mardi 21 février 2012

Le royaume de Monsieur Edhi

Premier prix Télérama-FIPA 2012 FIPA d'Argent

Réalisateur : Amélie Saillez jeune productrice et réalisatrice belge. A passé dix années à produire des documentaires, réalise son premier film ici. Celui-ci lui vaut le premier prix Télérama-FIPA attribué à une œuvre étrangère dans les catégories « Documentaire de création » ou « Grand reportage ».
Pays : Belgique Année : 2012
Acteurs : Documentaire Dir. Photo : Tone Andersen
Résumé : Film documentaire sur les dures conditions féminines de survie au Pakistan, en dehors d’un mariage « heureux ». A travers la désolation de l’abandon ou de la maltraitance des femmes depuis la naissance jusqu’à l’âge adulte, Amélie Saillez nous montre l’étonnant système social mis en place par un couple extraordinaire : la fondation Edhi. Cette fondation très connue sur place, soigne et aide tous ceux qui en ont besoin de quelque religion soient ils, c’est déjà beau comme champ d’action. De plus ils prennent en charge les problèmes mentaux, les déviants, s’occupent de faire adopter les enfants abandonnés, il n’y a que les businessmen qui n’ont pas de place dans leur cœur. Cette fondation démarré par Edhi actuellement âgé de 83 ans et de sa femme Bilquis 64 ans atteint 5 000 travailleurs sociaux, 1 500 ambulances et 330 centres (orphelinats, maternités, hôpitaux psychiatriques, foyers pour femmes battues ou abandonnées, dispensaires). Le principe est de prodiguer un soutien à tous en ayant les subsides d’aucune administration, mais en acceptant les dons individuels. Edhi estime avoir plus de force avec l’argent des moins pauvres ou aisés. On le voit dans le film refuser des subventions japonaises. Sa philosophie est assez étonnante, faite de principes : aider son prochain, vivre libre, être solide dans son idéal, respecter les institutions, et assurer la continuité de cette œuvre.
« L'intérêt du film d'Amélie Saillez est de nous faire découvrir par petites touches cet étonnant « royaume ». Son intelligence est de ne jamais sombrer dans le misérabilisme ou l'hagiographie béate. Le risque était pourtant là. Monsieur Edhi et sa femme sont à Karachi ce que mère Teresa était à Calcutta ou l'abbé Pierre en France. On pouvait craindre un film en sanctification. Il n'en est rien. » Olivier Milot Télérama.
Avis : Documentaire intéressant à deux points de vue : la condition de la femme au Pakistan et montrer que les actions sociales peuvent également fonctionner en dehors des états, en auto-gestion. Qu’attends–t-on ? un peu de courage… ce film en donne l’exemple. La photo est très belle. Espérons qu’Amélie Saillez trouvera preneur pour son film ! Merci à Télérama de nous donner cette occasion de voir le film.
Note : 8/10 Rédigé par Jacquie

dimanche 12 février 2012

Louise Wimmer

Louise Wimmer et son "chez soi"

Réalisateur : Cyril Mennegun. Né à Belfort en 1975, Cyril Mennegun réalise des court-métrages et des documentaires. Louise Wimmer est son premier long métrage de fiction.
Pays : France Année : 2012
Acteurs : Corinne Masiero (Louise) ; Jérôme Kircher (son ami Didier) ; Anne Benoît (patronne du bar) ; Marie Kremer (la jeune femme de chambre) ; Jean-Marc Roulot (son partenaire) ;Dir. Photo : Thomas Letellier
Résumé : Le film met en scène une femme, la cinquantaine, qui au milieu de sa vie perd tout statut et revenu, à la suite de la séparation avec son mari. D’une vie aisée elle passe à SDF avec de multiples soucis pour s’en sortir mais beaucoup de pugnacité et de dignité.
« Louise Wimmer affronte les gens en les regardant dans les yeux. Elle leur fait toujours face, sans se dérober. Elle a des yeux qui disent : « je t’emmerde. » Cela provient de Corinne, de la violence magnifique qu’elle a à l’intérieur d’elle-même, de ses propres expériences de vie, et d’une volonté de ma part de suivre un personnage qui ne se soumet pas. Elle toise, elle affronte car si on baisse les yeux, ce qui vient en face, on ne le voit pas. »C.Mennegun
Le fil directeur est la recherche impérieuse d’un logement, dont l’absence lui rend la vie très compliquée. Des manques elle en a d’autres… affectivement, socialement….le film l'évoque aussi.  Il est agréable de voir que des caractères dans l'adversité ne tombent pas forcément dans la boue et gardent la tête hors de l'eau. En particulier, c'est un hommage aux femmes en général par le jeune réalisateur, qui a observé dans sa propre famille (comme chacun d'entre nous) des femmes qui, s'étant consacrées à leur ménage, leurs enfants... et  par faute d'amour "usagé" sont rejetées et livrées à l'adversité. Si elles n'ont pas de fortune personnelle... la vie est très dure. L'exemple de Louise qui fait des ménages dans un hôtel se trouve aux prises avec un patron idiot et nul, non loin du harcèlement moral au travail. Le film montre le paradoxe que, même en ayant un travail, pour des raisons de loyers trop chers, on peut se retrouver SDF. C'est une situation très  fréquente aujourd'hui pour les célibataires. Avec l'hiver ils ont leurs stratagèmes de survie, dorment dans les gares les escaliers d'immeubles... mais ne peuvent rien dire... ça ne passerai pas... ils espèrent....mais se sentent exclus.
La photo est intéressante, en particulier dans les contre jours des chambres de l’hôtel et dans les impressions visuelles dans la voiture : les lumières qui glissent, les images floutées avec juste le rétroviseur qui reflète les yeux déterminés de Louise, les jeux de glace dans la voiture à la fin...
 Avis : Film d’une heure vingt, dont le sujet est la lutte d’une femme pour rétablir son autonomie dans la société, en accédant à un logement. Loin d’être misérabiliste le film montre la détermination et l’endurance de cette femme sans verser non plus dans le glauque. Corinne Masiero est très présente et interprète ce rôle de femme forte avec beaucoup d'empathie.
Note : 7/10 rédigé par Jacquie

mardi 7 février 2012

La déchirure

Le DVD de ce film est disponible pour quelques euros
« The Killing Fields » 
Réalisateur : Rolland Joffé : Né en 1945 au Royaume Uni. Il fait ses études au Lycée Français de Londres et à l'Université de Manchester. En 1968 Il obtient son diplôme de Théâtre et en 1973 il devient metteur en scène du National Théâtre de Laurence Olivier. Il débute au cinéma en 1984 et réalise La Déchirure, son premier long métrage qui obtient en 1985 : L’Oscar du Meilleur second rôle.
Pays : Royaume Uni Année : 1984
Acteurs : Haing Ngor, Sam Waterston, Julian Sands, Craig T. Nelson, John Malkovich.
Résumé : Ce film est bâti sur une histoire vraie rapportée par le journaliste Sydney Schanberg dans un livre : The Death and Life of Dith Pran ( le prix Pulitzer pour sa couverture de la chute du Cambodge en 1975). Le journaliste est joué par Sam Waterston dans le film. En suivant le fil de l’amitié profonde entre Sydney et son assistant Pran ( Haing Ngor, lui-même survivant de massacres au Cambodge) ce film raconte l’arrivée des Khmers Rouges, la fuite des européens et américains à partir de l’ambassade de France. Retrace et donne une idée des horreurs de la "révolution" qui a suivi l’accession au pouvoir du dictateur Pol Pot. Haing Ngor, cet acteur qui est un médecin a perdu toute sa famille pendant cet épisode au Cambodge, son interprétation est poignante. Il a reçu l'Oscar du meilleur acteur dans un second rôle pour cette interprétation. Haing Ngor a lui-même écrit sa propre histoire : Une odysée cambodgienne, Fixot, 1995. Il est mort devant chez lui, curieusement abattu par des malfrats… on se pose toujours la question de savoir qui avait commandité cet assassinat. L’histoire de Pran est racontée à partir de l’arrivée à Phnom Penh du journaliste Sydney qui enquête sur les agissements de forces US alors que les Khmers Rouges montent sur la capitale…
Aujourd’hui avec le procès de Douch ce film retrouve toute son actualité. Le tortionnaire cambodgien s'excuse pour les crimes sous le régime khmer rouge. Mais il plaide non coupable, revenant sur les aveux émis durant les neuf mois de procès. Certains y voient des manœuvres politiques. Lire courrier international
Filmographie : Captivity, Vatel, Goodbye Lover, Les Amants du nouveau monde, La Cité de la joie, Les Maîtres de l'ombre, Mission
Mon avis : Ce film très poignant est inoubliable. Il nous montre la petitesse de l’homme lorsqu’il agit en groupes, le fanatisme vite enregistré par des êtres frustes. Ou comment avec des idées justes ( ?) on peut engendrer l’horreur quand on ne contrôle plus rien. Le jeu de Haing Ngor nous prend aux tripes car pour lui c’est du revécu … Par ailleurs l’impuissance d’un démocrate à sauver son ami et sa culpabilité sont les thèmes non explicites du film. Pour ceux qui ne comprennent pas pourquoi des populations sont venues chercher refuge en Europe…
Note : 10/10 Rédigé par : Jacquie

Dr Akagi

"Kanzo Sensei"

Réalisateur : Soshei Imamura est un cinéaste japonais né en 1926 à Tōkyō. Décédé en 2006. Fils d’un père médecin, trop jeune pour partir au front comme ses frères, il passe sa jeunesse dans les bas quartiers. Commence des études d’agriculture puis d’histoire qu’il termine avant de se lancer dans le théâtre et le cinéma en devenant en particulier assistant d’Ozu.
Figure de la nouvelle vague japonaise, découvert en France au début des années 60 avec La femme-insecte. Imamura est reconnu en France et obtient deux Palmes d'or au Festival de Cannes : en 1983 pour La Ballade de Narayama et en 1998 pour L'Anguille.
Pays : Japon   Année : 1998 Acteurs : Akira Emoto, Kumiko Aso, Juro Kara, Masanori Sera, Jacques Gamblin.
Résumé : Au Japon, à la fin de la seconde guerre mondiale, le Dr. Akagi parcours en courant les rues de la ville. Il se dévoue pour la population locale qui lui confie tous ses maux et misères. Il suit les préceptes de ses maîtres : toujours courir secourir les malades quelles que soient les circonstances, et ses soucis personnels. Il s’aperçoit qu’une épidémie d’hépatites se développe de jour en jour et essaye de soigner ces patients ainsi que d’alerter les autorités qui sont surtout anxieuses du sort de l’armée japonaise alors que l’Allemagne a capitulé. Imamura décrit une « fine équipe » composée d’un médecin de campagne, d’un chirurgien raté qui consomme de la morphine, un bonze lubrique et une jeune prostituée…. A travers cela il raconte la vie de ce médecin fidèle à son engagement qui parfois s’égare en dehors de son chemin…..
La misère est grande pour beaucoup de familles qui ont du mal à se nourrir correctement…. Le fil rouge c’est Akagi qui court d’un malade à l’autre.
« Dans cette histoire, tous les personnages sont monomaniaques. Leurs manies obsessionnelles les poussent à toutes les folies. Le médecin avec le foie, le moine avec le saké, le chirurgien avec la morphine, la fille avec la baleine le comptable avec le cul, le soldat con avec les espions. C'est peut être un film autocritique et caricatural sur le travers Japonais, une expression de l'humour de l'autodérision. » voir plus dans wikia 
Filmographie : La Vengeance est à moi ; La Ballade de Narayama ; Zegen, le seigneur des bordels ; Pluie noire ; L'Anguille ; Dr Akagi ; De l'eau tiède sous un pont rouge
Mon avis : Beau film, d’Imamura. Pas assez connu en France à mon sens car c’est un des très grands réalisateurs japonais.
Note : 9/10 Rédigé par : Jacquie.