vendredi 30 mars 2018

César et Rosalie

Une belle voiture... de bons acteurs.
Réalisateur : Claude Sautet scénariste et réalisateur français 1924-2000. Critique musical, études à l'IDHEC. Assistant puis trouve le succès avec Classe tout risque. Puis change de style et réalise des comédies dramatiques, dans lesquels il retrouve le succès avec de très bons acteurs tels que : Michel Piccoli et Romy Schneider. Il remporte deux fois le César de réalisateur. Wikipedia
Pays : France Année : 1972
Acteurs : Yves Montand (César) ;Romy Schneider (Rosalie) ; Sami Frey (David)
Dir.Photo : Jean Boffety Musique : Philippe Sarde
Résumé : Une femme divorcée, particulièrement libérée, vit avec un beau et riche ferrailleur. Elle rencontre un de ses petits amis de jeunesse, qui, lui, est resté amoureux. Le trio Romy Schneider, Yves Montand et Samy Frey va s’aimer se déchirer à la faveur des allées et venues de Rosalie. Rosalie tellement libre qu’elle finira par partir… C’est là, le sujet du film ; une femme qui choisit avec qui elle vit et partage le lit ou le quotidien. En 1972 c’était révolutionnaire, et c’est toujours un peu « spèce ». Le charme de Romy est inouï ainsi que celui de Montand. Je ne dirais rien de Frey…  Pour les amateurs de voitures on y voit une 4L flambant neuve, la mythique SM de Citroën.
« On n'est pas très loin de Jules et Jim, mais, comme le note Sautet dans ses Conversations avec Michel Boujut : « Rosalie n'est pas signe de mort. Elle est signe de vie pour David et César. Elle ne leur donne de l'amour que pour qu'ils aient plus de vie. » Le charme du film naît évidemment de la magie qui unit les trois interprètes, la séduction de Romy Schneider — « qui n'est pas une emmerdeuse, mais une femme emmerdée de ne pas savoir choisir », disait Sautet à son scénariste —, la truculence d'Yves Montand et la « classe » de Sami Frey contribuant à créer un trio magique, amoureux de l'amour, rare dans les annales du cinéma français. Et, pourtant, apprend-on encore dans ce livre déjà cité, c'est à Vittorio Gassman et à Catherine Deneuve qu'avait d'abord pensé Sautet. Le miracle d'un film tient aussi au hasard... César et Rosalie n'en finit pas de séduire. — Aurélien Ferenczi
Filmographie Les Choses de la vie ; Max et les Ferrailleurs ; César et Rosalie ; Vincent, François, Paul... et les autres ; Un mauvais fils ; Quelques jours avec moi ; Un cœur en hiver ; Nelly et Monsieur Arnaud. 
Avis : Un must des comédies dramatiques. Le réalisateur nous décrit un certain style d’insouciance qui cache un besoin le liberté irrépressible d’une femme. Bien qu'ancien le film n'a rien perdu.
Note : 9/10 Rédigé par Jacquie




jeudi 22 mars 2018

La prière

Berlinale 2018 : Ours d’argent meilleur acteur pour Anthony Bajon 
Réalisateur : Cédric Kahn Acteur, scénariste, réalisateur Français né en 1966. Se fait reconnaitre avec une vie sauvage tiré d’une histoire vraie d’un père qui part avec ses deux fils et se cache.
Pays : France Année : 2018
Acteurs : Anthony Bajon (Thomas) ; Damien Chapelle (le compagnon) ; Àlex Brendemühl (Marco le responsable) ; Louise Grinberg (Sybille) ; Hanna Schygulla (Sœur Myriam)
Dir. Photo : Yves Cape
Résumé : Suite à une overdose de drogues Thomas se retrouve dans un centre de rééducation libre dans une ferme perdue dans les montagnes. Rebelle, il a du mal à vivre la règle que se donne cette communauté basée sur la prière/ou méditation et la vie de travail en pleine nature. Thomas n’est pas à l’aise avec la prière mais il est libre et il réfléchit pendant ces poses forcées. Le film nous montre les difficultés du sevrage et la volonté mise à l’épreuve. Tout ce qui est rituel religieux qui a un côté aliénant me gratte le poil. Cependant, la vie au grand air sans tentations, la camaraderie qui s’installe vite, transforme ces hommes blessés par la vie. Le partage fondé sur l’amour entre « victimes », le lien social qui se crée les aident à sortir de leurs enfermements. Il ne suffit pas de soigner le besoin de drogues, ils doivent trouver leurs propres ressources et s’aimer eux-mêmes, ce qui est un long travail comme chacun sait.
Le film est fort car les jeunes ne sont pas bien dans leur peau, et ceci s’évacue souvent par de la violence physique, le travail de la terre est là pour ça aussi. C’est presque un documentaire.
Les plans montrant les corps à corps, comme au début pour Thomas sont impressionnants de beauté et de justesse, laissant une place importante au toucher à la communion entre eux. La notion de foi est abordée de loin, celle de la démarche vers la prêtrise est aussi un peu effleurée.
Une grande place est laissée aux visages exprimant douleurs, compassion, angoisse ou bonheur. Enfin la nature, ici la montagne tient sa place de pacificatrice et de reflet du possible.
Filmographie : Les Regrets ; Une vie meilleure ; Vie sauvage ; La Prière
Avis : Film sur la réhabilitation possible après la drogue, dans un centre en pleine nature à la montagne tablant sur la mise en commun et les soutiens mutuels.
Note : 9/10 Rédigé par Jacquie


samedi 17 mars 2018

Juste la fin du monde

Cannes 2016 Grand prix du Jury
Un moment de communication sans paroles, poignant

Césars 2017 Meilleur réalisateur et meilleur acteur Gaspard Ulliel 
Réalisateur : Xavier Dolan acteur, réalisateur scénariste Canadien né en 1989. Son premier long métrage J'ai tué ma mère, le fait connaitre à Cannes. Depuis tous ces films sont appréciés par la critique et le public, du moins le public dit art et d’essai. Dans les sujets traités, il est souvent question d’amour filial. Plus
Pays : France Canada Année : 2016
Acteurs : Nathalie Baye (Martine, la mère) ; Vincent Cassel (Antoine) ; Gaspard Ulliel (Louis) ; Léa Seydoux (Suzanne) ; Marion Cotillard (Catherine) Dir.Photo : André Turpin Musique Gabriel Yared
Résumé : Adapté de la pièce Juste la fin du monde, de Jean-Luc Lagarce. Le scénario raconte la visite d’un homme jeune dans sa famille qu’il a quitté 12 ans auparavant. Il a quitté pour la ville et son métier mais surtout parce qu’il est mal au milieu d’eux (un peu rustres). Il revient pour revoir les lieux et personnes de son enfance, et surtout parce que les jours sont comptés pour lui ; il est atteint d’un cancer. Dès son arrivée on comprend que tout va de travers dans cette famille, il arrive en taxi, sa mère se bichonne et les autres ne savent pas quoi faire, même pas aller l’accueillir devant la porte. Son frère ainé (superbe prestation de Vincent Cassel) est une brute arrogante dénuée d’intelligence, comme les autres il reproche à son frère de les avoir laissé tomber. Sa jeune sœur qui est ado maintenant est mal dans sa peau est en admiration devant ce frère qui a osé partir. Le point central est toujours la mère qui seule sait parler aux autres et raccommoder l’ambiance quand le frère ou la sœur ont fait une crise de colère.
Mis à part les caractères des personnages caricaturaux, le drame qui se joue est celui de l’incommunicabilité. La première difficulté est celle de Louis qui est venu annoncer sa mort prochaine à sa famille et qui est incapable de dire les mots, il part de travers sur des lapsus quand il se décide à le dire et finalement repartira encore plus seul qu’à l’arrivée.
A défaut de paroles certains s’expriment par le regard que nous sert le réalisateur avec force de gros plans. Heureusement que ce sont de très bons acteurs, sinon on aurait eu un fiasco.
« Ce qui va se jouer dans ce huis clos grotesque et désespéré est une tragédie de l’intime, de la solitude radicale de l’homme, où l’âme se voit littéralement mise à nu. »
En savoir plus . A voir ce film on se dit quel bonheur d’être dans une famille, peut être « chiante », pauvre mais aux relations aimantes normale quoi ?…
Filmographie : J'ai tué ma mère ; Laurence Anyways ; Mommy ; Juste la fin du monde 
Avis : L’incompréhension familiale comme sujet, rendu dramatique par la maladie du narrateur qui ne peut exprimer ce qu’il ressent, aucune bienveillance n’est disponible, il se taira… Un prix bien mérité, des acteurs au top.
Note : 10/10 Rédigé par Jacquie


mercredi 14 mars 2018

Free Zone

Cannes Festival 2005, Hanna Laslo, meilleure actrice.
Portraits de femmes
Réalisateur : Amos Gitaï Israélien né en 1950, commence des études d’architecture interrompues par la guerre de Kippour. Se lance dans le cinéma avec des documentaires. Plus
Pays : Israël Belgique France Année :2005
Acteurs : Natalie Portman (Rebecca) ; Hanna Laslo (Hanna Ben Moshe) ; Hiam Abbass (Leila) ; Makram Khoury (Samir "l'américain") Dir.Photo : Laurent Brunet
Résumé : Le cadre est la frontière entre Israël et la Jordanie, et plus généralement les conflits des israéliens avec leurs voisins. Comme chacun le sait, il y a beaucoup de souffrance parmi les peuples concernés en particuliers chez les palestiniens et les israéliens. Amos Gitaï nous montre la vie de trois femmes prises dans cette guerre qui ne les concerne pas en tant qu’âme, mais qui est inhérente à leurs peuples. La plus jeune d’origine américaine voudrait être intégrée à la communauté juive, elle se heurte à des tabous, et rate son mariage. L’israélienne Hanna, les pieds sur terre, est courageuse mais marquée par les déboires de la société israélienne, elle lutte pour vivre de son travail: les vaches, le taxi. La troisième plus intellectuelle est palestinienne lute pour son peuple, mais surtout pour protéger et garder son fils… proche d’elle. Les malheurs font que toutes les trois vont se retrouver dans le même taxi pour des raisons différentes, mais la détresse de chacune appellera le soutien moral des autres. Le plan de départ, long certes, montre la douleur de la rupture amoureuse de la jeune femme… sur fond de comptine cyclique. Puis nous sommes dans un climat hostile où les hommes incarnent le pouvoir, l’arbitraire, la haine alors que nous passons la frontière. Enfin, arrivés dans la zone libre le sujet du voyage est dévoilé avec en prime de nouveaux personnages malheureux dont le plus calme est celui à qui on vient de détruire par le feu sa propriété, lui aussi a l’habitude de tout recommencer. La fin est tout en continuité, la jeune qui fuit (qui ou quoi ?) les deux autres restent dans leur discussion sur la dette d’argent, mais en même temps démarrent une amitié avec beaucoup d’humour de la part du cinéaste !
« Rarement on aura mieux saisi la somme de biographies tortueuses, de populations déplacées, de promesses non tenues, qui sont le ferment des déchirements au Moyen-Orient. » Aurélien Ferencz Telerama
Filmographie : Kadosh ; Kippour ; Kedma ; Le Dernier Jour d'Yitzhak Rabin
Avis : Un beau film sur trois femmes puissantes dirait Marie Ndiaye.
Note : 9/10 Rédigé par Jacquie


mercredi 7 mars 2018

Three Billboards

"Three Billboards Outside Ebbing, Missouri "
Explication entre soi.

Venise : meilleur scénario
Oscars : Frances Mc Dormand meilleur actrice 
Réalisateur : Martin McDonagh, réalisateur, écrivain, scénariste Britannique né en 1970. Ecrit des pièces de théâtre. Puis se lance dans le cinéma avec un court métrage. Son premier film est Bons baisers de Bruges film comique noir.
Pays : UK USA Année : 2017
Acteurs : Frances McDormand (Mildred Hayes) ; Woody Harrelson (shérif Willoughby) ; Sam Rockwell (Jason Dixon) ; John Hawkes (l’ex de Mildred) ; Caleb Landry Jones (Red)
Dir.Photo : Ben Davis Musique Carter Burwell
Résumé : Sur fond d’Amérique profonde dans le Missouri… une femme n’arrive pas à faire le deuil de sa fille assassinée… La police n’a trouvé aucun suspect, l’enquête n’est pas terminée, Mildred se désespère de ne voir aucun élément éclairer ce drame, ni atténuer sa douleur. Il lui vient à l’idée de l’écrire sur des panneaux publicitaires à la sortie de la ville. Mildred ne fait rien à moitié, et la police locale, les bien-pensants se monteront contre elle. Petit à petit on découvre des personnages, le sien (Mildred) qui n’est pas le plus banal, celui d’un policier qui vit encore chez maman (Dixon), le jeune responsable des publicités (Red), son ex-mari qui est violent, un commissaire (Willoughby) qui se révèle humain, le curé qui n’est pas sans tache, le dentiste obèse qui lui en veut… on ne sait pas pourquoi etc.
Avec les excès des uns et des autres, une panoplie de caractères très riche en couleurs nous est proposée. Cependant le film ne reste pas dans cet humour sarcastique d’un côté pittoresque (ou piteux?) le drame montre la difficulté de faire un deuil quand la mort est inexpliquée et les crimes non punis. La force seule semble régner dans ce petit village, autant pour les policiers que pour les relations entre les gens (aux US ont sort souvent son fusil…) les insultes et pressions sont monnaie courante. Mildred est une femme seule, son mari violent et ex flic est parti avec une adolescente… elle est d’autant plus vulnérable que femme et isolée. Elle prend des risques et on craint pour elle. Vers la fin du film, Mildred qui en fait beaucoup trop a créé un certain chaos et sans le vouloir, crée aussi des préjudices aux autres. La tension monte, le jeune Red est tabassé et un policier se retrouve également à l’hôpital. Pour finir, après l’orage l’apaisement apparait avec un désir d’oubli et peut être de pardon…ou n’est-ce que le déchainement de la colère qui a atténué la « boule de peine » ? Pierre Murat parle avec justesse des personnages que nous soumet le film.
« Curieux comme le réalisateur, peu familier de l’Amérique profonde, ait pu si crûment en décrire les individus, dans leur étrangeté, leur fragilité cachée. Sans doute, à partir d’un certain degré d’émotion et de souffrance, les petites gens de toutes les petites villes se ressemblent-ils : mus par les mêmes faiblesses, poussés aux mêmes éclats. »
« Électrisée par des décharges de violence intenses, étoffée par une galerie de personnages hauts en couleur, la mécanique scénaristique, bien huilée de bout en bout, entraîne le film dans un flot ­rocambolesque où la brave Mildred, confite de douleur et de ­culpabilité, s’abandonne à une soif de vengeance désespérée. » En savoir plus sur le Monde 
Filmographie : Bons baisers de Bruges ; Sept psychopathes ; Three billboards
Avis : Film plein d’humour, la violence est toujours comique. Une situation malheureusement banale qui prend un tour de règlement de comptes.
Note : 10/10 Rédigé par Jacquie