lundi 20 avril 2015

Port de l’angoisse

A l'écran comme à la ville.
To have and have not
Réalisateur : Howard Hawks (1896-1977) réalisateur, scénariste, producteur américain. Il a commencé sa carrière au cinéma par des scénarios pour le muet. Il a réalisé de nombreux films dans des genres variés de la comédie au western.
Pays : US Année : 1944
Acteurs : Humphrey Bogart (Harry Morgan) ; Lauren Bacall (Marie, Microbe, Slim) ; Walter Brennan (Eddie)
Dir. Photo : Sidney Hickox
Résumé : Scénario bâti sur l’idée du roman d’ E. Hemingway (To have and have not) par William Faulkner, Jules Furthman. Arte ne manque pas de fournir presque chaque dimanche un must du cinéma, ici c’est un film aussi vieux que moi… une fois restauré ce film n’a pas vieilli (moi non plus) et nous subjugue toujours. L’histoire est pourtant cousue de fil blanc, le héro est typique de l’aventurier américain comme Hemingway en décrit tant, mais la femme fatale est très différente de ses héroïnes, celle-ci n'est pas dans le sentimental, elle est impertinente. L’intrigue est basée sur des faits qui sont contemporains de la création du film, la résistance française coincée par le gouvernement de Vichy. De nombreuses différences avec le roman d’Hemingway ! mais quelle transposition géniale. L’ambiance à la fois coloniale et en temps de guerre, l’activité de pêche au gros chère à Hemingway, les riches clients américains posent un climat non pas d’angoisse (on se demande où ils sont allés chercher cela ?) mais de chaos propice à toute turpitude (ici c’est plutôt le rôle de la police !). Le duo d’Harry et de son homme d’équipage est très amusant, il s’y développe un humour britannique ne laissant pas place à l’angoisse… l’utilisation de la mer est assez nulle, mais on reste dans la cabine sauf pendant la scène de pêche, où nous sommes gratifiés de quelques beaux spécimens. Le film est émaillé d’actions plus ou moins violentes mais rapides et soudaines, on ne s’ennuie pas, même la musique dans le café bar de l’hôtel est sacrifiée au tempo de l’action.
L’œil sur l’écran
Cinéclub Caen
Filmographie : Scarface ; Le Grand Sommeil ; La Captive aux yeux clairs ; Les hommes préfèrent les blondes ; Rio Bravo ; Port de l’angoisse ;
Avis : Un film qui est bien fait, ciselé, avec un couple mythique du cinéma américain, un peu de musique des années 40, un fond d’aventures.
Note : 10/10 Jacquie


mercredi 8 avril 2015

Les orgueilleux

Deux grands acteurs
Prix International de la Biennale de Venise 1953
Réalisateur : Yves Allégret (et Rafael Portas) 1905-1987, réalisateur frère du cinéaste Marc Allégret qui apprend le métier avec lui puis avec Jean Renoir.
Pays : France Mexique Année : 1953
Acteurs : Michèle Morgan (Nellie) ;Gérard Philipe (Georges) ; Carlos López Moctezuma (Le docteur) ; Victor Manuel Mendoza (Don Rodrigo) ; Michèle Cordoue (Anna)
Dir.Photo : Alex Phillips Musique : Paul Misraki et Gonzalo Curiel
Résumé : Inspiré du scénario Typhus de Jean Paul Sartre, adapté pour le Mexique dans un village miséreux où les caïds font la loi, mais la maladie fera la sienne. Décors de pauvreté et de débauche, énormément d’enfants qui jouent et de pétards avec la Semaine Sainte, de la musique aussi qui assume le reste du dépaysement car elle est plutôt gaie, malgré les trilles et les cris comme celles d‘oiseaux fous. Des situations incroyables, un touriste français décède au village à peine arrivé d‘une maladie dont on dit que c’est une méningite cérébrospinale. Je vous passerai les détails médicaux, mais le sujet atteint présente un tableau à peu près comme il est montré dans le film. Néanmoins le traitement est une antibiothérapie rapide, si on fait une ponction lombaire, en fait c’est pour le diagnostic… L’épidémie, son arrivée qui va bouleverser la vie du village est amplement mise en scène pour servir de fond à un autre drame. Nellie est dans un environnement plus qu’hostile, elle s’est fait voler son argent, elle parle à peine espagnol. Tout est décrépi et misérable autour d’elle, et tous les hommes la regardent comme une proie possible, (la mise en scène est telle que ça fait peur, à moi en tout cas, on sent la pression des hormones mâles…) cette atmosphère noire et malsaine est chère à Buñuel (qui passe un moment sur le tournage) et Allégret. L’intrigue amoureuse est située dans ce climat de désastre. Georges, SDF alcoolique, est en fait un jeune médecin qui est tombé dans le vice, suite à la mort de sa femme qui est morte en couches, alors que le médecin Georges était ivre. Nellie, femme qui vient de perdre son mari, s’éprend du SDF contre toute raison. Les deux acteurs principaux sont employés dans des domaines qui ne leurs sont pas familiers : Michèle Morgan dont la sensualité froide et les personnages glacés ont fait la renommée est ici très sensuelle et sensuelle. Gérard Philippe, plutôt jeune premier romantique campe ici un personnage dément ou presque (l’épisode de la danse pour de l’alcool est étonnant). Entre les multiples pétards, explosions et les cages à oiseaux presque aussi nombreuses, ou les enfants qui courent dans tous les sens… on se demande un peu ce que le cinéaste à voulu dire à part l'enfermement dans un espace de chaos. Par contre les gouttes de sueurs pullulent mal à propos… laissant la place à l’épisode des glaçons ou du ventilateur, très original à l’époque, c’est vrai qu’elle n’est pas mal en combinaison… et le titre est encore pour moi une énigme qui désigne-t-il? les méningocoques surement...
J’ai vu plusieurs fois ce film dont la première dans ma jeunesse, adolescente ce film m’avait marqué par la vision de la « maladie tropicale » explosée en épidémie… avec la piqûre… en plus ! le désarroi de cette femme se retrouvant seule dans ce cauchemar. Puis le phénomène d’attirance vers un paria du village… dont on se demande s’il va se reprendre (oui ou non) et tomber dans les bras de la belle interroge forcément sur l’amour, pochette surprise. Le film pour Allégret devait avoir une fin noire, pour nous aussi on s’attend à voir l’un ou l’autre succomber à la maladie, mais les américains ont décidé que non il fallait une happy end. C’est pourquoi le film s’arrête comme un cheveu sur la soupe après la course (splendide) de l’un vers l’autre sur la plage. Mais contrairement à ce qu’on espère ce n’est pas elle qui le rédemptionne c’est le sens du devoir et de l’urgence médicale…il arrête de boire pour monter un dispensaire pour les plus pauvres. Infos Wikipedia  Arte 
Filmographie : Germinal ; Les Orgueilleux ; Nez de cuir ; Mam'zelle Nitouche ; Manèges ; Les miracles n'ont lieu qu'une fois ; Une Si jolie petite plage ; 
Avis : Film culte restauré à voir et revoir. Assez dépouillé, mis en valeur par le N et B. J'ai eu envie de le regarder à nouveau, et ne suis pas déçue.
Note : 10/10 Rédigé par Jacquie


lundi 6 avril 2015

En quête de sens

Réalisateurs : Marc de la Ménardière business développeur à NY et Nathanaël Coste documentariste.
Pays : France Année : 2015
Intervenants : dans le texte.
Résumé : Film un peu brouillon qui est un genre de road-movie spirituel créé par deux jeunes en recherche de sens pour leur vie quotidienne. Ils racontent leurs interrogations et nous font part de leurs démarches pour comprendre. Ils partent à travers le monde rencontrer d'éminents sages ou des cultures spirituelles susceptibles de les éclairer. Les intervenants sont nombreux, de différents horizons ce qui nous donne un peu le tournis. Vandana Shiva, personnage chaleureux, militante pour la protection de la nature et la défense des paysans, elle est physicienne, mais est très écoutée dans le monde entier pour sa lutte pour la biodiversité et le féminisme. Elle a écrit de nombreux livres contre l’industrie agroalimentaire. Elle parle ici de sa vocation et du sens de la nature que nous perdons, du fait que l’homme fait partie de la nature et doit la respecter, et que la nature permet à chacun de vivre si on utilise une agriculture qui la respecte. Satish Kumar forme des jeunes gens à une philosophie simple. La croissance ne peut pas être illimitée sur une planète qui l’est. A l’inverse de Descartes et du mode de pensée de l’occident il dit que la séparation (donc la seule analyse) est ce qui nous conduit à l’incompréhension du monde. En fait tout est lié et l’homme fait partie du divin, à chaque fois que nous détruisons la nature ou que nous partons dans la compétition effrénée pour faire du profit, c’est nous mêmes que nous détruisons. La coopération est une valeur beaucoup plus sure elle respecte chaque être humain ou animal. Pierre Rabhi apôtre inévitable de la sobriété heureuse nous parle de sa voie simple qui conduit au bonheur. José Luis Tenoch Perez chamane aztéque reprend les thèmes de: l’homme est uni à la nature, à Dieu, il se cache derrière des masques qui font perdre le sens profond de la vie, il faut se débarrasser de ceux-ci pour grandir. Frédéric Lenoir, philosophe spécialiste des religions, nous livre une explication de la crise dans laquelle nous nous trouvons… un peu trop condensée pour bien la comprendre. Hervé Kempf, journaliste, écrivain constate que dans notre monde ultra libéral nous avons atteint le pied du mur, la démocratie actuelle est inefficace, nous sommes gouvernés par des aveugles (mais intéressés) qui ne savent pas gérer ni la crise écologique ni humanitaire. D’autres personnages sont venus témoigner de la recherche qui attend chacun pour avancer à travers notre crise actuelle, ils ont un abord spiritualiste comme le physicien Trinh Xuan Thuan, ou psychologique comme Marianne Sébastien ou Cassandra Vieten ou bien holistique pour Bruce Lipton.
En bref, l’homme est d’origine divine comme la nature, la séparation et la compétition nous tuent à petit feu. Il est donc temps de réagir et pour cela la méthode est simple : « Soyez le changement que vos voulez voir dans le monde. » a dit Gandhi.
Avis : pour tous ceux qui sont en quête de changements, de vérité et de simplicité, qui en ont assez de notre vie de dingues. Original c’est fait par des jeunes, ceci donne beaucoup d’espoir pour notre futur.
Note : 8/10 Rédigé par Jacquie