dimanche 25 février 2018

La jeune fille sans mains

Un dessin tout en légèreté qui rappelle ceux du Père Castor...

Réalisateur : Sébastien Laudenbach cinéaste et illustrateur né en 1973. Professeur à l’École Nationale des Arts Décoratifs (EnsAD) à Paris. Intervenant régulier à La Poudrière (Valence). Ce film est son premier long métrage. Plus
Pays : France Année : 2016
Animation : voix Anaïs Demoustier (La jeune fille) ; Jérémie Elkaïm (Le prince) ; Philippe Laudenbach (Le diable) ; Sacha Bourdo (Le jardinier)
Résumé D’après un conte de Grimm. Il existe également une pièce de théâtre sur ce sujet d’Olivier Py. Un peu comme tous les contes, celui-ci délivre un message aux enfants (mais pas seulement à ceux-ci). Ce message comporte des faits douloureux et des espoirs. Il indique l’existence d’un chemin d’émancipation. Au-delà du bien et du mal ou plutôt ce que l’on prend pour tels, le cheminement de la jeune fille vers l’idéal amoureux et la fondation d’une famille, existe car elle le cherche toujours. Il serpente entre le blanc et le noir, les rochers et les bois, se ressource grâce à l’eau qui prodigue ses vertus de pureté et d’adoucissement. Jamais elle doit capituler, même quand l’élu de son cœur part à la guerre. Quand elle reçoit des nouvelles alarmantes par le jardinier, elle pense à son enfant et décide de partir sans aide, dans une « traversée du désert » pour se reconstruire. Les contes sont importants pour les enfants car ils leur permettent de hiérarchiser leurs valeurs facilement. Pour les adultes il y a aussi des messages…ne pas se laisser enfermer par le jugement des autres, la position sociale, ou les événements. Pour les jeunes filles, la transformation corporelle n’est pas hideuse mais un passage vers l’amour et la maternité. Pour les femmes, ne vous laisser pas enfermer par un homme même si vous l’aimez…
Du point de vue esthétique, le parti pris du réalisateur produit une création originale que Sébastien Laudenbach argumente ainsi : « un film qui donne une grande importance au dessin, un dessin léger et parsemé de trous, qui bien souvent ne trouve sa cohérence que lors de sa mise en mouvement, ce qui est l’essence de l’animation. » Je l’apparente au travail de l'illustrateur canadien Frédéric Back, dans L’homme qui plantait des arbres (sur ce blog) jan 2013.
Dossier de Presse
Avis : Conte de Grimm peu connu ayant pour sujets la cupidité, l’amour filial, la nature, l’amour.
Note : 10/10 Rédigé par Jacquie


jeudi 22 février 2018

La belle Noiseuse

Un couple avec une belle entente... sous pression
Grand Prix du jury du festival de Cannes 1991
Réalisateur : Jacques Rivette, 1928-2016 ; réalisateur français, critique de cinéma. Important contributeur à la nouvelle vague. Son cinéma est essentiellement intellectuel et esthétique. Il laisse la place au rêve et au fantastique, rien n’est complétement définitif, il y a toujours un point de fuite.
Pays : France Année : 1991
Acteurs : Michel Piccoli (Frenhofer) ; Jane Birkin (Liz) ; Emmanuelle Béart (Marianne) ; Marianne Denicourt (Julienne) ; David Bursztein (Nicolas) ; Gilles Arbona (Porbus)
Dir.Photo : William Lubtchansky Musique
Résumé : Long métrage (4h !) dans lequel Rivette déploie : le temps, le couple et l’art de peindre. Deux couples sont en présence un vieux couple d’artistes heureux dans la campagne du Languedoc, un jeune couple complétement « barrés » qui se la jouent… un Méphisto au milieu de tout ça qui n’est pas sans avoir courtisé la belle Liz. Le vieux peintre est philosophe et a trouvé un équilibre dans sa retraite, sa femme également jusqu’à l’arrivée d’une provocation artistique par de jeunes blancs becs. L’occasion c’est un dîner arrosé, l’espoir du gain chez l’autre, la fierté de voir sa femme poser pour le peintre, et le challenge qui titille l’égo du peintre. Liz le dira c’est dangereux de provoquer un artiste. Il répondra, agacé par ses craintes : quelques fois, Liz tu me fais vraiment chier.
Ce qui m’a intéressé vivement c’est la tentative de débusquer le ressort qui fait peindre un tableau et qui lui donne du sens. D’où sort l’inspiration géniale… ? on voit bien que c’est douloureux, qu’il faut de multiples abandons, que ça casse beaucoup autour. Là encore on ne met pas le doigt dessus, ça reste du domaine spirituel ou bien de l’âme. Dans ce questionnement le film de Rivette est original et constructif pour tout apprenti peintre.
Sur Ina.fr un interview de Michel Piccoli http://www.ina.fr/video/CAC91044973
Filmographie : Suzanne Simonin, la Religieuse de Diderot, Céline et Julie vont en bateau, Le Pont du Nord, La Bande des quatre, La Belle Noiseuse 36 vues du Pic Saint Loup.  
Avis : Un film de violence psychologique dans un cadre superbe où les couleurs douces et la nature paraissent incompatibles avec le déchainement de ce qui dormait. Terriblement bien joué, belle entente des acteurs avec le réalisateur qui perce à travers la narration.
Note : 10/10 Rédigé par Jacquie


dimanche 11 février 2018

Noces

Les deux amies au lycée
Réalisateur : Stephan Streker né en 1964, réalisateur scénariste Belge. A été (est) aussi journaliste sportif (football) et critique de cinéma. Noces est son troisième long métrage.
Pays : Belgo-Luxo-Franco-Pakistan Année : 2016
Acteurs : Lina El Arabi (Zahira) ; Sebastien Houbani (Amir) ; Babak Karimi (Mansoor le père) ; Neena Kulkarni (la mère) ; Olivier Gourmet (André) ; Alice de Lencquesaing (Aurore) ; Zacharie Chasseriaud (Pierre)
Dir.Photo : Grimm Vandekerckhove
Résumé Ce film est inspiré d’un fait divers, et retrace les difficultés à vivre en Europe pour les populations culturellement différentes de la nôtre. En effet, le fait de vivre en France ou en Belgique communique aux enfants nés de l’immigration des idées et des envies nouvelles, dont celle de liberté. Ici nous sommes dans une petite communauté Pakistanaise qui vit en symbiose avec la société Belge (qui soit dit en passant est moins « lave plus blanc » que la française). Le hiatus apparait avec l’adolescence de la jeune Zahira qui adore sa famille, mais sa vie personnelle lui appartient, et rejette les décisions de sa famille à son égard. Il s’agit en fait de la marier à un homme « du pays », pour elle c’est intolérable et espère que son frère interviendra auprès de son père. Zahira est croyante et respecte la religion. Elle se trouvera prise entre deux forces, son besoin de liberté et l’amour pour sa famille. Pour nous, peu religieux, un tel choix parait aberrant. Ce film montre en quoi ce choix est une réalité, car les esprits de toutes les générations d’immigrés n’ont pas évolués en même temps, d’où le blocage.
Ce que ce film montre aussi : être une femme n’a pas la même valeur suivant votre condition sociale ou votre milieu culturel. La sœur ainée tient un discours intéressant… quand elle dit pourquoi se révolter quand une issue positive n’est pas possible… accepter et faire avec, reste la seule issue sans dommages. Et nous revoilà devant la position inférieure de la femme qui nous vient du fond des âges… mais qui existe toujours ! le XIXe et le XXe ont vu évoluer les choses pour la culture occidentale…mais nous savons bien que les mentalités ont encore des progrès à faire dans le respect de la femme en tant qu’être humain… une âme en incarnation comme celle d‘un homme. Pourquoi l’un serait plus respectable que l’autre ? payé plus pour le même travail ? Ici ce qui nous choque c’est l’absence de liberté individuelle, or nous avons peur que cela nous arrive ! que notre civilisation régresse. C’est comme la contraception, l’IVG, les femmes sont dans la peur d’un retour en arrière. Le port du foulard également reporte cette peur. J’ai beaucoup aimé le discours de la sœur ainée qui replace le choix dans le raisonnable et nous éclaire sur le pourquoi de cette démission des femmes devant la pression culturelle. On ne peut se révolter que quand il y a une pression suffisante… pour l’emporter, bon ce n’est pas nouveau, mais ne jetons pas la pierre !
Filmographie Noces ; Le monde nous appartient ; Michael Blanco
Avis : Beau film qui traite intelligemment un problème de nos sociétés multiculturelles. Bien joué, belle mise en scène.
Note : 10/10 Rédigé par Jacquie


jeudi 8 février 2018

Les bureaux de Dieu

Le stress, les pressions dans la salle d'attente
Réalisateur : Claire Simon née en 1955 est une réalisatrice française qui est entrée dans le cinéma par l’aspect technique, elle sait monter, tenir la caméra etc. Elle a fait des études d’ethnologie et réalise des documentaires et des films de fictions qui sont toujours des observations de personnages. Gare du Nord par exemple. A été enseignante à la Femis.
Pays : France Belgique Année : 2008
Acteurs : Nathalie Baye, Isabelle Carré, Rachida Brakni, Béatrice Dalle, Nicole Garcia. Toutes des « dames du planning ». Dir.Photo : Philippe Van Leeuw et Claire Simon
Résumé Le scénario de ce film a été écrit à partir de scènes réelles observées dans plusieurs centres du Planning Familial entre 2000 et 2007, par Natalia Rodriguez Forero et Nadège Trébal
« Des dames impeccables, des jeunes filles en jean, des adolescentes... Certaines viennent avec une copine, un parent, un amoureux. D'autres se présentent seules, pour dévider l'écheveau de leurs angoisses et de leurs désirs. Il est question de faire l'amour, de prendre la pilule, d'interrompre ou non une grossesse... Avec toutes ces voix, tremblantes, espiègles, timides ou désenchantées, Claire Simon orchestre un film choral, passionnante chronique de la condition féminine en particulier, et humaine en général. Elle nous installe pour deux jours dans le huis clos d'un centre de Planning familial, perché en haut d'un immeuble haussmannien, juste sous le ciel. Une hauteur idéale pour les « bureaux de Dieu », c'est-à-dire là où se trame et se dénoue le destin des femmes. » Cécile Mury http://www.telerama.fr/cinema/films/les-bureaux-de-dieu,345065,critique.php La grand idée de ce film est d’avoir pris des actrices professionnelles pour jouer les conseillères avec beaucoup de bienveillance et de leur avoir fait venir des filles et des femmes tout venant pour exprimer les jeunes femmes en consultation. Pour avoir participé autrefois à des conseils avant d’envoyer les filles en Hollande, j’ai trouvé ce film très réaliste, et les conseillères très pro. Les filles et femmes en demande, c’est toujours très variable et étonnant.
Ce film peut se voir comme un documentaire ou une étude de société. Il serait bon de le repasser vers le 8 mars journée des droits de la femme… Une mère a-t-elle le droit de fouiller dans les affaires de sa fille ? Un homme a-t-il le droit de faire l’amour à une femme sans s’enquérir de sa contraception ? le film pose des questions importantes sur le respect de la vie de sa compagne, et sur celui de l’enfant à venir.
Filmographie : Sinon, oui ; Ça c'est vraiment toi ; Ça brûle ; Les Bureaux de Dieu ; Gare du Nord
Avis : Un film à programmer pour les ados et les parents… qui ont du mal à parler de ça…
Note : 10/10 Rédigé par Jacquie


mercredi 7 février 2018

La tortue rouge

 Prix spécial « Un certain regard » Cannes 2017  


Réalisateur : Michael Dudok de Wit; Neerlandais né en 1953. Se fait connaitre grâce à des courts métrages. Il est sollicité par les studios Ghibli pour un long métrage qui lui prendra plusieurs années : La tortue rouge. Wikipedia    

Pays : Franco Belgo Japonais Année : 2016
Animation : Jean-Christophe Lie,
Musique Laurent Perez del Mar,
Scénario co-écrit avec Pascale Ferran
Résumé : Le scénario est celui d’un conte, une histoire d’un Robinson sur une île déserte. Sa rencontre ne sera pas celle de Vendredi, mais celle de La femme qui incarne les archétypes de la nature, de l’amour. La part de mystère de la nature humaine, dont la spiritualité se nourrit, est représentée ici par cette femme inconnue qui débarque dans sa vie contre toute attente de bonheur. C’est ensuite l'histoire de couple qui remplit la vie de ces trois habitants (un bébé est né). La nature à l’exclusion de toute construction humaine inspire et comble cette famille jusqu’à la vieillesse de l’ancien naufragé. Puis le conte et le merveilleux reprend en une large boucle. Une originalité, il est sans paroles.
« D'emblée, ce somptueux film d'animation s'enivre de la puissance de la nature, lui offre un vaste conte aux lumières changeantes, animé « à la main » et « à l'ancienne », à l'aquarelle et au fusain. Ceci n'est pas une banale histoire de naufragé, mais un mythe de sable et d'eau salée » Télérama 
« Dans ce récit fantastique, souvent matiné de représentations irréelles, lors des nuits agitées des protagonistes qui nous invitent même à caresser la crête des vagues de l’intérieur (quelle idée sublime), la grande verte et ses étendues océaniques évoque parfois, dans ses paraboles et ses images, L’île de Kim ki-duk, le goût de la transgression en moins, et surtout L’île nue de Kaneto Shindô, dans son cadre et sa narration cyclique. » Avoir-alire
https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Tortue_rouge
Filmographie : Premier long métrage.
Avis : Film d’animation, conte, esthétique dans sa réalisation.
Note : 10/10 Rédigé par Jacquie

dimanche 4 février 2018

Normandie Nue


Toujours un jeu boulversant.
Réalisateur : Philippe Le Guay réalisateur et scénariste français né en 1956 à Paris. Sa spécialité la comédie sociale contemporaine. Ses succès publics sont variés suivant de qui il veut nous faire rire…
Toujours une finesse de perceptions pour ses sujets.
Pays : France Année : 2018
Acteurs : François Cluzet (Balbuzard, le maire) ; Toby Jones(Newman, le photographe américain) ; François-Xavier Demaison (Thierry Levasseur, l'ancien parisien installé à la campagne) ; Pili Groyne (Chloé Levasseur, la fille militante écologiste) ; Arthur Dupont : Vincent le fils de l'ancien photographe) ; Grégory Gadebois (Roger, le boucher) ; Philippe Duquesne (Férol, le pharmacien) Dir.Photo : Jean-Claude Larrieu
Résumé Sur fond de colère des agriculteurs Normands, Philippe Le Guay dresse le portrait de paysans un peu clichés, d’un bobo, d’un américain qui est bizarre, obnubilé par les nus dans des paysages. Un maire pas très paysan, une clique de personnages n’ayant que peu de rapports entre eux ni à la Normandie ni à l’agriculture. Pas de bonheur rien que des échecs pour ceux-ci.
Un scénario un peu faible malgré l’idée de vouloir faire poser nus des paysans… qui est le pitch du film. Il est cependant regrettable que le malaise des paysans soit tourné en ridicule (la scène de la pendaison parait choquante quand on sait le nombre de paysans qui se suicident) la crise économique est esquissée et reste dans le décor, dommage.
De bons acteurs, belle performance de Grégory Gadebois.
Filmographie Les Femmes du 6e étage ; Alceste à bicyclette ; Le Coût de la vie ; Du jour au lendemain
Avis : Une comédie amusante qui ne laisse pas un souvenir impérissable.
Note : 6/10 Rédigé par Jacquie