mardi 27 novembre 2018

Jonas

Multi-récompensé au Festival de la fiction TV de La Rochelle 2018 
Félix Maritaud en Jonas adulte
Réalisateur : Christophe Charrier ; scénariste et réalisateur français né en 1980. Assistant de production pour Jacques Audiard, et d’autres. Clips vidéo, court métrages. Jonas est sa première fiction pour la TV.
Pays : France Année : 2018
Acteurs : Félix Maritaud (Jonas adulte) ; Nicolas Bauwens (Jonas adolescent) ; Tommy-Lee Baïk (Nathan) ; Aure Atika (la mère de Nathan) ; Ilian Bergala (Léonard)
Dir. Photo : Pierre Baroin Musique : Alex Beaupain
Résumé : Un téléfilm proposé et soutenu par Arte. Le montage des scènes est quelquefois difficile à saisir tant l’écriture est légère. Du coup on ne pige pas tout de suite ce que fait ce trentenaire ravageur qui crame comme une allumette. Il est en recherche de sexe comme beaucoup d’homos, mais sa recherche est particulière. Sa vie n’est pas un exemple à suivre, cigarettes, alcool, drogue, sexe et violence ; ce n’est pas très politiquement correct. Comment comprendre que c’est le même que l’ado craintif du début ?? 
Le film est intéressant à différents points de vue, dont l’aspect image avec ses nuits chaudes et oranges en moto. Les climats sont bien rendus par les images et les jeunes acteurs, couleurs, cadrages angoissants. On est toujours surpris par les événements. Le thème de l’enlèvement d’enfants au moment de la crise ado est original et pourquoi pas porteur de réflexion, l’homosexualité, souvent traitée, en rajoute une couche. On peut s’attendre à d’autres bons films de ce réalisateur.
« Glissant d’une époque à l’autre au fil d’un montage d’une bluffante fluidité, Jonas, premier long métrage de Christophe Charrier, diffusé sur Arte, se resserre doucement sur l’événement traumatique qui hante son héros… Jusqu’à une scène de pur effroi — et de pure mise en scène —, comme on ne les oublie pas. » Isabelle Poitte
Avis : Pour un premier film c’est très bon. Le thème est original et les acteurs présents.
Note : 9/10 Rédigé par Jacquie


dimanche 25 novembre 2018

Wajib

La  vie quotidienne
Réalisateur : Annemarie Jacir née à Bethléem en 1957. Réalisatrice, et scénariste « qui mêle la fiction à la réalité du quotidien des territoires palestiniens et l’histoire de la Palestine à sa propre histoire » « Parallèlement à son travail de réalisatrice, Jacir a ainsi mené depuis le début des années 2000 un travail de recherche, de conservation et de diffusion des archives filmiques palestiniennes à travers le projet Dreams of a Nation. » Orient XXI
Pays : Palestine Année : 2017
Acteurs : Mohammad Bakri (Abu Shadi, le père) ; Saleh Bakri (Shadi le fils) ; Maria Zreik (Amal) Dir.Photo : Antoine Héberlé
Résumé : Shadi qui est architecte en Italie revient au pays, à Nazareth (Palestine/Israël) pour le mariage de sa sœur. Selon la coutume, il accompagne son père porter les invitations en mains propres. Shadi qui a quitté le pays depuis quelques années, est décalé par sa vie européenne, il est souvent choqué de voir la misère intellectuelle dans laquelle vivent ses compatriotes. Dans ses réflexions sur l’esthétique de la ville et de ses habitations il y a la douleur d’un artiste devant la laideur… mais aussi la pitié devant les voisins et amis qui sont si gentils. Les sujets de désaccord avec son père sont nombreux et non limités aux considérations sur la famille et le mode de vie. On trouve en sous jacence le conflit Israélo-palestinien avec la présence d’Israéliens dont certains sont chargés de « surveillance » plus ou moins masquée.
Le conflit éclate entre le père et le fils, ce dernier ne se rendant pas compte de ce que c’est que de vivre cette occupation au jour le jour. En bref, il est toujours facile de critiquer et moins de faire. Le père a du mal à accepter le regard européen que véhicule son fils… et vice versa Shadi pense que son père le méprise, et c’est grâce à la conversation avec un voisin qu'il comprendra combien son père l’aime malgré cela. L’image de la fin, en conclusion, un café partagé dans la nuit montrera une acceptation des faits par le fils et des pas en avant par le père..
« Une ville belle et abandonnée à la fois, jonchée de poubelles et de bâches défigurant des maisons et des paysages à la beauté orientale, des gens sous tension permanente qui s’efforcent de maintenir une tenue entre le stoïcisme de la fidélité à la terre et la mort à soi-même. Le conflit entre le père et le fils recouvre ainsi l’oscillation douloureuse, kafkaïenne, dirait-on, de l’identité des Palestiniens d’Israël, qui ont fait le choix de rester dans un pays dont ils sont devenus citoyens mais qui leur demeure étranger. » Le Monde Jacques Mandelbaum
Filmographie : Le sel de la mer ; Wajib
Avis : Un film mi-fiction, mi-documentaire sur une grande ville en Palestine de population mixte (musulmans, chrétiens, juifs). Les traditions culturelles sont tenaces les habitudes aussi…. Il ne manque qu’un peu de paix et d’amour pour que la ville soit belle.
Note : 7/10 Rédigé par Jacquie

mardi 20 novembre 2018

L’avenir


Berlinale 2016 : Ours d'argent du meilleur réalisateur
Les indifférents? Photo Press kit
Réalisateur : Mia Hansen-Løve, réalisatrice française née en 1981. Fille de deux profs de philo… entre au conservatoire d’art dramatique, puis se lance dans le cinéma. Travaille aux cahiers du cinéma, tourne des courts métrages. Tout est pardonné est son premier film. Wikipedia
Pays : France Année : 2016
Acteurs : Isabelle Huppert (Nathalie) ; Édith Scob (Yvette) ; Roman Kolinka (Fabien) ; André Marcon (Heinz)
Dir.Photo : Denis Lenoir Musique airs de Woody Guthrie ; Shubert
Résumé Un couple de profs de philo, se sépare pour des raisons qui leurs sont propres. Nathalie magistralement interprétée par Isabelle Huppert, tient sa force dans son enracinement dans le présent et dans la réflexion philosophique. Nathalie à la cinquantaine va voir son monde affectif se lézarder, une partie de ses intérêts, écrire des livres sur les philosophes, va être frappé de porte close chez son éditeur. Bref tout s’écroule autour d’elle et c’est une situation assez commune à ces âges-là, où bien des virages doivent se prendre. On voit alors un personnage qui va plier sous le vent comme le roseau de La Fontaine, et puiser dans son métier et les philosophes matière à garder le sens du présent. Sa vocation et son engagement pour les étudiants, sera son viatique. Elle n’a aucune illusion sur le fait de retrouver un compagnon, c’est ce qu’elle dit à son ancien étudiant un peu amoureux. Sa vie est faite de relations à sa famille, à ses amis, au monde virtuel des livres et à la puissance de la pensée au service de la vie. L’esprit et le discernement au secours de l’envahissement des affects.
« … Et dès lors L’Avenir, narration d’une totale limpidité, n’est plus, ou plus seulement, la chronique d’une femme, ou l’histoire d’un passage à un ailleurs d’un personnage dans l’âge qui vient.
C’est un flot irisé d’une infinité d’échos, de suggestions, d’harmoniques. Cette aventure de l’existence vaut pour chacun, à n’importe quel âge, de n’importe quel sexe, dans n’importe quelle situation matérielle, sociale, conjugale… » Jean Michel Frodon
« Comme à son habitude, Hansen-Løve prend le temps qu’il faut pour poser chaque scène, pour installer au fur et à mesure le personnage, son entourage et son environnement, de repas de famille en réunions désaccordées avec le nouveau service marketing de son éditeur, de cours en classe en discussions intellectuelles avec son ancien étudiant (nimbées d’un léger suspense érotique), de débats avec son mari en disputes avec sa mère aussi envahissante qu’hystérique. » Serge Kaganski
Voir aussi Film du losange Presskit
Filmographie : Tout est pardonné ; Le Père de mes enfants ; L'Avenir
Avis : Le moment présent d’une femme, « au midi un quart » de sa vie. Portrait touchant de ses désillusions et combats pour simplement être. Enfin un film où les persos lisent des vrais livres ! 
Note : 9/10 Rédigé par Jacquie


dimanche 18 novembre 2018

La Villa


Réalisateur : Robert Guédiguian, réalisateur français né en 1953 à Marseille, est d'origine arménienne et fils d'un ouvrier électricien. Marseille, le milieu ouvrier, l’Arménie feront les sujets principaux de ses films. Profondément ancré à gauche depuis sa jeunesse, il est actuellement bouleversé par la déroute de la gauche et la montée du mercantilisme et de l’individualisme. Une belle carrière de cinéaste dans ce style qui lui est propre : un regard tendre pour les laissés pour compte. Prix « Un certain regard » au festival de Cannes 1997 pour Marius et Jeannette. Plus
Pays : France Année : 2017
Acteurs : Ariane Ascaride (Angèle) ; Jean-Pierre Darroussin (Joseph) ; Gérard Meylan (Armand) ; Anaïs Demoustier (Bérangère la compagne de Joseph) ; Robinson Stévenin (Benjamin le pêcheur) Dir.Photo : Pierre Milon
Résumé : Pour sûr un Guédiguian classique ! avec ses acteurs favoris qui sont quasiment sa famille (surtout Ariane Ascaride), et le souvenir du passé fondateur.
L’histoire est banale, sauf que le père de famille était de ces utopistes qui voyaient l’humanité chaleureuse, partageuse, éprise de sens commun. Entre eux une histoire de rancune, des incompréhensions, des vies souvent misérables à ras de terre mais un sens de l’honneur, du devoir. L’ancêtre plongé dans un profond silence dont il ne sortira pas ne peut plus répondre aux questions de ses enfants (s’ils les posaient !). Meurtris, ils sont réunis par cette mort prochaine, mais communiquent à peine. Le regard posé en arrière, ils ne peuvent se sortir de leur déconvenue et d’un climat d’huis clos lourd de non-dit. Le film vaut par cette évocation, les images des environs de Marseille et de sa rade, les sentiers des contrebandiers dans les pins. On revoit le viaduc gigantesque des films précédents, ici il symbolise le temps qui passe puis la communication magique à ceux qui ne peuvent pas parler.
Filmographie : À la vie, à la mort ! Marius et Jeannette ; À l'attaque ! Les Neiges du Kilimandjaro Avis : Un bon film à la gloire de la culture ouvrière telle qu’elle se partageait un temps. Avec son côté grégaire, solidaire, ses valeurs de l’amitié et l’espoir d’un futur radieux.
Note : 7/10 Rédigé par Jacquie



mercredi 14 novembre 2018

Toni Erdmann

Un clown triste veut récupérer sa fille
Sur Arte lundi 12 Nov
 
Réalisateur : Maren Ade, réalisatrice, scénariste et productrice allemande née en 1976. École de cinéma de Munich. Everyone Else, son deuxième film, a été sélectionné en compétition au Festival de Berlin et a remporté un ours d’argent.
Voir Wikipedia
Pays : Allemagne Autriche  
Année : 2016
Acteurs : Sandra Hüller (Ines Conradi) Peter Simonischek (Winfried Conradi ou Toni Erdmann)
Dir.Photo : Patrick Orth
Résumé : Ce film traite des relations d’un père à la retraite et de sa fille qui travaille corps et âme pour faire sa place dans le business international. Lui est un hurluberlu qui a toujours aimé faire des farces, présenté comme un individu qui ne sait pas communiquer. Sa fille de 37 ans a déjà réalisé une partie de sa carrière, elle est cadre international mais l’opiniâtreté avec laquelle elle mène ses projets professionnels lui cachent les réalités de la vie. En particulier, les sentiments sont absents, et en amour c’est plutôt catastrophique voire déviant ou pervers. Le père par sa présence toujours incongrue et fantasque essayer de la faire réfléchir sur la vie désincarnée qu’elle mène. Ce qui donne des situations cocasses, d’où la comédie ; mais c’est un drame celui des gens de la société des affaires implacable (business) et celui de deux êtres de la même famille qui s’aiment et ne peuvent communiquer.
La façon de filmer de Maren Ade est longue pour exprimer ces deux sujets (2h43). Heureusement que notre héro est un peu clown, sinon la fille froide à souhaits est caricaturale championne du professionnellement correct ... 
Filmographie : Everyone Else (Alle Anderen) ; Toni Erdmann
Avis : Film long, mais son originalité qui est indéniable nous fait passer un bon moment.
Note : 9/10 Rédigé par Jacquie