pays : France Année : 2017
Acteurs : Swann Arlaud (Pierre le paysan) ; Sara Giraudeau (pascale sa sœur vétérinaire) ; Isabelle Candelier (sa mère) ; Bouli Lanners (Jamy l’éleveur belge) Dir.Photo : Sébastien Goepfert
Résumé Sous couvert de thriller dans le monde agricole, ce film informe les citadins que nous sommes sur le dur métier d’éleveur de vaches laitières. Il donne un bon aperçu des tâches quotidiennes et des inquiétudes des éleveurs. En prenant l’hypothèse d’une maladie contagieuse des vaches, les contrôles journaliers et ceux de l’administration sont évoqués. Pierre dans sa pratique nous montre le soin qu’il apporte à l’hygiène et l’attention permanente au confort des vaches. Pierre aime ses vaches, il est fier de son exploitation et de ses résultats. Sa vie privée c’est autre chose, il est seul comme beaucoup d’autres, et en plus sa mère est étouffante. Il est très inquiet pour son troupeau car une épidémie a démarré dans le nord en Hollande et en Belgique. Toute cette charge émotive irrigue le film, et montre l’isolement de Pierre face à ce fléau. Je ne raconte pas tout….
De très belles images, avec de la tendresse pour nos vaches. Un rythme puissant qui nous étourdi, des scènes courtes, des scènes oniriques qui montre la proximité de l’éleveur pour ses animaux.
« La ruralité dépeinte par Hubert Charuel n’est pas, en effet, coupée de la marche du monde. Tout au contraire, elle apparaît branchée sur son environnement, sur la pulsation d’une société néolibérale dont elle n’est, finalement, qu’un des multiples visages. » Le Monde
Le nombre de paysans s'effondre de jour en jour, et les politiques agricoles n'améliorent pas leur sort. Au contraire la PAC ne soutient que les grosses entreprises agroalimentaires. Pendant ce temps le consommateur consacre de moins en moins d'argent à sa nourriture, et perd de vue les producteurs pour ne plus voir que les étiquettes du supermarché. La situation des jeunes agriculteurs en petite exploitation est dramatique. Une voie alternative est tracée: les circuits courts, les Amaps, le bio. etc. Le consommateur comprendra-t-il que, moins cher, n'est pas le mieux pour lui? Devenir consom’acteur ? A lire régulièrement http://www.lesamisdelaconf.org/
Filmographie : premier long métrage
Avis : A voir, pour mieux comprendre les attitudes et réactions dans le monde agricole que nous connaissons peu, et le travail derrière notre repas.
Note : 10/10 Rédigé par Jacquie


mardi 29 août 2017

Patti Cakes

La base du groupe en composition...
Réalisateur : Geremy Jasper, réalisateur américain, serveur de bar, musicien (naissance dans le New Jersey), réalisateur de clips et enfin un long métrage….Patti Cakes.
Pays : US Année :2017
Acteurs : Bridget Everett (Barbara, la maman), Cathy Moriarty (Nana, la grand-mère), Danielle Macdonald (Patti), Mamoudou Athie (le rappeur gothique), Siddharth Dhananjay (L’ami indien)
Dir. Photo : Federico Cesca
Résumé : Une jeune fille obèse rêve de devenir une chanteuse de rapp reconnue. A ses heures perdues où dans les temps morts de son service (barmaid) elle compose des rimes pour des chansons, elle slamme également avec une certaine virtuosité, mais dans un langage cru ; un régal si vous voulez apprendre des mots, in english, qui ne s’apprennent pas au collège. Sa vie est misérable, elle est moquée par ses anciens camarades de classes et ses rivaux, sa mère boit, sa grand-mère est malade. Le scénariste soutient ce rêve en y mêlant les aspects sociaux des milieux défavorisés d'une ville moyenne du New Jersey, le problème du coût des soins de santé etc.
Le film est assez bien organisé entre moments musicaux, petites aventures quotidiennes et rêve psychédélique… on ne s’ennuie pas, même si le rapp n’est pas forcément une musique familière à nos oreilles.
On retrouve des thèmes riches de la nouvelle vague « sundance » comme la proximité à la mort, les imperfections corporelles, l’unité familiale, les drogues…voir Little Miss sunshine.
Nicolas Bardot Patti Cake$ s'inscrit dans une certaine mouvance à risques du cinéma indépendant américain : celle de ces récits portés par des héros hors normes, anti-conventionnels, mais qui finissent souvent lissés et concassés par une forme très classique-standard (la mouvance post-Little Miss Sunshine).
« Pourquoi ce sujet-là, à ce moment précis ? Pour plein de raisons. Je voulais raconter mon amour pour les filles fortes de l’Etat du New Jersey, au milieu desquelles j’ai grandi. » Télérama festival de Cannes
Avis : Un bon moment musical et drôle. Comédie très fraiche.
Note : 9/10 Rédigé par Jacquie


lundi 28 août 2017

Les proies "The Beguiled"

Un paysage fantastique
Réalisateur : Sofia Coppola, née en 1971, fille de Francis Ford Coppola. Photographe réalisatrice, actrice, scénariste, productrice américaine. Elle se fait connaitre grâce à son film "Virgin suicides". Consacrée par "Lost in translation" avec un Oscar pour le scénario. Un lion d’or pour "Somewhere" en 2010 ; "Bling Ring" fait l'ouverture d’Un certain regard à Cannes 2013. Wiki
Pays : US Année : 2017
Acteurs : Colin Farrell (le soldat) ; Nicole Kidman (Martha la directrice) ; Kirsten Dunst (Edwina le professeur) ; Elle Fanning (Alicia) Dir. Photo : Philippe Le Sourd
Résumé : D’après le roman The Beguiled de Thomas Cullinan. Déjà mis en scène au cinéma par Don Siegel avec pour interprète Clint Eastwood, cela en fait un remake. Personnellement je n’ai pas vu le premier donc je m’abstiendrai de toute comparaison. Sofia Coppola en fait une histoire de femmes, quoi d’étonnant à cela. L’ambiance romantique ou fantastique est très vite introduite par les plans sur le parc plein de brume et la jeune Emmy qui s’y promène, on s’attendrait à voir le loup lui faire des propositions…Ensuite les nombreux plans avec la façade à colonnes blanche à souhaits nous place non loin du conte de fées, et ce sera un genre de conte pour l’éducation des jeunes filles ? La photographie de Philippe Le Sourd rend tout cela présent, voire obsessionnel. Les filles et les femmes en robes de couleurs très claires évoquent la pureté et l’innocence chez les plus jeunes. Dans ce cadre immaculé, hors du temps, un soldat blessé s’égare… il cherche à garder la tête hors de l’eau en ménageant chacune; mais encore un qui se croit plus fort….
Les réactions du groupe de femmes sont intéressantes et assez homogènes, même avec des caractères si différents. Chacune est intriguée par cet homme au milieu d’elles, certaines sentent s’éveiller leur féminité, ont des désirs sentimentaux, sont curieuses, aiment discuter différemment.
Les deux acteurs principaux, Nicole Kindman et Colin Farell, sont sobres mais campent des personnages attachants aux caractères bien typés. Les jeunes filles sont aussi personnelles, même les plus introverties. Le tout est très crédible (pas l’histoire !).
« Au-delà d’un scénario quasi identique, deux grandes différences rendent les films complémentaires, presque symétriques. D’abord, Don Siegel s’identifie constamment à l’homme qui regarde les femmes, tandis que Sofia Coppola endosse le point de vue des femmes sur l’homme. Ensuite, le rayonnement d’Eastwood, la supériorité solaire qui émane de lui en font un manipulateur absolu, tandis que Colin Farrell, le soldat de la nouvelle mouture, moins ­magnétique, plus émouvant, semble taraudé par le doute et dégage une ­vulnérabilité de simple mortel. » telerama
« un point de vue féminin sur une histoire d’homme épinglé dans une ruche d’abeilles désirantes et tueuses. Intrigant et subtil. Les inrocks 
Un débat sur l’absence de personnage « de race noire » a occupé certains aux US… sans grand intérêt.  
Filmographie : Virgin Suicides · Lost in Translation · Marie-Antoinette · Somewhere · The Bling Ring · A Very Murray Christmas · Les Proies
Avis : un film mi romantique mi fantastique, où la nature féminine des héroïnes est en exergue dans un décor de nature sauvage et une maison blanche qui fait rêver.
Note : 9/10 Rédigé par Jacquie




vendredi 18 août 2017

Le crabe-tambour

Jean Rochefort et Claude Rich
Réalisateur : Pierre Schoendoerffer, français, 1928-2012 ; photographe, réalisateur, écrivain. Intègre le Service cinématographique des armées et part en Indochine. Tourne La passe du diable pour Kessel, puis tourne des adaptations de Pierre Loti. Plus
Pays : France Année :1977
Acteurs : Jean Rochefort (le capitaine) ; Jacques Perrin (le crabe-tambour) ; Claude Rich (Pierre, le médecin) ; Jacques Dufilho (le chef machines)
Dir. Photo :  Raoul Coutard
Résumé : D’après son propre roman Schoedenoerffer, met en scène des militaires qui se racontent les aventures d’un officier particulier dit « le crabe-tambour ». En faisant ce récit le réalisateur évoque sa guerre d’Indochine, des souvenirs de personnalités de l’armée et le drame du putsch d’Alger. On parle sans arrêt du crabe-tambour, fiction construite à partir d’un personnage réel qui inspira Schoendoerffer. Des militaires un peu blasés, à l’aube de leur retraite racontent le curieux mais attachant lieutenant « crabe-tambour ». Petit à petit dans le carré des officiers, à la faveur des moments perdus, on apprend que tous ne sont pas sur ce bateau par hasard dans cette mission vers le grand Nord. En particulier le capitaine effectue sa dernière mission, alors qu’il est atteint d’un cancer ; le pourquoi de ces évocations des guerres passées nous raconteront les motivations des uns et des autres. L’argument est un peu faible, mais le film sur la parole donnée et l’honneur dans le milieu militaire est intéressant. Les images en mer du Grand Nord sont hallucinantes… « à cette occasion de superbes images du Jauréguiberry "le nez dans la plume" seront filmées depuis un Super Frelon en mer d'Iroise. » netmarine
Filmographie : La 317e Section ; La Section Anderson ; Le Crabe-tambour ; Diên Biên Phu ; Là-haut, un roi au-dessus des nuages
Avis : Un film sur les amitiés militaires et non un film de guerre, soutenu par les prestations de grands acteurs.
Note : 9/10 Rédigé par Jacquie






lundi 14 août 2017

Djam

Daphnée Patakia
Réalisateur : Tony Gatlif né en 1948 à Alger est un réalisateur, acteur, scénariste, et musicien compositeur. Même (surtout) quand il fait du cinéma Gatlif est un musicien et ses bandes sons sont soignées. Il a d’ailleurs reçu 2 Césars de la meilleure musique écrite pour un film : pour Gadjo Dilo et pour Vengo. Pour ses sujets de prédilection : les Roms, les exclus, la liberté individuelle.
Pays : France Grèce Turquie Année : 2017
Acteurs : Daphné Patakia (Djam) ; Maryne Cayon (Avril) ; Simon Abkarian (l’oncle Kakourgos)
Dir. Photo : Patrick Ghiringhelli
Résumé : Une comédie musicale, à la gloire des exilés et particulièrement des turcs, des grecs, des arméniens et les modernes syriens ou africains fuyant leurs pays. C’est en fait le sujet qui est évoqué tout au long du voyage de Djam et de sa complice française Avril. On parle, on chante on voyage perpétuellement vers un ailleurs prometteur, mais celui-ci est aussi source d’illusions et de douleurs. En fait le côté comédie n’est que la dérision qui est ressentie par les migrants pour leurs espoirs d’hier. La culture du pays d’origine manque à tout expatrié… quelle que soit sa réussite aux yeux de la société. Le personnage de l’oncle Kakourgos est un héritage du siècle dernier, par son amour pour son pays et les siens, mais à la manière paysanne et bourrue. Il marque par-là, que la musique qu’il aime est un quasi fossile (le Rébetiko). Gatlif en fait le fil rouge de son film après en avoir recherché des vestiges, des traces, des enregistrements. Le Rébétiko est d’après Gatlif un « genre musical grec, né dans les années 1920, qui était pratiqué dans les fumeries de haschisch, les tavernes, les bas-fonds ». Gatlif remet à jour, arrange cette musique, réunit des musiciens pour son film, c’est passionnant.
Pendant le voyage de Djam à Istanbul, on croise différentes misères, des métiers disparus dont le forgeron, on se retrouve en Grèce alors en plein marasme économique à faire un feu de camp au milieu des rails de chemin de fer, et pour finir à la saisie des biens personnels par huissiers.
La musique est présente dès l’introduction (Gatlif aime bien les introductions musicales) avec la jeune chanteuse Daphné Patakia accompagnée de son instrument à cordes particulier. Elle est autant actrice que musicienne, elle fait un show dansé dès que la situation est difficile. Son personnage est dévergondé, malicieux, un peu foutraque mais au grand cœur.
J’ai bien aimé la course poursuite dans les draps sur les cordes à linge, très esthétique ainsi que la scène avec l’instrument à cordes dont Djam s’accompagne…. je ne trouve pas son nom. On se régale de certains plans montrant la nature avec l’art de la prise de vue dont fait preuve Ghiringhelli. Enfin, je conseille les deux articles suivants sur ce film.
« le cinéma de Tony Gatlif, lui, va plus loin que la vie, plus loin que le monde en ses schémas réducteurs, destructeurs, moralisateurs, pour nous offrir un conte musical sur l’exil et le chagrin, les chaos de l’histoire, les désillusions d’hier et d’aujourd’hui. » Esther Eboyan
Interview Gatlif
Filmographie : Gadjo Dilo ; Vengo ; Exils ; Transylvania ; Liberté ;  
Avis : Un film pour amateur de musique populaire, pour amoureux de l’humanité et de la liberté.
Note : 9/10  Rédigé par Jacquie








samedi 12 août 2017

Lola Pater

 
Chez le notaire, un fils et une mère? pour la disparition du père?
Réalisateur : Nadir Moknèche réalisateur franco-algérien né en 1965. Passe son enfance en Algérie, puis retourne en France pour des études et s’oriente vers le cinéma. Il suit un cours de réalisation à New York.
On ne trouve pas beaucoup d’information sur ce réalisateur, pourtant attachant avec ses personnages colorés, algériens ou issus de l’immigration…
Pays : France Belgique Année :2017
Acteurs : Fanny Ardant(Lola) ; Tewfik Jallab (Zino) ; Nadia Kaci (Rachida) ; Véronique Dumont (la compagne de Lola)
Dir. Photo : Jeanne Lapoirie
Résumé : Le sujet de la transsexualité est toujours un peu scabreux… tant on est toujours prisonniers de son héritage de schémas simplistes. Ici pas question de rires, mais parfois de sourire aux situations décrites. On ressent beaucoup de tendresse pour cette Lola qui n’ose pas aborder son fils de face, bien que l’envie de le retrouver et donc de tout avouer soit grande. Le drame c’est 20 ans de silence et de non-dit qui creusent des espoirs et des interprétations, envahissant le réel au point de le nier. Le travail de Moknèche est de mettre en scène des sentiments embarrassant notre morale et notre culture. Nous savons tous que ces situations existent, mais tant que nous n’y avons pas été confrontés… c’est du virtuel, du roman. Ici, un homme s’est identifié en femme et parait bien équilibré, à la faveur du décès de sa femme on va comprendre le prix à payer : son désespoir d’avoir du rompre la vie familiale (démonstration un peu poussive…). Comprendre c’est bien, mais accepter c’est encore loin !
Les deux acteurs Fanny Ardant et Tewfik Jallab sont très crédibles, et le film repose sur leur expression fluctuante au cours du temps, faite d’espoirs et de peurs. Lola est éblouissante « inoxydable » et Zino un boisseau de puces récalcitrantes qui ne sait plus qui il est dans tout ça.
A noter, un très bon second rôle de la compagne de Lola joué par la comédienne (Belge ?) Véronique Dumont, tout en retenue.
La photographie des visages et des choses est belle : le Paris des galeries, le cimetière, le mas en Camargue, la moto est presque un personnage, mais s’exprime moins que le chat... pour les acteurs la douceur des visages nous invite à les sentir proches.
Le film pose le problème de notre morale d’un étrange point de vue : aurions-nous aimé être l’enfant de cet homme ? il donne à réfléchir.
Dossier Presse
Filmographie : Délice Paloma ; Viva Laldjérie ; Goodbye Morocco ; Lola Pater 
Avis : Un beau film sur la transsexualité visible par les familles, mais l’alcool et les cigarettes sont très présents ! c’est tout pour les vices… un bon sujet de réflexion après Danish Girl et Laurence Anyway.
Note : 9/10 Rédigé par Jacquie