samedi 26 octobre 2013

Neuf mois ferme

Sandrine Kiberlain reçois Nicolas Marié et son client Dupontel
Réalisateur : Albert Dupontel : acteur, réalisateur, scénariste. Né en 1964, il commence des études de médecine et les quitte pour se consacrer à la carrière d’acteur. Joue au théâtre et dans de nombreux films. Il écrit des scénarios et dirige ses propres films avec succès. Il excelle dans l’humour loufoque.
Pays :France Année : 2013
Acteurs : Sandrine Kiberlain (Ariane) ; Albert Dupontel (Bob) ; Nicolas Marié (maitre Trolos) ; Christian Hecq (le lieutenant) :  
Dir. Photo : Vincent Mathias
Résumé : Une femme jeune mais coincée consulte chez le gynéco, qui lui annonce qu’elle est enceinte. Se retrouver enceinte, quand on n’a plus aucun souvenir d’avoir eu des rapports avec un homme… c’est déjà dramatique et improbable… quand on est juge en passe d’avoir une promotion, c’est angoissant. Ariane enquête donc sur elle-même avec la date probable de la conception ; le pire vient toujours à l’esprit quand on a passé à ce moment le réveillon au Palais avec des collègues…mais la réalité dépasse l'imagination. Ariane est tellement inquiète et choquée que la découverte de l’identité du père lui masque la réalité de la vie qui se prépare. On assiste à la découverte de sa cuite mémorable ce premier Janvier sur les écrans de surveillance du Palais de Justice.
Le quotidien du Palais et de ses enquêtes et plaidoiries sont passés en revue avec beaucoup d’humour, avec des moments inoubliables comme l’entrevue d’un avocat bègue avec son client cambrioleur accusé de meurtre et de cannibalisme.
Sans avoir l’air d’y toucher le film montre aussi « grandeur et décadence » de notre Justice et de ses juges particulièrement débordés de dossiers à ingurgiter bien vite. On trouve des personnages comme on en rencontre partout avec leurs problèmes personnels qui se mêlent à leur métier… et les fragilisent. Un bon pied de nez est donné aux journalistes ! Le film est enlevé dynamique, on a parfois du mal à savourer des pastiches ou clins d’œil. La photo est amusante, prenant le ton cadré et carré de la maison justice et parfois l'allure loufoque de services très sinistres comme la médecine légale, l’utilisation d’un « portrait » de celui qui parle à travers un écran par exemple chez le gynéco est bizarre, il se met en rapport avec le commentaire pour les sourds des journaux TV... Des détails à lire sur le dossier de Presse du film.
Filmographie : Bernie ; Enfermés dehors ; L'Ennemi intime ; Le Créateur ; 
Avis : Bonne comédie, au style varié sans trop de gore, deux bons acteurs dans des rôles originaux, et une super prestation de Nicolas Marié en avocat débile. A voir en famille, on passe une très bonne soirée.
Note : 9/10 Rédigé par Jacquie

vendredi 25 octobre 2013

Sa Majesté des Mouches

Lord of the Flies
Palme d'or au Festival de Cannes en 1963 pour Peter Brook. 
Réalisateur : Peter Brook ; Metteur en scène, Comédien Réalisateur et Écrivain. Né en Angleterre en 1925. Etudes de lettres à Oxford. S’engage dans la voie du théâtre avec des mises en scènes de classiques aussi bien que des pièces contemporaines. Entre toutes ses récompenses on note 3 Molières ! Vers les années 70 il fonde le Centre International de Recherches Théâtrales.
Pays : UK Année : 1963
Acteurs : James Aubrey (Ralph) ; Tom Chapin (Jack); Hugh Edwards (Piggy); Roger Elwin (Roger); Patrick Burguete (Simon) Dir. Photo : Tom Hollyman
Résumé : D’après le roman du Britannique William Golding publié en 1964.  A la suite d’un accident d’avion des enfants de bonnes familles anglaises se retrouvent sains et sauf sur une île. Face au manque d’adultes pour les encadrer, ils s’organisent selon leur éducation ou leurs inclinations. Les enfants forment deux groupes, ceux originaires de la chorale de l’école impressionnants par leur sang froid, et inconscience sous la bannière de leur meneur et de leurs chants. Puis ceux de l’autre rassemblement plus désordonnés en apparence mais soucieux de suivre une ligne démocratique salvatrice.
Au cours du film on observe la désagrégation de l’organisation de départ, puis les rivalités et les dérives séparatrices et violentes. Les caractères des enfants sont calqués sur des typologies adultes (un peu trop des petits adultes) et montrent comment le pire peut advenir chez des gens dits civilisés.
Le film montre par touches les grandes tendances de l’homme livré à lui-même qui, ici, n’a rien du mythe du bon sauvage ni de la pureté de l’enfant. Mais au contraire on y voit les comportements insouciants et irresponsables des individus dans les groupes forts. A l’inverse un petit groupe voit dans la discussion et la démocratie une voie forte pour affronter l’adversité, et donc signaler leur présence de naufragés au reste du monde. Une démonstration hasardeuse fait prendre à certains des attitudes primitives difficilement explicables, mais appuyant le côté irraisonné des mentalités.
Le début du film avec les enfants (défilant ?) en chantant emmenés par leur chef de chœur fait froid dans le dos tant c’est anachronique et donc annonciateur de drame.
Cette fiction ne traite que des efforts d’organisation et de leadership des enfants livrés à eux-mêmes sans autorité adulte. Cependant, une grande partie décrit les rapports de forces entre eux, la volonté de puissance, l’organisation fanatique d’une société face à une proposition raisonnée mais trop aride. La réalisation et la photo induisent une ambiance délétère très forte.
Avis : Film culte, sur les enfants à qui on prête des raisonnements d’adultes qui donne une idée assez pessimiste de notre société. Ce film donne à réfléchir sur nos comportements et sur la pérennité de la civilisation en cas de coup dur...
Note : 9/10 Rédigé par Jacquie

mardi 15 octobre 2013

L’arbre

Réalisateur : Julie Bertuccelli réalisatrice française née en 1968. Maîtrise de philosophie avant d’entrer dans le cinéma. Elle travaille comme assistante de plusieurs réalisateurs avant de diriger des documentaires et de faire des longs métrages de fiction.
Pays :Italie France Australie Année : 2010
Acteurs : Charlotte Gainsbourg (Dawn) ; Marton Csokas (Georges) ; Morgana Davies (la petite Simone) ; Dir. Photo : Nigel Bluck
Résumé : Le sujet celui de la perte soudaine du père dans une toute jeune famille. Le film montre le chagrin et les méthodes de chacun pour résister à cette catastrophe. Au fait le film se déroule en Australie dans des paysages de campagne autour d’un arbre monumental qui est étonnant. En petites touches Julie Bertuccelli montre la jeune femme (Dawn jouée par Charlotte Gainsbourg) s’enfoncer dans la déprime, les enfants s’organiser entre eux. Puis une période de stabilisation, première acceptation de la disparition, où chacun vaque à ses occupations, Dawn passe en ville pour résoudre avec l’aide d’un plombier un problème technique. A la suite d’un quiproquo Dawn est employée à mi temps dans la boutique du plombier et une relation amicale s’instaure. Dawn est jeune esseulée et a besoin de tendresse et de présence masculin (et alors, j’en vois écrire que c’est pas bien…gna gna… une femme c’est aussi un homme, différent certes.)
Tout l’art de la mise en scène est de faire tourner la vie de la famille autour du gigantesque arbre du jardin. Lequel, avec son ombre qui protège du soleil, ses racines terrain de jeux des enfants, ses feuillages frissonnants dans le vent, semble grandir et prendre une énorme place à côté de la maison. L’arbre de protecteur devient menaçant. Dans un premier temps l’arbre resserre les liens familiaux, voire évoque l’esprit du défunt. Puis lorsqu’il n’est plus juste de se tourner vers le passé, l’arbre se transforme pour pousser à une nouvelle vie (ou c’est du moins ce qui peut être observé).
« La scène est filmée sur ce fin fil de la suggestion. On croirait bien à une puissance… c’est comme si la nature pouvait… l’animisme serait-il… Il n’y aura jamais d’affirmation. L’Arbre est ainsi tout du long, suggérant que le défunt mari s’est réincarné dans l’arbre, mais ne tranchant jamais en faveur du réalisme, du fantastique ou du merveilleux. Il relate cette croyance, douce folie pour tromper la douleur. Tout cela avec beaucoup de délicatesse, de savoir faire technique, d’acteurs de tous âges parfaitement vivants. L’indécision réalisme/fantastique n’est pas en soi un problème, mais rester sur cette lisière devient un principe dévorant, presque la seule raison du film. Camille Pollas dans Critikat»
Le film montre une intelligente façon d’appréhender le deuil, ses chutes de moral avec bienveillance, et les difficultés de reprendre le cour de sa vie quand on est chargée de famille. Les problèmes de reconstruction d’une vie familiale normale, croisent ceux des familles recomposées …
Le film est servi par une photo simple, belle et des paysages superbes, les plans de la petite Simone sont délicats et touchants. Charlotte et Marton Csokas sont très crédibles et portent bien le sujet. Que dire du jeu de la petite fille, la verra-t-on plus tard faire une carrière d’actrice ? elle nous en rappelle une autre : Brigitte Fossey dans Jeux Interdits.
Filmographie : Depuis qu’Otar est parti ; L'Arbre ; 
Avis : Film tout en finesse sans mélo, à voir en famille.
Note : 8/10 Rédigé par Jacquie


lundi 14 octobre 2013

La Belle et la Bête

Une des superbes réalisations d'Henri Alekan
A la faveur d'une restauration du film, nous avons profité gratuitement de revoir le film sur Arte.
Prix Louis-Delluc en 1946. 
Réalisateur : Jean Cocteau poète, cinéaste, peintre, né en 1889 et mort en 1963 à Milly-la-Forêt. Cet homme au mental et la sensibilité puissante a marqué toute son époque. Quoi qu’il en soit de sa vie tapageuse, il restera toujours l‘homme de lettres raffiné touchant à tous les arts  et nous laissant une œuvre importante. Pour la biographie et plus d’informations, reportez vous aux encyclopédies… Pour l’œuvre cinématographique, on peut en dire qu’elle est originale, puisant dans les racines des contes et mythologies avec une mise en scène suggérant le fantastique. Cependant ses films sont intellectuels et ne touchent donc pas un large public.
Pays : France Année : 1946
Acteurs : Josette Day (la Belle) ; Jean Marais (Avenant et la Bête, le Prince) Michel Auclair (Ludovic) ; Mila Parély (Félicie) ; Nane Germon (Adélaïde) ; Marcel André (Le père) ; Dir. Photo : Henri Alekan
Résumé : D’après des contes dont l’origine se perd dans la nuit des temps, mais dont l’écrit qui a servit le plus Cocteau, est : La Belle et la Bête reprise du roman de Madame de Villeneuve en conte, par Madame Leprince du Beaumont XVIIIème siècle. Le film de Cocteau est celui d’un poète, la vision qu’il nous donne de ce conte s’adresse au rêveur, à l’enfant qui sommeille en nous. Est-ce que cette histoire est plausible ? définitivement non ! L’aspect esthétique n’est pas des moindres, Henri Alekan, grand « passeur » de lumière donne au noir et blanc son aspect fantastique. En particulier dans un couloir du château de grands voilages rétro-éclairés se balancent dans l’air nocturne, à la fois signifiants de fantômes et de vies berçant La Belle ; c’est une image superbe. Cocteau associe à l’histoire ses touches personnelles : le miroir, les représentations de la mort telles que la biche, la rose coupée. L’art, avec en particulier, la sculpture est très présente dans le décor du château… les yeux pétillent et luisent dans presque toutes les sculptures. Enfin dans ce dernier registre la lumière qui guide dans l’obscurité est magnifiée par l’apparition d’un bras qui tient le chandelier et les bougies qui s’allument au fur et à mesure de la progression. Je ne parlerai pas des acteurs et encore moins de Jean Marais qui est à la fois acteur et mêlé au scénario, car des documents existent qui traitent de l’acteur et du couple. Pour la morale du conte… point besoin de commentaires, dans la vie il n’y a que l’AMOUR !
Néanmoins, on peut s'interroger sur nos motivations à lire ou regarder des contes, pourquoi y prenons-nous tant de plaisir? est-ce que ce n'est pas pour y voir ce triomphe réconfortant? et oubliant notre quotidien de difficultés, rêver à cette toute puissance de l'Amour... qu'on pourrait toucher du doigt ...mais qui se dérobe... rechercherions-nous la Joie!
Filmographie : Le Sang d'un poète ; La Belle et la Bête ; L'Aigle à deux têtes ; Les Parents terribles ; Orphée ; Le Testament d'Orphée 
Avis : Film culte à voir et revoir d’autant plus qu’il vient d’être restauré. C’est un conte très convenable... les enfants peuvent le voir, d’ailleurs W.Disney s’en est inspiré pour ses cartons. 
Note : 10/10 Rédigé par Jacquie


mercredi 2 octobre 2013

Mon âme, par toi guérie

Grégory Gadebois
Réalisateur : François Dupeyron : écrivain et réalisateur français (IDHEC), né en 1950. Metteur en scène au théâtre. Ecrivain : Jean qui dort, Inguélézi, Le Grand Soir, Chacun pour soi, Dieu s'en fout, Où cours-tu Juliette ?
Césars 1989 : meilleur premier film pour Drôle d'endroit pour une rencontre. Césars 2002 : meilleur film pour La Chambre des officiers. Plus sur biographie
Pays : France Année : 2013
Acteurs : Gregory Gadebois (Frédi) ; Céline Salette (Nina) ; Jean-Pierre Darroussin (Le père de Frédi) ; Marie Payen (Josiane) ; Philippe Rebbot (Nanar) ; Marie Pratali (Véra) ; Agathe Drone (La mère de l’enfant dans le coma) ; Nathalie Boutefeu (La mère de la petite fille leucémique) Dir. Photo :Yves Angelo
Résumé : Note d’intention sur le site officiel du film
Le réalisateur, met en scène les tournants de la vie adulte de Fredi ( antihéro) qui ne cesse de se réorienter à la faveur d’incidents ou de véritables drames. Nous partons d’un homme jeune discret et timide vivant dans un lieu « déclassé » de bungalows et de caravanes dans le Sud de la France. Il est très complexé, renfermé en particulier vis-à-vis des femmes et vient de retrouver un peu de proximité avec son père à la suite du décès de sa mère. Sa mère possédait le don de guérir, on apprend qu’elle a transmis ce don à son fils Fredi, cela ne lui convient pas et il refuse d’en entendre parler. Tout le film repose sur la transformation de cet homme, qui fini par accepter un don qui le dépasse et va le transformer en profondeur en lui donnant l’occasion d’être socialement utile.
Je ne suis pas trop d’accord avec les critiques, sauf avec celle de Sophie Grassin pour le nouvel Obs. Qui met le doigt sur l’humanité développée par les acteurs sans mélo avec des jeux justes. JP Darroussin joue un père absent déprimé par le chômage et la perte de sa femme dont il mesure seulement ses qualités après avoir fait son deuil. Tous reconnaissent la performance de Gadebois qui porte l’histoire et aussi celle de Céline Salette en riche alcoolique. Il me semble que hors le scénario, Dupeyron nous interroge sur le phénomène de la guérison. Les critiques nous disent que c’est bidon etc. dans cette affaire donc au bénéfice de quoi mettent il la guérison ? Dupeyron est un soixantehuitard, moi aussi ; les valeurs de cette époque sont bien la convivialité, le partage, l’altruisme, la liberté et c'est ce qu'on retrouve dans le film. Les héros sont dans cet esprit et la liberté, au sens le plus noble, existe dans le choix de Fredi quand il ne veut pas du don. Du côté de l’âme… en 68 on ignorait simplement ce poncif des bourgeois bien pensants. Cependant il se passe quelque chose chez Fredi, si ce n’est pas son âme, on va dire que c’est son « Soi » qui le guide à prendre conscience de sa valeur et de ce qu'il peut faire pour les autres. Ce qui l’attire chez Nina c’est ce que cache sa personnalité alcoolisée, il le dit avec une métaphore : j’aime bien ton sourire de l’enfant. est ce là aussi un aperçu de l'âme?
Filmographie : La Chambre des officiers ; Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran ; Inguélézi ; Aide-toi, le ciel t'aidera ; Trésor ; Mon âme par toi guérie 
Avis : Ouf, un film qui tranche sur le cinéma passe partout du moment. Un contenu qui fait réfléchir sur ceux qui nous entourent, leurs motivations ou leurs moyens. Ce n’est pas forcément des voisins que vous souhaiteriez, mais les héros sont sympas, ils évoluent au fur et à mesure avec leurs épreuves. Ils sont regardés avec une intelligente bienveillance.
Note : 7/10 Rédigé par Jacquie