samedi 27 septembre 2014

Sils Maria

Un beau duo...

Réalisateur : Olivier Assayas né en 1955, réalisateur et scénariste français. Etudes de Lettres à Paris. Dessinateur, critique. Amateur de Kung Fu. Obtient de nombreux prix sur les festivals internationaux.
Pays : France Année : 2014
Acteurs : Juliette Binoche (Maria Enders) ; Chloë Grace Moretz (Jo-Ann) ; Kristen Stewart (Valentine)
Dir. Photo : Yorick Le Saux
Résumé : Une intrigue « people » mais pas sans intérêt. Une actrice qui connut la gloire dès ses débuts, bien organisée, aidée par une assistante qui veille sur elle, ses contrats et difficultés de sa vie privée. Voilà pour les circonstances qui vont être la source de réflexions sur la vie et ses tournants inévitables. Le film met en valeur deux grandes actrices, l’une très connue Juliette Binoche et l’autre qui promet : Kristen Stewart. Valentine, l’assistante, joue le rôle de la confidente du théâtre classique, de plus elle développe le rôle de l’opposition créatrice à l’encontre des habitudes de la vedette. Ce personnage me parait très intéressant car il donne vie à ce qui produit le déclin dans l’esprit du public : la monotonie, les changements de mentalité dus à la génération « montante » aux différences de sensibilité des générations. Le film montre les effets délétères de l’attitude de Maria qui cherche à cloisonner, s’isoler de la vie des autres. Maria sera décalée par rapport au monde du cinéma et du théâtre dans lequel elle travaille. Enfin elle verra (ou elle ne verra toujours pas…) qu’en s’obstinant elle fatigue ses proches, et en perdant la confiance de son assistante, elle perdra beaucoup plus.
Clairement, il y a cette histoire entre deux femmes pas si différentes, et le reste du scénario : ce qui se passe autour, on est quand même dans le show biz ! mais c’est sans intérêt. La mise en scène marque bien la puissance du récit entre les deux femmes. Pour apporter plus de profondeur (mais est-ce une volonté du réalisateur ?) l’environnement superbe de la montagne va au-delà de l’esthétique et de l’intérêt pour un phénomène nuageux, il apporte une dimension de l’âme, ou ce qui se passe au plus profond de la personnalité. Un autre côté apporte un contexte dramatique, la présence constante de la mort et du suicide. 
Après Alceste à bicyclette, c'est un autre drame au cours de répétitions…. mais toujours la profondeur de la personne est touchée.
J’ai trouvé des images saisissantes en plus des paysages magnifiques et des visages plein cadre, en particulier dans les scènes « à côté» : la « danse des taxis » prise du haut de l'hôtel assez originale et forte.
Filmographie : Désordre ; Irma Vep ; Clean ; Carlos ; Sils Maria
Avis : Film à voir pour son récit original, la prestation de Juliette Binoche et de Kristen Stewart. Étude des perceptions différentes du travail de scène entre deux femmes.
Note : 9/10 Rédigé par Jacquie


mercredi 24 septembre 2014

La Leçon de Piano

The piano 
Une des scènes fabuleuse de Jane Campion et de son photographe
Palme d’Or 1993, et Prix d'interprétation féminine.
César du meilleur film étranger
Réalisateur : Jane Campion réalisatrice et scénariste New Zélandaise Est née en 1954 dans une famille liée au théâtre. Fait des études artistiques. Se lance dans le cinéma dans les années 80, fait un peu de TV. Ses courts métrages sont primés. Elle tourne Sweetie; en compétition à Cannes, puis Un ange à ma table qui est Grand Prix du Jury à Venise et elle obtient finalement la Palme d’Or avec La leçon de Piano. Depuis son dernier film elle se lance dans les séries TV avec succès : Top of the Lake
Pays :New Zeeland, Année : 1993
Acteurs : Holly Hunter (Ada ); Harvey Keitel (Georges Baines); Anna Paquin (Flora la petite ); Sam Neill (Alistair Stewart )Dir. Photo :Stuart Dryburgh Musique: Michael Nyman (Piano Concerto)
Résumé : Au XIX une jeune veuve, écossaise est envoyée en Nouvelle Zélande pour être l’épouse d’un colon qui vit seul dans la forêt. Ada après un long voyage en bateau est débarquée sur la plage au milieu de rien. Ada est muette, elle correspond avec sa fille de neuf ans par des signes que celle-ci traduit à son entourage. Ada est une jeune femme éduquée et trouve dans la pratique du piano le moyen d‘exprimer sa personnalité. A son arrivée le piano est débarqué sur la plage également avec ses bagages. Le parcours vers le lieu de résidence de son futur mari est boueux et escarpé… celui-ci décide de laisser le piano sur place n’y voyant de plus aucun intérêt. Alistair, le mari, est accompagné de son, taciturne, voisin Georges Baines lui aussi célibataire. Baines qui ne parle pas beaucoup mais observe comprend que la jeune femme est attachée à la présence de son piano…
Ce film paru en 1993, donne à la femme le droit de jouir de son corps. Jane Campion se rebelle contre les sempiternels empêchements moraux lancés à la tête de la population féminine lui infligeant obéissance, et déni de capacité à se réaliser sexuellement. Dans le film, l’époque est tellement puritaine que même le mari n’ose pas toucher sa femme, en 1993 normalement ceci est dépassé. Cependant, la bonne éducation, ne permet pas à une femme de parler de son plaisir… En 2014, où en sommes-nous ??? Bref, j’arrête là mes propos sur ce sujet, mais quand même j’ai fait 68, et on a bien évolué. Mais, plus loin de nous, l’excision est toujours une pratique tolérée… le combat n’est pas fini.
Filmographie : Sweetie ; Un ange à ma table ; La Leçon de piano ; Portrait de femme ; Holy Smoke ; In the Cut ; Bright Star ; Top of the Lake ;
Avis : Film culte, autant pour l’originalité, la mise en scène esthétique, que pour les idées révolutionnaires de Jane Campion. De très beaux passages érotiques…. Mais pas choquants.
Note : 10/10 Rédigé par Jacquie


jeudi 18 septembre 2014

Winter Sleep

Aydin et sa soeur Necla dans le bureau

Palme d’Or 2014 
Réalisateur : Nuri Bilge Ceylan né en 1959 à Istanbul, est un photographe et réalisateur turc. Son cinéma est assez original, très imbibé de la contemplation de ses personnages qui lui donne une touche « Bergmannienne ». Il obtient 2 fois le grand Prix à Cannes en 2003 et 2011 avant sa Palme d’Or en 2014. Ses films sont souvent âpres, et d’une violence sourde, cachée, dans les relations entre les personnages, très proche des sentiments exprimés au théâtre.
Pays :Turquie France Allemagne Année : 2014
Acteurs : Haluk Bilginer (Aydın) ; Demet Akbağ (Necla) ; Melisa Sözen (Nihal); Ayberk Pekcan (Hidayet)
Dir. Photo : Gökhan Tiryaki
Résumé : Pour cet immense film je suivrai assez bien l’avis de Jean-Jacques Corrio, « Winter Sleep est un film magnifique et d’une très, très grande richesse, intellectuelle et morale. Il n’y a aucune raison que sa durée rebute quiconque aime, tout simplement, le Cinéma » 
La ligne de fond distingue la vie d’un ancien acteur vieillissant (Aydin) sûr de lui, ayant entre les mains un hôtel hérité de son père, ce qui lui permet de figurer parmi les nantis dans un lieu superbe mais très pauvre. L’antagonisme riches/pauvres est lancé depuis le début par le passage chez un habitant qui est très en retard pour son loyer, on retrouvera ce déséquilibre tout au long du film et il lui donnera une profonde réalité que les conversations essayeront d’atteindre. Dans une discussion ce problème ressurgit sous la forme d’une question, Que puis-je s’il y a des riches et des pauvres ? c’est le système qui est comme ça, soit un dégagement en touche. Aydin s’est réfugié dans une vie de salamalecs avec sa clientèle, et mène la vie un peu oiseuse de celui qui ne fait rien mais ordonne. 
Cet intellectuel, vit dans l’hôtel Othello (c’est déjà un signe) avec sa jeune femme, mais elle est très indépendante, comme on le verra presque à la fin du film, éclipsée comme si sa présence était tabou ou transparente. Aydin vit aussi avec sa sœur qui est souvent allongée dans son bureau et avec qui il converse régulièrement. Ces deux femmes vont tour à tour lui dire ses quatre vérités, son épouse avec beaucoup plus de violence et de souffrance. 
L’image de cet esthète branché qui croit être un modèle, tombe de son cadre doré. Le curieux, c’est que la majeure partie du film nous le montre comme très respectable, humaniste et zen, puis cette image est entrainée dans une chute rapide et sans espoir. 
Un souci pratique pour le spectateur : les dialogues sont riches et demandent une réflexion, que le temps de lecture des sous titres ne permet guère (nos yeux sont soumis à rude épreuve). Jean Jacques Corrio dit « qu’il serait bon d’en disposer par écrit afin de les lire à tête reposée ! » En fait on assiste à des dialogues sur la philosophie de la vie entre différents personnages dignes d’intérêt, et à de la philo tout court quand Necla la sœur discute les éditoriaux de son frère, où il parle de la religion et de ses effets supposés sur la population. En quelque sorte une grande partie du film dresse le procès des intellectuels qui professent, restent dans la théorie sans jamais rien entreprendre. Lui-même Aydin, s’est retiré du monde, s’est retiré de la vie commune avec sa femme quand cela n’allait plus, il vit devant son ordinateur, et écrit des textes pour un journal local.
Une conversation intéressante pour la suite entre Necla et Nihal : s’opposer ou ne rien dire en donnant la chance à l’autre de se reprendre en mains ?
En bref le film est très intéressant, plusieurs thèmes sont développés, dont la difficulté de vivre en couple, la liberté en général et celle des femmes, les ravages de l’alcool, le puritanisme est présent sans le dire tout du long. La pauvreté est abordée avec le côté humiliation, celle-ci induit la violence aveugle et le refus de l’aide. Un petit clin d’œil à L’idiot de Dostoïevsky que vous saurez apercevoir! 
Le film dure 3h 15 and so what ? il faut bien plus de temps pour comprendre ce qui a mené chacun là où il se trouve dans l’exposé de leurs vies.
Complément de Nicole TL :La violence de l'enfant ; quel futur pour cette violence dans un faux semblant des adultes ...punir, pas punir, dire la vérité ou pas, fuite ou pas fuite...
Et l'argent brûlé. Tout ne s'achète pas...
Filmographie : Kasaba ; Nuages de mai ; Uzak ; Les Climats ; Les Trois Singes ; Il était une fois en Anatolie ; Winter Sleep ;
Avis : Film esthétique, assez long, mais très dense. Des personnages attachants à qui on aimerais bien demander leur avis !
Note : 10/10 Rédigé par Jacquie


mardi 16 septembre 2014

Noces Funèbres

Dans ce monde, le mariage peut être aussi un embarras...
Corpse Bride
Oscar du meilleur film d'animation 2006 
Réalisateur : Tim Burton, réalisateur, scénariste et producteur américain né en 1958. Hors du commun, pour sa personnalité et ses goûts ! « Les films de Tim Burton sont à l'image de leur auteur : bizarres, névrotiques, complexes, originaux, romantiques, géniaux » cinémathèque
Pays : US Année : 2005
Musique: Danny Elfman
Résumé : Plus ou moins inspiré par de vieilles légendes sur la mort, Tim Burton, ressort ses vieux démons et peurs enfantines, ce qui le conduit, comme dans tout conte, à inverser les réalités. Le monde des vivants, ici des adultes est triste à mourir gris à souhaits et en proie aux vices de la cupidité, de la malveillance, bref de l'antipathie. Nous retrouvons le monde de la joie et du partage chez les trépassés qui vont chanter, danser sur les rythmes endiablés de Danny Elfman. la notion du  mariage en prend un coup… du mariage forcé au mariage scélérat il n’a rien pour plaire. Mais rassurez-vous tout ira pour le mieux, et la vraie histoire d’amour de ces deux pauvres gamins sera victorieuse grâce à leurs amis d’outre tombe. Ici, on transcende la peur, pour la voir magiquement devenue positive et salvatrice (on ne pourrait pas en faire autant icc bas?). L’ironie apprivoise les monstres que sont les humains, face aux morts qui sont sympas et joyeux.
On pense à L’étrange Noël de Monsieur Jack de Henry Selick, film d’animation auquel avait participé Tim Burton, autant pour les personnages gris les inversions de réalité, que pour les monstres versions joyeuse, dansante.
Emission à la TV http://www.ina.fr/video/2946819001040
Filmographie : Beetlejuice; Batman; Edward aux mains d’argent; Sleepy Hollow; Big Fish; Sweeney Todd; Alice au pays des merveilles; Dark Shadows
Avis : Une animation poétique, qui fera plaisir aux adultes par son esthétique et aux enfants par le conte sur les amoureux et la désacralisation de la mort. Tim Burton on aime …. C’est un de ceux que je préfère.
Note : 10/10 Rédigé par Jacquie




samedi 13 septembre 2014

Les combattants

Belle image, mais quoi?

Réalisateur : Thomas Cailley, réalisateur français issu de La Fémis
Pays : France Année : 2014
Acteurs : Adèle Haenel (Madeleine Beaumont) , Kevin Azaïs (Arnaud), Antoine Laurent (le frère) Dir. Photo : David Cailley
Résumé : Deux jeunes gens, à peine sortis de leurs études se retrouvent lors d’une journée de recrutement de l’armée de terre. L’une très décidée cherche à obtenir une formation de survie qui lui semble nécessaire pour l’avenir, l’autre arrive en vacances pour aider son frère dans la menuiserie familiale. Elle ne le regarde pas comme un compagnon valable, mais lui est très attiré par elle. Elle se fait recruter pour une semaine de stage, lui plante son frère et l’entreprise pour la suivre. Puis un déluge de scènes de préparation militaire sans intérêt qui durent….  les voilà enfin partis dans leur expérience de survie, qui dérape un peu et traine aussi sans intérêt sinon celui de belles images. Enfin un petit drame apparait, un peu téléphoné, mais nous avons une scène d’héroïsme.
En fait il n’y a qu’un sujet : deux jeunes très différents cherchent leur voie et se trouvent aux prises des sentiments. Beaucoup de temps perdu où il ne se passe rien (je regarde ma montre 45mn…) Le corps du drame se monte très tard et il est tellement improbable…. Qu’on n’y croit pas ! et cul cul dans le final, heureusement on échappe au mélo avec humour : la prochaine fois on se préparera mieux ! Bref je n’ai pas aimé mais il y a des critiques positives qui ont même trouvé ça drôle :
« Surprenant de bout en bout, irrésistiblement drôle, Les Combattants aborde les choses graves — la destruction de l'homme par l'homme, l'ultra-indivualisme contemporain — avec un humour tendre et acide. La tendresse et la sensualité surgissent comme par inadvertance, notamment lors du moment splendide où, dans la caserne, Arnaud et Madeleine se maquillent mutuellement en vue d'un exercice de camouflage » Mathilde Blottière Télérama
Pour en savoir plus sur l'équipe : Press kit
Filmographie premier film?
Avis : Film bien fait, mais décevant pas plus comédie que film à thème, ennui++.
Note : 6/10 Rédigé par Jacquie