samedi 23 avril 2011

Cleveland contre Wall Sreet

Un ex vendeur de subprimes témoigne courageusement
Prix du public au festival Paris Cinéma en 2010.

Réalisateur : Jean Stéphane Bron. Né en 1969 à Lausanne, il est diplômé de l’Ecole cantonale d’Art de Lausanne (ECAL). Ses films documentaires ont été distingués en Europe et aux Etats-Unis, où ils ont obtenus de nombreuses récompenses, notamment le Prix Original vision du New York Times. Cleveland contre Wall Street est son quatrième long-métrage.
Pays : Suisse France Année : 2010
Intervenants : de réels protagonistes, avocats, juges et témoins de Cleveland impliqués dans les faillites et expulsions.
Dir. Photo : Julien Hirsch
Résumé : Ce film est un documentaire sur la crise des subprimes aux US qui joue la fiction d’un procès qui n’a pas eu lieu. C’est le procès qu’intente la ville de Cleveland, très sinistrée par la crise des subprimes. Dans un contexte économique difficile, de nombreux citadins aux revenus modestes qui s’étaient endetté pour acquérir leur logement se trouvent en cessation de payement et sont expulsés de leurs maisons qui sont vendues aux enchères. Une femme noire, Barbara Anderson, anime un groupe de contestataire ; elle est active au sein de l’organisation militante ESOP (Empowering and Strengthening Ohio’s people) qui mène des actions directes au siège des banques pour forcer ces dernières à négocier avec les propriétaires. Le procès « fictif » est néanmoins monté comme un vrai dans une salle de tribunal, avec de vrais avocats, un vrai jury et des témoins qui sont des américains ayant vécu se dont ils parlent.
La question est de trancher sur la responsabilité des banques dans les faillites de nombreux habitants de certains quartiers qui ont été démarchés par des vendeurs de crédits.
Filmographie : Connu de nos services ; La bonne conduite ; Le génie helvétique ; Mon frère se marie
Avis : Le procédé de tournage est élégant et donne de crédibilité au procès, les gens sont nature et portent leur défaite. Les avocats font leur travail… Le film montre l’origine du fiasco et tente de juger si les banques sont coupables ou non. C’est un film qui montre les catastrophes humanitaires engendrées par l’amour de l’argent et le déni de la condition humaine.
Note : 7/10 Rédigé par Jacquie

lundi 18 avril 2011

LES BALLADES DE NARAYAMA


Deux films sont inspirées d'une nouvelle de Shichiro Fukazawa , qui est un érudit qui a étudié les coutumes des montagnards de la région de Narayama, et en particulier des récits chantés. Le premier celui de Kinoshita, grand cinéaste japonnais, est réalisé en 1958. Puis Imamura en 1983 décide de reprendre le thème. Les deux productions sont intéressantes, espacées d'une trentaine d'années elles sont marquées par une différence de technique et par l'interprétation du cinéaste influencé par l'air du temps. Les deux sont disponibles en DVD vous pourrez donc vous faire une opinion et préférer l'une ou l'autre.


La ballade de Narayama de Kinoshita

La Ballade de Narayama de Kinoshita
 

Réalisateur : Keisuke Kinoshita est un des maîtres du cinéma japonais d'après-guerre. Très célèbre au Japon, autant que Kurosawa, il est beaucoup moins connu à l’étranger. Distingué par les japonais en 1991 pour l’ensemble de son œuvre. Il meurt en 1998.
Pays : Japon Année : 1958
Acteurs : Kinuyo Tanaka (Orin)- Teiji Takahashi - Yûko Mochizuki - Danko Ichikawa - Keiko Ogasawara - Seiji Miyaguchi
Résumé : Inspirée d'une nouvelle de Shichirô Fukazawa publiée deux ans plus tôt, l’histoire se situe dans un petit village de montagne sous le poids des traditions et croyances populaires. La vieille Orin vient d’avoir 70 ans et pense à quitter ce monde. La tradition locale veut que l’aîné des enfants accompagne son parent sur le Mont Narayama où le Dieu prendra possession du vieillard. Son fils Tatsuhei qui est veuf n’est pas prêt au départ de sa mère ni à l’accompagner….
Kinoshita prend le parti de filmer dans des décors et les acteurs vus de loin comme au théâtre, en fait il suit les traditions du théâtre japonais. Le film en est donc beaucoup plus symbolique que d’ordinaire et marqué par une gestuelle et des déplacements très réglementés et signifiants. La musique est typiquement japonaise ; l’instrument précède et suit les états d’âme.
Filmographie : La Tragédie du Japon (1953) Vingt quatre prunelles (1954). Elle était comme un chrysanthème sauvage (1955) La Ballade de Narayama (1958)
Mon avis : Très beau film ressemblant plus à du théâtre, très symbolique. De très belles scènes. Un peu difficile pour les plus jeunes. A réserver aux « esthètes ». Ce film est une œuvre certainement essentielle du cinéma japonais.
Note : 9/10 Rédigé par : Jacquie 


ballade de Narayama d'Imamura




La Ballade de Narayama d'Imamura


Palme d’Or Cannes 1983 

Réalisateur : Soshei Imamura : (1926-2006) Considéré comme un des papes de la nouvelle vague japonaise ; il commence sa carrière comme assistant d’Ozu, puis développe un style tout différent. Il filme généralement la société à travers des faits divers ou des histoires sentimentales à partir de gens simples. La nature est souvent présesente comme un acteur secondaire.
Pays : Japon Année : 1983
Acteurs : Sumiko Sakamoto, Ken Ogata, Takejo Aki
Résumé : Dans un petit village de montagne au Japon durant le XIX ième siècle, la famine guette et la survie est une préoccupation majeure. La vie des villageois est en communion avec la nature qui rythme le temps et impose ses lois. Les règles de vie acceptées, en général, sont dures : droit des aînés prépondérant, limitation des naissances assez brutale. Le sujet principal est la mort dont celle naturelle des anciens, le voyage final au mont Narayama, en contre point la lutte pour la vie dont la sexualité est développée avec naturel.
Inspiré d’une nouvelle et de travaux sur les chants de Narayama, Imamura filme sa version après Kinoshita (1958). Imamura fidèle à ses tendances reprend la légende du côté vie sociale du village et harmonie avec la nature, le film est moins intimiste mais plus grouillant de vie.
Filmographie : De l'eau tiède sous un pont rouge ; Dr. Akagi ; L’ Anguille, Pluie noire, Ballade de Narayama, L’ Évaporation de l'homme, 
Mon avis : Chacun choisira celui qu’il préfère….Ce film est intéressant par le fond des croyances et des coutumes de ces paysans (comme celui de Kinoshita). Imamura le traite à sa façon, l’homme fait partie de la nature avec laquelle il est en communion pour peu qu’il écoute celle-ci. Ce film est donc plus foisonnant et éloigné du théâtre traditionnel. La couleur, le tournage en extérieur ainsi que les nombreuses anecdotes contribuent également à nous rendre la situation plus proche.
Note :7/10 Rédigé par : Jacquie


samedi 16 avril 2011

Le Voleur de Lumière


Aktan Arym Kubat dans Monsieur Lumière

Quinzaine des réalisateurs 2010 - Cannes
Prix de la Fiction au Festival International du Film d’Environnement (FIFE) 2010 - Paris  

Réalisateur :Aktan Arym Kubat réalisateur Khirguize, alias Aktan Abdykalikov. Né en 1957 au Kirghizistan.
Pays : Kirghizistan | Europe        Année : 2010
Acteurs : Aktan Arym Kubat (monsieur Lumière), Taalaikan Abazova, Askat Sulaimanov, Asan Amanov, Stanbek Toichubaev
Dir. Photo : Khasan Kydyraliyev  Musique : Andre Matthias                           
Résumé : dans un petit village loin de la ville et à 100 lieues de toute industrialisation, un électricien remplit un rôle de Robin des Bois, il bricole les branchements électriques pour que les pauvres gens du village puissent avoir un peu d’éclairage. Il est ami avec tous et en particulier avec le Maire qui est catastrophé de la baisse du niveau de vie dans le village et des spoliations continuelles des gens de la ville. Des projets d’achats de terrains importants sont refusés par le Maire…..
Ce film est pratiquement sans scénario… dans un interview, Aktan Arym Kubat, confie : « je voulais faire un film sans scénario. J’en ai parlé au producteur Cédomir Kolar qui a apprécié cette idée car il rêvait lui-même depuis longtemps d’un film sans scénario. Mais il a été impossible pour nous de financer un tel projet. En fait, trouver des fonds a été la principale difficulté ! On s’est résolus à écrire un scénario, ça a pris des années. Le projet reposait sur ce métier d’électricien. Cette profession est intéressante du point de vue cinématographique : le personnage principal monte sur les poteaux, entre dans chaque maison de son village, répare le réseau électrique. C’est quelqu’un qui apporte dans les maisons de la lumière au sens physique. Avec le temps, le scénario s’est enrichi d’autres métaphores. » site du film : http://levoleurdelumiere.com/
Cette description du pays et des mentalités villageoises du Khirgiztan à travers le quotidien de Monsieur Electricité qui est intéressant car porteur de la poésie des choses, de la simplicité et de la pauvreté des habitants.
Filmographie : Le voleur de lumière ; Le singe ; Le fils adoptif ; Hassan Hussen ; Beket ; La balançoire     
Avis : Film plastique optimiste, dont les images sont jubilatoires simples et colorées. Ce n’est pas un documentaire sur une démocratie peu connue, mais un film qui la fait « gouter ».
Note : 7/10 Rédigé par Jacquie

samedi 2 avril 2011

Transe

Anna Moreira (Sonia dans Transe)
Trance
Réalisateur : Teresa Villaverde née en 1966, Lisbonne, Portugal. D’abord comédienne puis assistante réalisteur. Son premier film : Alex en 1991.
Pays : Portugal Italie Année : 2006
Acteurs : Anna Moreira, Dinara Droukarova, Robinson Stévenin, Iaia Forte, Andrey Chadov, Filippo Timi. Dir. Photo : Joao Ribeiro
Résumé : Le film évoque le parcours de Sonia (Anna Moreira), une jeune femme qui abandonne sa famille et son ami à Saint Petersbourg et décide de partir avec sa copine pour réussir sa vie et gagner de l’argent qu’elle n’a pas. Sonia bien que retenue par des rêves éveillés issus de la tradition russe ou familiale se précipite vers l’illusion d’une nouvelle vie. Elle rencontre différents obstacles dévolus aux individus qui lâchent leurs origines pour être des expatriés et ainsi deviennent la proie de prédateurs. Elle va souffrir à travers un périple de la Russie jusqu’au Portugal. Ce film pointe sur la misère et la dégradation des femmes exploitées dans le trafic de la prostitution. Sonia subit cet esclavage, en étant à côté d’elle-même mais non présente dans le rôle qu’on lui donne.
La cinéaste ne donne pas de leçon, ni ne juge, mais montre ce qui l’indigne. Le travail de mise en scène avec la photo de Joao Ribeiro est sublime à plusieurs moments (le plan où elle est dans un bordel le visage fixe pendant qu’une musique accompagne son enfermement.. ou les bois, la péniche, la rivière gelée qui se craque…)
"L'enfer, c'est comme un chien qui aboie dehors" a écrit Thérèse d'Avila, Nous sommes au début du 21è siècle et les chiens aboient de tous les côtés. Nous n'en avons toujours pas fini avec la torture, l'esclavage ou les génocides. L'héroïne du film est confrontée de très près à cet enfer là. Je ne crois pas qu'elle y rentre vraiment, parce qu'y rentrer signifierait en faire partie. Et elle n'en fait pas partie; mais elle n'a pas trouvé de porte de sortie pour autant.
Jorge Semprun a écrit un jour au sujet de son expérience dans les camps Nazis que l'un des moyens de survivre, c'était la curiosité. S'y on y fait pas attention, les flammes vont devenir de plus en plus grandes. Nous vivons à une époque où rien n'est acquis, où tout peut tomber en morceaux. Ce film, c'est un de ces morceaux qui est tombé. Teresa Villaverde
Critiques sur Nord Cinéma :
Filmographie : Os Mutantes ; Eau & sel ; En faveur de la clarté ; Alex.
Avis : Ce film est un peu long, coupé en séquences sans explication évidente, des transitions sous formes de longs plans fixes allégoriques souvent très beaux. Le film est très noir et n’est facile à suivre. C’est un beau témoignage sur la cruauté humaine.
Note : 7/10 rédigé par Jacquie

vendredi 1 avril 2011

Attenberg

Ariane Lebled et Evangelia Randou
Meilleur Actrice Mostra de Venise et du Festival Premiers Plans d'Angers. Coupe Volpi Festival de Venise.  
Réalisateur : Athina Rachel Tsangari, se partage entre la Grèce, son pays natal, et les Etats-Unis. Etudes littéraires et arts du spectacle. Fonde le festival International de courts métrages d’Austin. Elle donne une grande place à la danse, au théâtre et aux installations. Attenberg est son second long métrage.
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Pays : Grèce Année : 2011
Acteurs : Ariane Labed (Marina) ; Vangelis Mourikis (Spyros) ; Evangelia Randou (Bella) ; Yorgos Lanthimos (ingénieur). Dir. Photo :Thimios Bakatakis
Résumé : Le film décrit les relations d’une jeune fille avec « son monde ». Marina a perdu sa mère il y a déjà longtemps et son père, architecte, absorbé par son métier et sa propre vie n’a pas réussi à combler le vide maternel (très critique au moment de l’adolescence). Ces absences ont été le départ de la construction d’une vie marginale quant à ses relations à autrui. Elle s’équilibre grâce à une amie d’enfance, Bella, qui lui retransmet ce qu’elle apprend elle même…. Marina bien qu’intellectuellement assurée est très « attardée » du point de vue sentimental. La pression hormonale poussant notre frêle héroïne, se sent de plus en plus mal dans la vie et va décider de passer à l’action. Pendant le même temps son père architecte bohème est en traitement pour un cancer ….. Marina est à la fois très jeune par rapport au sexe et très mature par rapport à la mort. Cette situation engendre des difficultés supplémentaires…je ne veux pas tout dire... Elle cherche à échapper à tout ça en « pratiquant » comme on apprend à conduire.
Le film démarre très fort, accrochez-vous… Il est rythmé par les intermèdes chorégraphiques originaux des deux jeunes filles dont le rythme des pas semble être un élément de leur propre structuration, tant elles se soutiennent, à deux, dans le monde adulte. D’autre part cette danse illustre la communication des corps, à côté de celle des langues et celle des mots. Le film nous montre des fissures et des décalages entre les êtres et les choses qui font ce chaos dans lequel nous vivons. Spyros, blasé mais lucide, déclare : le XX ième siècle est surestimé !
Athina Rachel Tsangari situe elle-même son film quelque part entre le documentaire et le drame psychologique mais sans sentimentalisme.
Filmographie : The Slow Business of Going; Attenberg 
Avis : Film plastiquement très intéressant par la photo aussi bien que la mise en scène rigoureuse, simple et originale. Les personnages incarnent des travers de notre temps avec beaucoup de charme. La musique décalée aussi ramène aux années 68 qui ont forgé notre société et la question se pose de leurs effets !!! Ariane Lebed est superbe de justesse, et les scènes de lit sont étonnantes de fraicheur, Yorgos Lanthimos donne une prestation qui met en valeur le rôle de Marina.
Note : 8/10 rédigé par Jacquie

Ce film doit sortir dans nos cinémas cet été. Voir site de Bodega film