samedi 30 octobre 2010

Des hommes et des dieux





Grand Prix du Jury Cannes 2010 
Réalisateur : Xavier Beauvois. Acteur, scénariste, réalisateur né à Paris en 1967. Se tourne vers le cinéma dès sa classe de terminale, il devient stagiaire mise en scène, du cinéaste Manuel de Oliveira. Il obtient deux nominations aux Césars (meilleur premier film et meilleur espoir masculin) ainsi que le prix Jean-Vigo. Pour son premier film : Nord. Pendant ce temps il continue une carrière d’acteur, puis il récolte de nombreuses récompenses telles que cinq nominations aux Césars pour Le Petit Lieutenant.
Pays : France Année : 2010
Acteurs : Lambert Wilson, Michael Lonsdale, Olivier Rabourdin, Philippe Laudenbach, Jacques Herlin, Loïc Pichon, Xavier Maly et Olivier Perrier dans les rôles des moines de Tibérine. 
Dir. Photo :Caroline Champetier
Résumé : Le film est basé sur l’histoire vraie des moines de Tibérine en Algérie qui furent assassinés en 1996. Aujourd’hui, on ne sait toujours pas ce qui s’est passé exactement. Le réalisateur se place au point de vue de la mission des moines dans l’Atlas et de leur intégration à la population locale. Xavier Beauvois décrit des relations d’estime mutuelle avec la population des villages, ainsi qu’un réel service rendu sur place en particulier par l’équipe médicale. Le réalisateur n’insiste pas trop sur « la religion et ses messes », mais plutôt sur la journée type qu’y menaient les moines. Tourné au Maroc, le paysage et les lieux évoquent la vie des moines, les villageois qui comptaient sur les religieux pour obtenir des médicaments et partageaient avec eux les événements festifs du village. Bien que nous connaissions la fin, et que donc, sans illusion aucune nous suivons la montée de la tension, le film se cale sur la question sans cesse débattue : doivent-ils rester ? Cette simple question irrigue tout le film, en posant le problème de la vocation, de la foi, de l’humanité des êtres en présence. C’est l’engagement des moines pour la population qui force l’admiration, ce sont des religieux, on le voit dans leur pratique, mais ils auraient pu être aussi bien des « humanitaires ». 
Le film est émaillé de petites considérations matérielles ou personnelles qui aident à donner de la présence aux évocations des frères. Quelques belles grandes images servant aussi bien la foi des rebelles que celles des moines ou faisant passer les références chrétiennes du côté des musulmans.
Pour une dimension plus religieuse sur ces moines, quelques vidéos et témoignages ici
Filmographie : Nord ; N'oublie pas que tu vas mourir ; Le Petit lieutenant ; Des hommes et des dieux. 
Avis : La longévité du film au Box Office (5 semaines au top) mesure la popularité du film qui aurait pu ne rester que dans Arts et Essais… Les choix ont été les bons, le point de vue, le ton, la sobriété, la simplicité et les images au service de cela.
Note : 9/10 Rédigé par Jacquie.

lundi 25 octobre 2010

D'amour et d'eau fraiche

Anaïs Demoustier

Réalisateur : Isabelle Czajka Née en 1962 à Paris, Isabelle Czajka choisit les métiers de l'image. Assistante, chef opératrice puis réalise des courts métrages et enfin des films remarqués. Voir plus sur BDCI
Pays : France Année : 2010
Acteurs : Anaïs Demoustier (Julie), Pio Marmaï (son ami), Christine Brücher (la mère) Dir. Photo : Crystel Fournier
Résumé : Un petit film qui pourrait être un documentaire sur le milieu du travail et l’emploi des jeunes. Julie a fini ses études, elle est embauchée après un entretien « un peu spécial ». Elle entre à son poste où on lui parle comme à une enfant et certainement pas de façon professionnelle… On lui demande tout de la photocopie à retenir un repas, sans lui donner le mode d’emploi. Les patrons se prennent pour des cerveaux et ont toujours raison, il faut deviner les besoins… elle s’accroche à ce poste là où n’importe qui serait parti, mais ça finit mal, elle est virée. Elle cherche d’autres jobs et se précipite sur un poste de vendeurs de revues à domicile. L’entretien est encore plus bizarre, elle se bat, et doit passer un test avec un comédien…
De galère en galère, une jeune fille bien élevée passe à travers le miroir…
C’est un film qui pose le problème de la place des jeunes dans le milieu du travail et de leur extrême vulnérabilité. Embaucher un jeune, un stagiaire, ce n’est pas la même chose qu’un adulte. Le bon sens et la déontologie voudraient que les adultes (du côté du manche) ne profitent pas de la faiblesse des jeunes. Il ne faut pas s’étonner que ceux-ci refusent ensuite la société que nous leur laissons. C’est un peu la philosophie que sous-tend le film.
Pierre Murat dit d’Isabelle Czajka : ce qui l’intéresse c’est : « saisir le monde du travail dans la France de maintenant : ces entreprises interchangeables qui prônent « la confiance et la convivialité», mais imposent constamment l'indifférence et l'absurdité.»
Filmographie : L’année suivante ; D’amour et d’eau fraiche. Avis : Film simple, évoquant le milieu du travail et le refus des jeunes lassés de se faire avoir. Une histoire d’amour (ou simple aventure) avec un beau garçon. A voir et méditer le message… est clair et dérangeant.
Note : 7/10 rédigé par Jacquie

dimanche 24 octobre 2010

Elle s'appelait Sarah


Sarah à la porte de son immeuble
 Réalisateur : Gilles Paquet-Brenner, scénariste, réalisateur français encore peu connu a travaillé aux US…
Pays : France Année : 2010
Acteurs : Kristin Scott Thomas (Julia); Mélusine Mayance (Sarah); Frédéric Pierrot (Bertrand le mari) ; Niels Arestrup ( Jules Dufaure) ; Michel Duchaussoy (le père Tezac)
Dir. Photo : Pascal Ridao
Résumé : d'après le roman éponyme de Tatiana de Rosnay. Julie, journaliste américaine est mariée à un français et vit à Paris. Elle enquête sur les évènements de juillet 1942 au Vel’ d’hiv, lorsqu’à la faveur d’un déménagement elle s’aperçoit que ses beaux parents ont emménagé dans le Marais en aout 1942. Un doute germe dans son esprit et elle enquête sur cette maison et sur ses habitants….
Gilles Paquet Brenner, réussit son objectif d’évoquer les événements tragiques du Vel’d’hiv dans un film grand public sans rester dans l’atrocité de ces moments. Il se place dans Paris aujourd’hui loin des faits mais avec des interviews de chercheurs, de voisins des lieux et en mettant même les points sur les i avec la déclaration du Président Jacques Chirac à propos de la responsabilité de l’Etat Français.
Kristin Scott Thomas est à son aise dans ce rôle d’américaine francophone ainsi que Niels Arestrup mais dans une durée plus courte. Le film allie plusieurs époques, les années 1942 à peu près rendues (mais là n’est pas l’essentiel) notre époque bien que limitée à quelques scènes parisiennes est un peu hachée, les scènes aux US donnent un ton curieux « hors du temps »on reconnait, bien qu’on ne se sente pas dans le réel mais dans une projection, ailleurs.
Les photos sont belles et donnent de la « réalité » par la profondeur des couleurs, tant dans la partie historique que dans les aventures de Julie les scènes de nuit à New York sont même très belles (bien que classiques).
Kristin Scott Thomas (Julia)

Filmographie : Gomez & Tavarès ; Gomez VS Tavarès;
UV ; Walled in ; Elle s’appelait Sarah ;
Avis : Film bien mené, relatant la vie d’une enfant juive, dans le contexte d’une enquête, et d’un imbroglio familial ; la destinée de Sarah apparait. Mélodrame oui, mais pas d’exès.
Note : 8/10 Rédigé par Jacquie

lundi 11 octobre 2010

Benda Bilili


Réalisateur : Florent de La Tullaye travaille comme reporter photographe. En parallèle, Renaud Barret travaille comme designer graphique, photographe. Ensemble, les deux hommes forment un duo de réalisateurs et de producteurs musicaux actif en République démocratique du Congo. Voir Canal Plus
in Canal Plus
Pays : France Congo Année : 2010
Acteurs : Ricky, Roger Landu, Paulin "Cavalier" Kiara-Maigi, Cubain Kabeya, Montana, Coco Ngambali
Dir. Photo : Florent de la Tullaye et Renaud Barret Musique : Staff Benda Bilili
Résumé : Nous sommes au Congo Kinshasa, Papa Ricky, père de 4 enfants est handicapé. Il vit de petits boulots et loge dans un « centre » pour handicapés où règnent la débrouille et une entraide générale. Les conditions de vie sont difficiles à Kinshasa et beaucoup dorment sur des cartons dans un grand dénuement. Papa Ricky, à ses moments perdus joue de la musique avec ses amis munis de vieux instruments récupérés et jouent le soir près d’un centre où se réunissent des européens en mission au Congo ; ils reçoivent quelques billets de la part des européens. Ricky, optimiste invétéré rêve de faire un vrai orchestre et de pouvoir faire vivre sa famille et procurer un meilleur avenir aux enfants par ce moyen. Il rencontre Roger, enfant des rues, qui a construit un curieux instrument monocorde et possède un sens musical intéressant. Il s’intéresse au gamin et le convie à apprendre avec lui la musique de groupe.
La musique et le rythme est déjà une composante enrichissante de leur vie, apportant espoir, confiance ils décident de réaliser un véritable orchestre et espère gagner des sous par leur art.
Ils sont repérés par deux français qui apprécient beaucoup leur musique et leur bonne humeur. Renand Barret et Florent de La Tullaye vont les encourager et les suivre au cours d’une très belle histoire où des musiciens des rues handicapés vont se retrouver par la suite sur la Croisette.
Le film raconte ce chemin, sans fioritures, avec bonhommie et c’est un régal simple, pas intellectuel mais vrai. A cette occasion les réalisateurs montrent la vie au ras du trottoir à Kinshasa.
Fiche du distributeur Sophie Dulac
Site de la musique Crammed Disc
Album CD : Très fort Très fort
Avis : Film sur la musique des rues au Congo, touchant par la vérité de l’histoire "conte de fées" et le peu de « manières académiques » mis par les réalisateurs. Ce n’est pas un documentaire non plus. A voir en famille. Anti neurasthénique puissant !
Note : 7/10Rédigé par Jacquie

dimanche 10 octobre 2010

Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures.

Des éclairages somptueux

Lung Boonmee Raluek Chat

Palme d’Or Cannes 2010

Réalisateur : Apitchatpong Weerasethakul ; né a Bangkok en 1970. Fait des études d’architecture puis de cinéma à Chicago. Fonde “Kick the Machine Films”, en 1999. Son cinéma est très original et il obtient de nombreux encouragements : Blissfully Yours primé par Un Certain Regard Cannes 2002, et Tropical Malady Prix du Jury Cannes 2004. Il persiste dans sa manière d’introduire des croyances et revenants et obtient la Palme d’Or en 2010.
Pays : Thaïlande + Pays d’Europe Année : 2010
Acteurs : Jenjira Pongpas (Jen) ; Thanapat Saisaymar (Oncle Boonmee) ; Sakda Kaewbuadee (Tong); Natthakarn Aphaiwonk ( Huay); Geerasak Kulhong (Boonsong);  
Dir. Photo : Sayombhu Mukdeeprom ; Yukontorn Mingmongkon ; Charin Pengpanich
Résumé : Oncle Boonmee, est malade d’une insuffisance rénale aiguë, ses jours sont comptés. Il vit dans sa ferme avec un assistant qui lui prépare ses dialyses et veille à sa santé comme à sa propriété. Sentant sa mort venir, il fait venir sa famille (il a perdu sa femme et son fils) pour les revoir et leur confier sa propriété et ses ouvriers. Sa sœur, Jen, et son neveu, Tong, le rejoignent dans la ferme, isolée en pleine nature. Au cours d’un repas du soir sur la véranda, des êtres disparus font sentir leur présence.
Tout au long du film, nous évoluons entre la réalité de la maladie, du travail à la ferme de Boonmee, et celle de la nature pas très menaçante, mais pleine de dévas, esprits, fantômes qui mènent leurs vies. Ces présences questionnent notre acceptance d’autres univers et des légendes belles ou effrayantes se glissent dans le récit sans qu’on y prenne garde. A l’égal de Tropical Malady nous pénétrons la jungle de nuit, comme on s’introduit dans un monde fermé et indépendant par une transgression. C’est l’occasion de renouveler les images de forêt et de nuit chères à A.W.
Le rédacteur du journal Diagonal de Montpellier nous prévient : « Il faut être attentif à la composition des plans, à la texture des images, aux moindres bruissements pour apprécier cette expérience sans boussole, au rythme hypnotique. » 
Weerasethakul nous demande une âme d'enfant... se laisser aller à croire.
Filmographie : Syndromes and a Century ; Blissfully yours ; Tropical Malady ; Lung Boonmee Raluek Chat. 

Avis : J'ai eu beaucoup de plaisir à voir ce film, tranquillement déjanté. Le côté  symbolique et fantastique m'a laissé songeuse une bonne semaine avant de faire cet article, tant il donne à réfléchir. Un soulagement, cependant, il est plus facile à comprendre que Tropical Malady (accoutumance ?) Pour public aimant le ciné asiatique et les belles images de nuit. Note : 8/10