dimanche 1 juillet 2012

Bienvenue parmi nous

L'affiche avec Patrick Chesnais et la jeune outsider Jeanne Lambert

Réalisateur : Jean Becker né en 1933, fils du réalisateur Jacques Becker. Apprend le métier comme assistant de son père. Puis réalise des séries pour la TV. Depuis quelques années se « spécialise » dans des films fins mais simples restants populaires. Il aime à dépeindre les relations d’amitiés, l’humanité des uns et des autres qui se découvre parfois dans des situations incongrues ou difficiles. Son cinéma est reposant et optimiste.
Pays :France Année : 2012
Acteurs : Patrick Chesnais (Taillandier) ; Miou-Miou (Alice) ; Jeanne Lambert (Marylou) ; Jacques Weber (Max) ;
Dir. Photo : Arthur Cloquet
Résumé : Une histoire sentimentale, d'après l'œuvre d’Éric Holder, où le célèbre Taillandier prenant de l’âge, plonge dans une dépression grave. Prêt à se suicider, il part de chez lui voir son ami, la maison de son enfance… rien n’y fait. En chemin il rencontre une ado jetée de chez elle par sa mère et qui fait du stop… la fille devient vite un poids pour lui, il essaye de la raisonner et de la remettre à sa famille…histoire de se débarrasser d’un problème qui ne le concerne pas.
Les aventures de la cohabitation de ces deux là, l’une demandant de l’attention de la part de l’adulte et échangeant à l’inverse sa joie de vivre, produit une thérapie à l'autre, ce vieux qui ne voit plus rien à vivre dans sa vie, tant il est en échec dans l’expression de sa peinture, en panne de créativité.
Le personnage de Taillandier joué par Chesnais est très présent et riche ; sa dépression parait presque vraie, on la sent…surtout quand Miou Miou lui donne finement la réponse. Des petites anecdotes humoristiques parsèment et aèrent le film. Les relations entre l’adulte blasé et la jeune fille paumée ne demandant qu’à vivre sont parfois très cliché, mais Jean Becker trouve de quoi faire découvrir et ressentir les sentiments qui conduisent réellement le film. L’image bien colorée surtout dans les bleus donne une atmosphère intimiste qui est celle où tout se joue. La rédemption par la cuisine ou le rangement du frigo… en est une médication.
Filmographie : L’Été meurtrier, Élisa, Les Enfants du marais, Effroyables Jardins, Deux jours à tuer ; Dialogue avec mon jardinier ; La Tête en friche ; Bienvenue parmi nous 
Avis : A lire les critiques professionnelles on n’a pas envie d’aller voir ce film…Si par hasard on y va, on ne le regrette pas. L’art de Jean Becker est celui-là : montrer l’ordinaire qui nous échappe souvent, mettre l’accent sur les qualités d’empathie et de richesse intérieure qui ne sont pas enfouies aussi profondément que notre société le dit…
Note : 8/10 Rédigé par Jacquie


jeudi 21 juin 2012

Paroles de paysans


La confédération paysanne vous parle...
Réalisateurs : Fabrice Ferrari et Eric Simon . Production la vaka ,Pour la Confédération paysanne
Pays : France Année : 2006
Documentaire édité par la Confédération Paysanne
Résumé : « Un syndicat est riche par sa diversité. Ni éleveurs bovins, ni producteurs de porcs, de lait ou de fromage, les femmes et les hommes que nous avons croisés ont choisi simplement d’être paysans. Une façon pour eux, de rappeler avec force leur attachement au pays, à la terre. Un pays dont ils prennent soin, qu’ils protègent. Dans le Nord, en Isère, dans le Sud-Ouest, en Bretagne, il existe des paysans qui s’interrogent, se battent pour une agriculture plus juste, plus humaine, plus respectueuse de l'environnement. »
Chapitres :
Témoignage d'un éleveur de porc en Bretagne
Regards croisés d'un maraîcher du Nord de la France et de son fils récemment installé en agriculture
Témoignage d'un céréalier du Sud-Ouest de la France
Témoignage d'un éleveur laitier en Bretagne
Témoignage d'un viticulteur, etc.
C’est très intéressant de comprendre ce qui motive les paysans, le pourquoi ils sont coincés dans leurs choix du tout intensif et chimique. On voit certains qui ont décidé de changer et de revenir à une agriculture ou un élevage plus gratifiant pour l’individu mais pour des revenus plus faibles, d’autres n’y voient encore pas le mal…
 Avis : Film militant pour la Confédération paysanne, mais qui brosse une images des métiers de l’alimentation loin de ce que souhaitent les consommateurs, et loin des relations privilégiées à la nature d’antan. Où seront nous dans quelques années ?
Note : 7/10 rédigé par Jacquie



Volem rien foutre al païs

Affiche typique de l'humour 68ard du film
Réalisateur : Pierre Carles, né en 1962, démarre sa carrière à la TV. Puis réalisateur indépendant. Dans pas vu à la TV il commençait à s’intéresser aux relations du pouvoir et des médias. Cinéaste critique rien ne le laisse de marbre : le travail, les élus, les médias… Co-réalisteurs : Christophe Coello et Stéphane Goxe. Pierre Carles son site
Pays : France Année : 2007
Dir. Photo : Igor Ochronowicz
Résumé : Introduction de la TV de Papa ; Pompidou expliquant que la chute des barrières douanières en Europe va mettre en danger le tissu industriel français…le documentaire est un florilège de personnages issus des philosophies de contestations de 1968. On y montre que ne pas travailler est très mal vu par la société, que le travail n’est pas forcément enrichissant pour la personnalité… les salariés le font parce que ils doivent nourrir leur famille…Nouveau, certains trouvent des moyens de vivre en coupant des dépenses conventionnelles inutiles… et donc de vivre avec moins (travailler moins et vivre plus) d’autres à la campagne sont presque en autarcie… On nous montre différents moyens de se passer de dépenses telles que électricité fournie par EDF, toilettes sèches, moteur à eau, construction écologique en paille…
Pierre Carles glisse aussi des épisodes de luttes syndicales, de manifestations des 99% comme on les appelle maintenant et quelques déclarations de politiques fortes amusantes dont le patron des patrons de l’époque : Sellières. Beaucoup de contradictions sont posées…
Le ton général est « potache » les conversations sont peu formalisées (on ne comprend pas toujours ce qu’ils marmonnent…) Les persos des communautés sont vrais… Bref si vous ne comprenez pas que bosser comme des fous en allant au boulot tous les matins dans les transports en commun bondés n’est pas une fatalité, prenez le temps de regarder à nouveau le film vous avez dû rater quelque chose. Il y a une marge de manœuvre à côté du salariat « pour gagner plus » ! C’est étroit… mais à creuser. Et Mermet creusa...
Filmographie : Pas vu pas pris ; la sociologie est un sport de combat ; Enfin pris ?; Attention danger travail ; Volem rien foutre al païs ;
 Avis : Un film engagé dans le retour à l’essentiel… regarder donc votre vie de salarié… est ce bien raisonnable, n’y a-t-il pas des alternatives ? A mettre en relation avec le film Alter@travail de P.A.Saguez. Dans tous les cas ça décoiffe !
Note : 7/10 Rédigé par Jacquie



mercredi 20 juin 2012

Laurence Anyways

Par temps de pluie la voiture est le salon intime...

Cannes (Sélection « Un certain regard ») : Prix d'interprétation féminine pour Suzanne Clément

Réalisateur : Xavier Dolan Québécois de 23 ans ayant déjà tâté du métier d’acteur, de cinéaste, de producteur, scénariste… « C'est un enfant terrible plein d'insolence, d'orgueil, d'ambition et de talent. » Emmanuèle Frois
Pays : Canada Année : 2012
Acteurs : Melvil Poupaud ( Laurence) ; Suzanne Clément (Fred) ; Nathalie Baye (la mère de Laurence) ; Monia Chokri (la soeur de Fred)
Dir. Photo : Yves Bélanger,
Résumé : Le réalisateur choisit un sujet difficile : « le transgenre » qui nous amène à connaitre la vie quotidienne difficile de ceux qui sont « hors normes ». Alors que, Laurence et Fred vivent un amour profond et épanouissant et mènent une vie agitée et riche…, un jour Laurence essaye d’expliquer à Fred son désarroi de se sentir « femme » sans pouvoir l’exprimer puisqu’il est un homme. Ce couple, modèle pour leurs amis, commence à se désagréger devant la difficulté de la situation sociale et les ravages du doute chez Fred, le couple résiste. Laurence décide de vivre avec son envie d’être femme et de le signifier dans sa vie quotidienne auprès de son milieu d’amis et professionnel. Xavier Dolan pose donc le douloureux sujet de l’acceptation ou non par la société ou l’individu de ceux qui dérangent le sens commun. Il exalte aussi le courage de ceux qui osent l’expression de leur originalité personnelle en montrant les hésitations et finalement la décision d’être celui qu’on croit être. Il nous donne à voir les relations brisées avec des proches suivant des degrés variés d’incompréhensions et de conséquences désastreuses : au niveau familial, du travail, des amis, les réponses et intérêts différents suivant les générations. Est-ce un signe ? les parents des deux héros sont très peu ouverts voire indifférents à la nature profonde de leurs enfants. Xavier Dolan a certainement lui aussi étrenné ce parcours du combattant… quand on « dérange »…
Melvil Poupaud est superbe avec un jeu très fin bien mis en valeur par le cinéaste et le directeur photo. Suzanne Clément qui a reçu une récompense à Cannes donne de la consistance à ce rôle de réplique, si bien qu’il y a deux premiers rôles. Il est vrai que l’histoire est difficilement crédible, mais très attachante, tant elle exprime des sentiments forts et est bien servie par les acteurs et les nombreux gros plans.
Transgenre
Filmographie : J'ai tué ma mère ; Les Amours imaginaires ; Martyrs ; Laurence Anyways
Avis : Film assez long, mais on ne s’ennuie pas du tout tellement il pétille de trouvailles, de beaux plans. C’est aussi un sujet de réflexion que celui d’être ou non soi-même.
Note : 9/10 Rédigé par Jacquie

samedi 2 juin 2012

La terre outragée

La fête, avant la pluie...

Réalisateur : Michale Boganim, née en Israël, elle étudie à Paris l’anthropologie puis le cinéma qu’elle continue à Londres. La terre outragée est son premier long métrage après des documentaires.
Pays : France Année : 2011
Acteurs : Olga Kurylenko ( Anya) ; Andrzej Chyra (Alexei)
Dir. Photo : Antoine Héberlé
Résumé : dans le cadre des événements de la catastrophe nucléaire à Tchernobyl, Michale Boganim plante les histoires et les souffrances de la population Russe des environs. La catastrophe a lieu dans une URSS en plein communisme ordinaire. Tout va bien dans une communauté qui travaille à la centrale nucléaire proche, un couple fête son mariage dans la tradition au même moment la catastrophe se produit et le mari est contraint de partir en urgence… Aucune mesure n’est prise pour la population pendant 3 jours, personne ne sait. Le film n’est pas une mise en accusation au sujet de la centrale ou des secours tardifs, même si ces aspects sont évoqués. Il s’attache à la difficulté des rescapés de faire le deuil de leurs familles et ami, ainsi que celle qui est vue comme une époque heureuse. Certes tout n’a pas été fait pour protéger les populations, ni pour soigner les rescapés. La vie continue avec son lot de banalités et d’absurdités, dans un univers froid ici glauque et sous la neige. Anya a du mal à reprendre une vie normale, peur de quitter la région à laquelle elle est attachée par des liens plus forts que son envie de s’épanouir. Un jeune homme recherche les traces de la présence de son père afin de construire sa personnalité. Ceux qui travaillent sur place continuent d’être exposés, certains n’ont pas voulu partir ou bien sont revenus, car les maisons sont toujours en place et vides ; la radio-activité ne se voit pas, donc n’existe pas … Film sinistre par le sujet et l’atmosphère, mais courageux.
Filmographie : Odessa… Odessa. 
Avis : Film sur l’absence des êtres chers, et sur la fuite des rescapés, sorte de trahison à ce qui était… Difficile de se reconstruire à côté de leur ville qui attire ses anciens habitants comme les sirènes, les marins.
Note : 7/10 Rédigé par Jacquie

jeudi 17 mai 2012

Le Journal d’une femme de Chambre

Jeanne Moreau et Jean Ozenne dans la perversion..

Réalisateur : Luis Buñuel, réalisateur espagnol né en 1900 dans une petite ville d’Aragon. Subit une éducation dure de la part des jésuites qu’il n’oubliera pas… Puis à 20 ans vit à Madrid où il rencontre de grands esprits Salvador.Dali, Garcia Lorca. A Paris en 1925 il commence sa carrière au cinéma. Marqué par le surréalisme il réalise Un chien Andalou, L’âge d’or. Ce dernier suscite la censure et des manifestations violentes ; le film est interdit. Puis il travaille aux US ou son anticléricalisme et marxisme lui valent quelques ennuis. Puis il s’établit au Mexique où il tourne beaucoup de films remarqués comme Los Ovidados. Il revient en Europe et gagne la palme d’or avec Viridiana.
Pays : France Italie Année : 1964
Acteurs : Jeanne Moreau (Célestine) ; Georges Géret (Joseph) ; Michel Piccoli (Mr Monteil) Françoise Lugagne (Mme Monteil) ; Jean Ozenne ( le père de madame) ; Daniel Ivernel (le capitaine). Dir. Photo : Roger Fellous
Résumé : Scénario tiré du roman d’Octave Mirbeau par Buñuel etJC Carrière. S’il en garde le titre de Journal, ce qui nous est proposé n’en est pas un, mais nous fait vivre le drame avec les yeux de Célestine qui arrive en train prendre son poste. A sa sortie le film n’a pas été bien accepté, ni par les amateurs de Buñuel ni par ses opposants habituels. Critiques du film 1964 : Luis Buñuel dont on sait qu’il hait la bourgeoise, les militaires, le clergé, le fascisme nous présente un film qui attaque tous ceux-là qu’ils soient d’origine modeste ou supérieure. La sexualité des uns et des autres n’y trouve aucune clémence : la déviance du maitre de maison avec ses attraits pour les pieds des dames, la recherche du plaisir par Mr Monteil mis au régime sec par madame, frigide et contente de l’être, le capitaine est simplement rustre, Joseph assez fourbe dont on verra plus tard que Célestine l’accuse du viol et du meurtre de Claire. Et c’est là que le film chavire de la satyre au drame. Ce monde pourri, où Célestine est également une intrigante, ne fais que peu de cas de cette enfant qui sera assassinée dans l’indifférence. Cependant notre héroïne essayera de confondre l’assassin.
Film clé de l’œuvre de Buñuel, tourné en noir et blanc qui reprend les thèmes chers au réalisateur. A la fois on y trouve la trace de son aversion pour la raideur cléricale et les pulsions sexuelles qui agitent l’humanité (pour le pire). Son acuité d’observation des petites gens et des bourgeois propose une vision très pessimiste de la société
Filmographie : Un chien andalou ; L'Âge d'or ; Los Olvidados ; Viridiana ; Belle de Jour ; Le Charme discret de la bourgeoisie. 
 Avis : J’y retrouve les valeurs d’une jeunesse contestataire espagnole contemporaine de la mienne… des acteurs très réalistes. Un noir et blanc qui fait vieillot mais retranscrit bien l’atmosphère «humainement nulle » de ces villes provinciales

Note : 9/10 rédigé par Jacquie

mardi 15 mai 2012

Main basse sur le riz

Les exportateurs de riz blog monde Diplo
 
Le film a reçu la FIPA d’OR 2010 dans la catégorie « Grands reportages et faits de société »
 Réalisateurs : Jean Crépu : commence sa carrière comme chef opérateur, puis se consacre à la réalisation de reportages et de documentaires. Il reçoit plusieurs récompenses. Jean Pierre Boris Rédacteur en chef à RFI, est un spécialiste des questions d’économie du développement. Après avoir longtemps couvert l’actualité latino-américaine, il a consacré pendant sept ans une chronique quotidienne à l’actualité des matières premières.
Pays : France Année : 2009
Résumé : Documentaire en parallèle d’un livre de Jean-Pierre Boris. Le riz est devenu une nourriture de base pour certains pays ; il nourrit près de la moitié de la population de la planète. De ce fait il est un élément critique de stabilité dans les pays pauvres et dépendants. S’il vient à manquer dans ces régions c’est immédiatement dramatique. Sa disponibilité à un prix convenable pour la population garantit donc la paix sociale dans beaucoup de régions du Sud. En 2008 le prix de cette céréale s’est envolé, les prix ont été multipliés par 5 ou 6, donnant lieu aux émeutes de la faim ; que s’est il passé ? qui est le fautif ? à qui profite le crime ? car du riz il y en a, mais les populations en manquent.
Premier exportateur : la Thaïlande. Principaux importateurs l’Afrique (Nigéria et Sénégal) et les Philippines. Qui fait main basse sur le riz ? Les producteurs, les traders, les commerciaux ? Le film donne des informations sur la culture et la production du riz, les exportations, les intermédiaires, le commerce international et local, les actions nationales… Est évoqué, comment un printemps désastreux en Asie, nourrit les craintes des pays importateurs et des courtiers... La catastrophe économique qui a suivi est énorme au regard des causes, famines, émeutes de la faim, aggravation de la pauvreté. Chacun s’interroge sur les causes possible à cette montée des prix suivie de la pénurie pour certains. On découvre donc que la mondialisation qui devrait remédier aux situations de famine, semble en fait les accélérer ou les faire croitre comme des boules de neige. Néanmoins, ce marché n’est pas celui de spéculateurs, et la spéculation s’est faite à tous les niveaux… ce qui a été dramatique mais sans gros fautif. En fait le riz n’a pas manqué, mais il n’était pas disponible. Les producteurs se réunissent pour réguler ce marché au mieux. Mais la crise de 2008 pourrait se reproduire… demain car ce marché est critique. En savoir plus sur les émeutes en Haïti;  L’Afrique et le marché du riz, 
Filmographie
Livre de Jean-Pierre Boris (Fayard Arte) 
Avis : Enquête sur la crise du riz de 2008, qui permet de comprendre comment se passent les échanges sur le plan mondial d’un des marchés de matière première constituant l’alimentation principale de nombreux pays du Sud. Constat d’échec aussi de la mondialisation qui a rendu les populations les plus pauvres dépendantes de leurs importations… en écrasant par dumping les cultures vivrières locales.
Note : 7/10 Rédigé par Jacquie