dimanche 23 juin 2013

Cosi fan tutte ou L’école des amants

Margaux Coupat et Aïcha Kanaa les deux amoureuses

Réalisateur : Mathieu Tuffreau, 36 ans scénariste, réalisateur, auteur d’un roman. En attendant le film qui le ferra connaitre du public, il écrit... Il a un scénario dans les tuyaux… avec Gaëtan Gente, qui se passe dans l'Algérie contemporaine.
Pays : France Année : 2012
Acteurs : Elèves du Collège Tabarly de Pavillon Sous Bois….. Aïcha Kanaa (Flora), Margaux Coupat (Bella), David Haddad (Guillaume), Dylan Dolange (Alfonso), Julian Sounigo (Franck), Joëlle Dinot-Smadja Enseignante Dir. Photo : Jean-Baptiste Gerthoffert, Pierre Carlier
Résumé : Ce film court est né d’une demande du Conseil général de la Seine Saint Denis pour le Festival Côté Court de Pantin. D’après l’opéra de Mozart et du livret de Lorenzo da Ponte  Mathieu Tuffreau a imaginé un scénario en miroir qui se passe dans la banlieue parisienne. Bien sur, le scénario n’est pas plus crédible que dans Da Ponte ! mais le fait que l’histoire se passe, là où on ne l’attend vraiment pas : dans un Collège à Pavillon sous Bois, est un événement « improbable » sinon un émerveillement. A l’âge où la pression des hormones réveille nos chers petits ne sachant pas quoi faire de leurs corps et où l’amour est encore une histoire tendre, quatre ados vont nous « jouer l’inconstance des amoureuses ». J’ai personnellement du mal à comprendre pourquoi l’inconstance est toujours mises sur le compte des femmes, les cocus seraient-ils toujours des hommes ? Bref, il faut bien composer avec le livret… Un de leurs copains, le diabolique Alfonso toujours entre deux amours, va tenter la supercherie du siècle : les deux garçons doivent suivre leurs parents à … Fukushima… et partent du collège. Je ne pense pas faire du spoiling en dévoilant le reste du livret… Ils reviennent avec des perruques… dans la même classe grâce à la connivence du professeur.
Il y a beaucoup de bonnes choses dans ce film court, l’idée d’abord rafraichissante de la musique de l’opéra de Mozart en play back qui laisse des professionnels enchanter nos oreilles et les jeunes mimer. Entre un collège moderne aux casiers rutilants et le monde de l’opéra de Mozart, c’est le grand écart et le sourire assuré. Mathieu Tuffreau aime la chute, la pointe humoristique et les associations incompatibles, on en trouve pas mal tout au long du court !
D’habitude je n’aime pas trop les films courts, il faut se prendre la tête pour comprendre ne serait-ce que de quoi ça parle…. Ici ce n’est que du bonheur, et en musique ! Si vous voulez tester un peu ce petit bijou, rendez-vous sur le blog de Mathieu Tuffreau c’est là que je l’ai découvert.
Cinéma dans la lune le lien est à droite dans mon menu.
Filmographie : L’or de leurs corps ; Noctambules ; Les moissons ; La femme d’un autre ; L’étoffe des songes
Avis : Pour ceux qui aiment la musique classique, c’est un divertissement original. J’ai aimé la simplicité et la franchise du jeu des ados, l’humour, les images en gros plan des filles et leur candeur. Je le regarderai encore avec plaisir. Pour le voir, aussi, aller sur le blog Cinéma dans la lune.
Note : 9/10 Rédigé par Jacqueline


dimanche 16 juin 2013

Hannah Arendt

 
Barabara Sukowa s'incarne dans Hannah Arendt
Réalisateur : Margarethe von Trotta est une actrice, scénariste, réalisatrice allemande né en 1942. Attirée par les arts et les lettres elle suit des cours d’art dramatique et commence une carrière d’actrice. En 1975 elle passe à la réalisation cinématographique avec L'Honneur perdu de Katharina Blum.
Pays : Allemagne Année : 2013
Acteurs : Barbara Sukowa (Hannah) ; Axel Milberg (Heinrich Blücher); Janet McTeer (Mary McCarthy); Julia Jentsch (Lotte). Dir. Photo : Caroline Champetier
Résumé : La réalisatrice a choisi de présenter les quelques années autour du procès Eichmann à Jérusalem. A ce moment Hannah Arendt, philosophe d’origine juive allemande, est bien implantée aux USA, nationalité américaine, et poste dans l’enseignement supérieur. Cependant l’Allemagne et n’est pas oubliée pour autant, c’est un sujet de conversation régulier avec son groupe au cours de soirées culturelles. Par curiosité intellectuelle elle part assister au procès d’Eichmann, et demande à couvrir cet événement pour le magazine The Newyorker. Elle écrira les articles demandés mais très vite ses contemporains, dans la passion liée à ce procès médiatique, ne comprendront pas le sens de ses mots. Femme tenace, elle résiste aux pressions et écrit un livre sur le procès : Eichmann à Jérusalem sous titré La banalité du mal. Le drame de cette affaire c’est que les gens n’ont pas forcément lu son livre mais sont offusqués du ton distant qu’elle choisi et le descendent en flamme en injuriant la philosophe qui se retrouve isolée.
Le sujet est donc beaucoup cette controverse sur la banalité du mal et l’analyse qu’Hannah Arendt en fait, au lieu d’abonder dans la personnification du mal et sa diabolisation. Ses contemporains et anciens amis lui en voudront beaucoup qu’elle, une juive allemande, ne joue pas sa partition. Des ouvrages et des films ont été écrits sur le procès Eichmann dont « Un spécialiste, portrait d’un assassin moderne », un documentaire construit par Rony Brauman et Eyal Sivan sur les films lors du procès d’Adolphe Eichmann en 1961, et à travers l’analyse qu’en fit Hannah Arendt. Une émision de Mermet du mercredi 22 mai 2013 traite de ce sujet et rapporte ainsi des commentaires des réalisateurs ainsi que plusieurs témoignages.
Margarethe von Trotta pose le personnage au milieu de son entourage familier, avec ses petites histoires et sentiments, en insistant sur sa force de caractère, son amour pour ses amis et sa fidélité à ceux-ci et son amour pour la liberté et la vérité. « Au cours d'un dialogue avec la salle, l'historienne spécialiste de la Shoah, Annette Wieviorka et Caroline Champetier, qui a participé au tournage en tant que directrice de la photographie, ont toutes les deux souligné l'honnêteté du scénario, le sérieux de la reconstitution historique, et l'originalité du film. » Jeannine Hayat
Margarethe von Trotta et Caroline Champetier ont apporté un soin tout particulier aux couleurs et éclairages en rendant les atmosphères de bureau dans des tons verts et « bois » qui datent le drame dans les années 60 et renvoient à la réflexion philosophique permanente de Hannah Arendt. On peut regretter le nombre de cigarettes allumées… mais c’était ainsi que fumait Hannah Arendt, un interview (Un certain regard ORTF 1974) visible sur ina.fr nous la montre ainsi que son appartement de New York que les cinéastes ont reconstitué pour le film.
J'aime beaucoup le cinéma de Margarethe Von Trotta; cette force tranquille qui traite de sujets sensibles tels que le terrorisme avec Les années de Plomb, ou ici la souffrance du peuple juif. Elle sait prendre le recul nécessaire et débusquer l'humanité dans les actions les plus violentes, ou ici démonter les réactions de notre sensibilité pour trouver avec Hannah Arendt où se situait la réussite de projets diaboliques aussi anti-nature pour l'homme.
Filmographie : L'Honneur perdu de Katharina Blum ; Les Années de plomb ; Rosa Luxemburg ; Les Années du mur ; Rosenstrasse ; Hannah Arendt 
Avis : Un film très riche, bien équilibré, qui met en scène un personnage et des faits contemporains avec netteté, laissant certains aspects de l’histoire de la personnalité en filigrane. Ce film donne envie de lire les livres d’Hannah Arendt…
Note : 9/10 Rédigé par jacquie






lundi 10 juin 2013

L’attentat

Naplouse
Réalisateur : Ziad Doueiri Né en 1963 au Congo, de parents enseignants pour l’ONU, il passe son enfance au Liban. Il émigre ensuite aux US, au moment de la guerre civile, où il étudie le cinéma et y fera ses premières armes.
Pays : France Liban Année : 2013
Acteurs : Ali Suliman (Amine Jaafari) ; Reymonde Amsalem (Siham Jaafari) ; Evgenia Dodina (Kim) ; Karim Saleh (Adel) ; Dvir Benedek (Raveed) ; Dir. Photo : Tommaso Fiorilli
Résumé : "L’attentat" est une adaptation du roman éponyme de Yasmina Khadra. (Pour éviter de tomber de votre cheval quand vous le découvrirez.. l’auteur est un homme).
Sans dévoiler le film ni le roman, l’action mêle la vie quotidienne en Israël, la vie en Palestine et celles de leurs ressortissants. Le sujet central parcourt de façon erratique l’histoire d’amour d’un couple et les incompréhensions qui persistent malgré un amour partagé ; les choix profonds ou spirituels des individus échappent souvent à leurs personnalités. L’enquête est menée par un veuf qui veut comprendre, sa démarche est douloureuse comme celle d’Orphée et cet amour le porte à une réflexion plus profonde vers ses racines.
Les trois religions « du livre » sont mêlées d’un point de vue extérieur, et ressenties comme des menaces sous-jacentes. La violence est partout et le questionnement sur la justesse de celle-ci n’obtient pas de réponse simple.
Le film est très clair sur les situations intenables des peuples israéliens et palestiniens, et montre l’inhumanité de part et d’autre... Le film ne porte pas jugement en faveur de l’un ou de l’autre. Il montre le côté positif de l’intégration d’un arabe israélien, qui au final ne peut se détacher de ses frères qui souffrent.
« j'ai été happé par le récit. Khadra est un immense écrivain et L'Attentat a la qualité d'un grand thriller politique. Il pose aussi des questions qui m'ont interpellé, notamment " Comment peut-on vivre dans un pays occupé sans se révolter ? » d’après Ziad Doueiri Press kit
« Voilà un cas assez rare, où la situation éminemment complexe de l'antagonisme israélo-palestinien nourrit du cinéma à la fois nuancé d'un point de vue idéologique et solide en termes d'action. » Jacques Morice
Ce film est interdit de diffusion dans les 22 pays de la Ligue arabe, dont fait partie le Liban, c’est tout de même dommage car c’est peut être là qu’il ferait le plus de bien. France Info.
Filmographie : West Beyrouth ; Lila dit ça ; L’attentat 
Avis : D’un coup vous découvrirez un bon réalisateur, et un auteur attachant ! Un des meilleurs films de l’année.
Note : 9/10 Rédigé par Jacquie


samedi 8 juin 2013

Mud sur les rives du Mississipi


Réalisateur : Jeff Nichols scénariste et réalisateur américain, né en 1978. Un cinéaste qui démarre bien avec Take Shelter.
Pays :US Année : 2012
Acteurs : Matthew McConaughey (Mud), Tye Sheridan (Ellis); Jacob Lofland (Neckbone), Reese Witherspoon (Juniper) Dir. Photo : Adam Stone
Résumé : Deux jeunes garçons originaires d’un village de pêcheurs sur le bord du Mississipi sont aux prises avec l’adolescence et le questionnement sur la sexualité. Ils font des escapades dans une barque de pêche à la recherche d’un trésor… ou d’une aventure donnant du sens à leur vie. Une de leurs promenade les mène dans une île où ils trouvent un bateau dans un arbre… romanesque, isn’t it ? C’est très original, et donne un côté aventuresque de littérature pour enfants très réussi. Que dire de la signification symbolique de l’île, du bateau perché? en tout cas ce bateau du ciel va bien avec la mentalité de Mud dont on verra par la suite qu’il est assez dans les nuages et pour les enfants c’est le rêve d’aventure par excellence. Par cette découverte inattendue ils sont mis en présence d’un individu paumé aux airs de baroudeur un peu mystérieux, là encore c’est le rêve du magique caché dans la nature, avec les serpents, les protections... Celui-ci éternel adolescent est dramatiquement amoureux d’une femme qui s’éloigne de lui sans arrêt mais revient le trouver quand ça va mal (et c’est souvent). En fait il se cache, car il a tué l’amant de la belle Juniper qui la brutalisait, la Police le recherche ainsi que la famille de la victime. Il dit que le bateau lui appartient car il l’a découvert le premier, et compte le remettre à flots pour échapper à ses poursuivants, ce qui parait mission impossible. Les enfants vont l’aider….
D’une aventure enfantine on passe au drame de la vie de la pauvre Juniper qui négocie son corps (partout c'est la tristesse sexuelle) pour vivre avec une candeur (américaine)… puis arrivent les méchants (complètement méchants 110%) et un épisode attendrissant. Enfin, on est aux US Mississipi, une séance de tirs vient donner de l’animation dans le village, il y aura beaucoup de morts (ce n’est pas mesquin !). Réjouissez-vous le happening de fin est aussi à la même hauteur.
Film étonnamment américain, classique avec le côté moral western. Les enfants qui montrent plus d’humanité que leur âge ne le laisse prévoir, tout est un peu téléphoné, bref des thèmes connus sauf le bateau (particulièrement soigné par le réalisateur et le dir photo) qui tient la place centrale et le décor naturel superbe. Les images de Mud sont mises en valeurs par les éclairages et les couleurs, il fait dans le genre beau gosse… mais épate surtout les enfants.
Filmographie : Shotgun Stories ; Take Shelter ; 
Avis : Film dont on attendait mieux que ça… mais pas si nul et certainement plaisant. Je me demande si ce n’est pas un film essentiellement pour les enfants ? car c’est le triomphe des deux petits en opposition aux adultes. Il a été apprécié à Cannes dans les films américains l’an dernier. Allez le voir...
Note : 7/10 Rédigé par Jacquie




vendredi 7 juin 2013

Le Passé



Réalisateur : Asghar Farhadi, scénariste et réalisateur iranien né en 1972. études de théâtre, séries télévisées documentaire. Puis premiers longs métrages avec le succès de Les enfants de Belle Ville. Ours d'argent du meilleur réalisateur à Berlin en 2009. Enfin, l'Ours d'or pour Une Séparation en 2011 suivi du César du meilleur film étranger, et du Golden Globe du meilleur film étranger.
Pays : France Année : 2013
Acteurs : Bérénice Bejo (Marie), Tahar Rahim (Samir), Ali Mosaffa (Ahmad); Pauline Burlet (Lucie); Sabrina Ouazani (Naïma) Dir. Photo : Mahmoud Kalari
Résumé : Ahmad arrive de Téheran à l’aéroport où son ex, qui l’a fait venir, l’attends derrière la vitre bien connue de l’aéroport de Roissy, commence aussitôt un dialogue de sourds qui se poursuivra jusqu’à la fin. On a du mal à comprendre pourquoi elle l’a fait venir… juste pour divorcer ? Ahmad sera poussé, (pourquoi ?) à loger quelques jours dans le pavillon qui abrite les filles de Marie et le fils de son amant. Ce dernier, Samir, a laissé la place et passe cette période chez lui. Tout pour Ahmad rappelle le passé, la maison les filles, son ex. Mais Marie, très orientée vers leur entrevue avec le juge, ne laisse pas Ahmad prendre pied ne serait-ce qu’avec leur histoire, elle est d’ailleurs à crans avec tous et complètement hystérique. Cependant elle profite des bonnes relations de confiance dont Ahmad bénéficie avec ses filles et elle lui demande s’il peut parler à Lucie et la faire sortir de son mutisme et de ses fuites/fugues. En aidant Lucie, il va mettre au jour des situations très alambiquées qui feront le fil du thriller.
La première partie qui se passe en banlieue est très banale et n’apporte rien. Il y a des familles recomposées où la vie n’est pas facile (c’est un scoop), une séparation ça dure souvent, ou bien les situations se reproduisent… autrement dit, une femme fait généralement tout ce qu’elle peut pour retrouver un compagnon ; En principal argument « deux chats écorchés » en relations amoureuses au milieu d’un pavillon délabré et d’enfants laissés en autarcie, c’est plutôt triste. Dès que le drame se noue en deuxième partie, l’intérêt s’aiguise et le film se déroule normalement ou presque.
Dans la première partie, je me suis demandée si le film allait s’étaler pareillement ennuyeux jusqu’au bout… il ne se passe rien qui ne soit minable. Bref le réalisateur abuse de notre temps ! Une fois les cris, les agitations, passés on découvre des personnages humains en prise avec leurs problèmes psychologiques, Ahmad est du fait de son expérience personnelle celui qui conseille, qui pointe du doigt là où ça fait mal. Je n’ai pas aimé le jeu de Bérénice Bejo dans la première partie qui me parait surjoué (sans doute sur la demande d’Asghar Farhadi). Tahar Rahim a un rôle effacé, ce qui est curieux dans le scénario. Malgré toutes mes critiques ce film m’a fortement émue (je n’ai pas pleuré non plus !) et habité pendant une bonne semaine avant de le décrypter… sans doute la violence psychologique latente d’un bout à l’autre m’a oppressée.
Filmographie : Les enfants de Belle Ville ; Une séparation ; A propos d’Elly ; 
Avis : C’est un grand film mais tout n’est pas bon, en particulier c’est très long et les situations sont très compliquées.
Note
: 8/10 Rédigé par Jacquie

Suite à incident technique.... ouf j'ai récupéré tout! Et puisque j'y suis j'ai trouvé (merci Imdb.com) le nom de l'actrice qui fait Lucie, la jeune ado avec un jeu très crédible et celui de l'employée de Samir qui a du mal avec sa carte de travail toutes deux apportent une bonne part au film, je suis d'accord avec Mathieu, voir plus bas, qui donne une explication de son commentaire du film sur son site: Cinéma dans la Lune lien à droite de la fenêtre... à lire!
D'autres commentaires sur le film rassemblés sur Lettres Persanes


1 commentaire:

Mathieu Tuffreau a dit…
Je te trouve dur avec certains aspects du film. En le revoyant, j'ai trouvé la jeune adolescente excellente, meilleure que Bérénice Bejo, plus émouvante.
Le passé me touche parce qu'il est le regard d'un oriental sur notre beau pays qui peine à reconnaître ses inégalités, la difficulté de l'accès au logement dans les grandes villes, la difficulté des immigrés à se faire reconnaître comme des citoyens à part entière...
C'est vrai que je jargonne de plus en plus. Le discord est un concept des psys pour évoquer le fait qu'il n'y a pas d'accord possible, pas de fusion entre hommes et femmes, "pas de rapport sexuel" (Lacan), mais des actes, certes. Et la douleur des enfants qui souffrent des déchirures de leurs parents me semble manifeste et bien cruelle.