mercredi 5 novembre 2014

Sacrée Croissance

 
Le Bouthan enseigne à ses enfants à vivre heureux....
Réalisateur : Marie-Monique Robin Elle démarre sa carrière comme journaliste après des études de sciences politiques, elle est réalisatrice et écrivaine française. Elle réalise des documentaires sur des sujets divers avec une prédilection sur les rapports entre l’industrie et l’alimentation. Elle crée son entreprise de production M2R Elle souhaite, en plus de son indépendance journalistique, la propriété de ses œuvres et de pouvoir donc les utiliser comme elle le veut. De plus elle souhaite: « développer une relation différente avec le public en l’associant à la genèse et au développement de mes films pour que ceux-ci jouent pleinement leur rôle d’outil d’information et d’éveilleur de conscience ». M2R www.m2rfilms.com
Pays : France Année : 2014
Intervenants Plus sur Arte : William Rees (Créateur du concept d’« empreinte écologique ») nous explique ce qu’est « Notre empreinte écologique » (Éditions Écosociété,‎ 1999) Thomas Greco (Économiste) : pourquoi il faut « réinventer l’argent » (http://reinventingmoney.com/) Dominique Meda (Sociologue) : un changement profond s’impose comme la solution la plus raisonnable, en rupture avec « La mystique de la croissance » (Flammarion 2013) Andrew Dlugolecki (GIEC) : le regard prospectif d’un spécialiste de l’assurance, qui se revendique « rationnel-pessismiste » (http://therationalpessimist.com/tag/andrew-dlugolecki/) Tim Jackson (Économiste) : parce que notre modèle économique se trompe sur la nature humaine, on peut parler sans paradoxe d’une « Prospérité sans croissance » (De Boeck, 2010) Nico Paech (Économiste) nous guide « vers une économie post-croissance » (« Vom grünen Wachstumsmythos zur Potstwachstumökonomie », Fischer, 2011)
Résumé : la crise économique est installée en Europe et ailleurs aux US…les politiques ne parlent que de la fin de la crise… en vue. Certains ont même le culot de dire qu’elle est dernière nous. Tous les programmes politiques invoquent le retour à la croissance et nous font croire que ceci n’est possible que grâce à la rigueur, c'est-à-dire des économies sur le budget national, sur le dos de l’éducation, la santé, la culture. La gauche qui aurait pour vocation de protéger les plus faibles nous fournit le même discours, d’où sa chute de crédibilité. Des films courageux comme « La dette » ou « Inside Job » montrent bien l’origine de cette crise qui est majoritairement financière et due au fait de l’hypothèse incroyable de la croissance illimitée. Marie Monique Robin qui a beaucoup peiné pour le financement de son film… ne s’attaque pas directement aux banquiers et leurs suppôts. Elle montre que des solutions existent en dehors des liens commerciaux habituels. L’exemple des Amap, des villages solidaires, où de nouveaux liens sociaux enrichissent la population. C’est de la non-croissance mais surtout la prise en main d’une meilleure qualité de vie par les habitants. Pierre Rabhi dirait la sobriété heureuse. Avec le cas admirable du Palma à Palmeiras, au Brésil et d’autres villes qui ont institué une monnaie d’échange qui fait revivre une ville, Marie Monique Robin montre comment des pauvres ont monté une banque, ce n’est pas banal.
Je ne vais pas tout raconter. A l’aide d’enquêtes sur le terrain, d’entretiens avec des économistes (ont beaucoup d’anglo-saxons) le mythe de la croissance illimitée en prend un coup. Les intervenants, parlent avec des mots simples de l’impasse devant laquelle nous sommes. Cependant les solutions à la résilience viendront des citoyens eux-mêmes, lassés de l’immobilisme de leurs élus et des élites ; ou bien d’un Super Robin des Bois mondial qui mettra chacun devant sa responsabilité, qui nous fera accepter le fait que les flux financiers sont pervertis et ne mènent qu’à l’éclatement violent de la société. Celui-là nous montrerait que nous n’avons qu’une solution globale, le partage. Il existe de multiples solutions pratiques et en commençant à se rapprocher les uns des autres pour le service, chacun à son échelle, on bâtira un avenir apaisé pour nos enfants. Même si comme d’autres j’attends un tel être, la solution sera entre nos mains. Au petit pays du Bouthan, le Roi ne s’y trompe pas et développe un indice bien différent du PIB, le BNB, il recherche le bonheur pour son peuple : le Bonheur National Brut. Les enfants des écoles reçoivent un enseignement adapté à cet objectif. C’est aussi un petit pays, l’Islande, qui a dit zut à la Dette !
« Nombreuses sont les consciences qui, partout sur la planète, essaient de faire comprendre, de nous faire comprendre, que notre planète est trop belle, trop rare, pour être livrée comme une prostituée aux appétits jamais assouvis de financiopathes et autres prédateurs sans âme, à la gabegie d’un système à la rigidité cadavérique, promettant un bonheur qu’il est incapable d’assurer autrement que par la consommation exponentielle d’anxiolytiques. » Pierre Rabhi Le Monde du 5 nov 2014 sur le drame du barrage de Sivens.
Filmographie : Le Monde selon Monsanto ; Escadrons de la mort, l'école française ; Torture made in USA ; Notre poison quotidien ; Moissons du futur. Sacrée croissance
Avis : Documentaire apportant principalement le point économique que tout le monde sait mais tait : L’hypothèse soutenant notre modèle économique est fausse, donc l’économie est dans une impasse. Des solutions entreprises de par le monde pour vivre en paix sont évoquées au long du film et nous redonnent un peu d’espoir..
Note : 8/10 Rédigé par Jacquie




dimanche 2 novembre 2014

Océans de plastique

" Prix Scientifique " au 3ème Festival International de la Mer et de ses environnements (FILMAR) 
Ce sac dans l'eau rattrape notre conscience "innocente"
Réalisateur : Sandrine Feydel  http://www.film-documentaire.fr/__Sandrine_Feydel.html,auteur,64317,0
Pays : France Année : 2009
Où trouver ce documentaire : http://www.film-documentaire.fr/Oc%C3%A9ans-plastique.html,film,32868
VOD sur Vodeo.tv et Dvd http://www.harmattantv.com
Dir. Photo : Jean-Christophe Cheneau
Résumé : Documentaire court : 52 mn. Des millions de tonnes de déchets plastiques finissent dans l’océan par le biais des égouts et des rivières. On y trouve aussi bien des sacs plastiques qui piègent des animaux marins et peuvent les étrangler, que des morceaux de filets des caisses en morceaux, des bouteilles, des filets de pêche. Ces déchets en grand nombre dans toutes nos mers ne s’y jettent pas de leur plein gré, mais sont arrivés dans les océans par nos négligences. Négligence du consommateur qui se débarrasse n’importe comment des emballages, et négligences des producteurs qui sur emploient ce matériau. Un couple d’américains conscient de ce drame décide de le faire savoir, il sillonne les estuaires avec des radeaux de bouteilles plastiques et de matériaux récupérés dans l’environnement. Dans sa vie privée il refuse les emballages, évite les plats tout faits et recycle ses ordures ménagères en compostant ce qu’il peut, tendant vers zéro déchets.
Des scientifiques étudient les éléments trouvés dans les estomacs des poissons ou des oiseaux de mer, c’est affligeant. Pendant ce temps un industriel du plastique nous vante les mérites de celui-ci avec de vrais arguments et d’autres commerciaux, assez spécieux. Les scientifiques s’intéressent ensuite aux produits chimiques adjuvants des plastiques pour les rendre plus souples, plus transparents. Comme on le sait ont pour 2 d’entre eux, ceux-ci ne sont pas inactifs une fois dilués dans l’eau. Les deux exemples le Biphénol et les phtalates montrent sur des exemples animaux une perturbation des équilibres hormonaux sexuels. Ce phénomène comme cela a été montré récemment est également valable pour le fœtus humain, les enfants, l’homme. Quand l’industriel se défend il invoque les pouvoirs publics auxquels il soumet ses produits. Que fait la police sanitaire ? elle dort avec des tests non adaptés aux récentes accusations, ça c’est moi qui le dit. Est-elle sous la pression des industriels, lobbying ou avantages par ci par là ?
Filmographie : Livingstone expérience Garifunas ;
http://www.lussasdoc.org/rea-sandrine_feydel-1,64317.html 
Avis : Un documentaire qui date peut être mais toujours d’actualité ; l’opinion évolue, il faut marteler notre responsabilité à tous, les industriels et les pouvoirs publics seront confrontés à des accusations dans le futur.
Note : 9/10 Rédigé par Jacquie




mercredi 29 octobre 2014

Les adieux à la reine

Prix Louis-Delluc du meilleur film 
La belle Gabrielle de Polignac dans la Galerie des Glaces
Réalisateur : Benoît Jacquot réalisateur français né en 1947. Metteur en scène à l’opéra, et réalisateur pour la TV. Des longs métrages et certains avec succès : Villa Amalia. Plus sur Benoit Jacquot
Pays : France Année : 2012
Acteurs : Léa Seydoux (Sidonie Laborde) ; Diane Krüger (Marie-Antoinette) ; Virginie Ledoyen (Gabrielle de Polignac) ; Xavier Beauvois (Louis XVI) ; Noémie Lvovsky (Madame Campan) ; Michel Robin (Jacob-Nicolas Moreau, bibliothécaire de la reine) ; Julie-Marie Parmentier (Honorine) ; Lolita Chammah (Louison)Dir. Photo : Romain Winding
Résumé : D’après le roman de Chantal Thomas.
La fiction de Chantal Thomas, prend l’hypothèse que Marie Antoinette a une lectrice auprès d’elle et développe par ce moyen une description de la cour royale au château de Versailles. L’action (ou le manque d’action ?) se déroule pendant les quelques jours autour du 14 juillet 1789. L’art de Benoit Jacquot consiste à mettre en scène des personnages crédibles et intéressants. Sidonie, la lectrice, jouée par une Léa Seydoux toute en douceur et naïveté est une jeune orpheline qui aime Marie Antoinette. L’amour qu’elle voue à la reine est entier et n’est pas dénué de désir ni d'espoirs. Elle s’isole petit à petit du reste des servantes, et devient quasi jalouse d’une liaison amoureuse qu’on prête à Marie Antoinette avec Gabrielle de Polignac. Le film et le roman sont bâtis sur la rumeur de cette liaison qui a franchi les siècles… Le film nous donne donc une nouvelle version du couple royal vu d’en bas et d’un point particulier, très loin des interprétations historiques. La description des nobles de la cour dans le quartier où ils résident au château est assez nouvelle et les scènes qui s’y déroulent est une façon pour nous de l’imaginer. Mis à part le personnage de Sidonie, très présent et très bien porté à l’écran, un autre personnage m’a parut intéressant c’est celui de Madame Campan qui règne sur la chambre de la reine avec intelligence. L’interprétation du réalisateur et de Noémie Lvovsky parait très crédible et apporte sa note humaine à l’intrigue au-delà d’une reconstitution historique toujours sans âme. C’est aussi ce qu’on peut dire du Roi et d’autres personnages annexes qui peuplent le récit. Le réalisateur construit donc son œuvre avec des personnages secondaires et des prises de vues dans le château, somptueuses ou en camaïeu dans les logements de service autant que par ses rôles principaux. L’avis d’ Aurélien Ferenczi
Filmographie : La Fille seule ; Tosca ; Villa Amalia ; Les Adieux à la reine ; Trois cœurs ;
Avis : Très bon film en costumes, sur une idée romanesque de la vie de Marie Antoinette qui n’intéressera pas les historiens, mais procurera une bonne soirée à ceux qui le regarderont.
Note : 9/10 Rédigé par Jacquie






vendredi 24 octobre 2014

La dette


Réalisateur : Nicolas Ubelmann 41 ans, réalisateur indépendant de films documentaires et institutionnels et Sophie Mitrani Réalisatrice audiovisuelle indépendante.
Pays : France Année : 2014
Production : http://cooperativedhr.fr/
Intervenants : 1 -Benjamin Coriat est économiste au Centre d'Économie Paris Nord (Université Paris 13 / CNRS). Il appartient au collectif des "économistes atterrés". 2 – Pascal Canfin Député européen écologiste, il est membre de la Commission des affaires économiques et monétaires et de la Commission marché intérieur et protection des consommateurs. 3 –Patrick Viveret Professeur de philosophie et politologue, conseiller à la Cour des comptes, directeur du Centre international Pierre Mendès France. 4 - Christian Chavagneux est rédacteur en chef adjoint du magazine Alternatives Economiques. Il est également rédacteur en chef de la revue l'Economie Politique. 5 - Marie Louise Duboin 6 - Renaud Vivien, juriste, est membre du groupe de travail sur le droit au sein du CADTM Belgique (Comité pour l'Annulation de la Dette du Tiers Monde). 7- Bernard Maris 8 - Dominique Hollard 9- Gérard Foucher
Résumé : Après la Grèce, l’Irlande, l’Espagne ou l'Italie, la France est sur la liste des victimes de la dette. Les journaux et les politiques ne parlent que de ça… mais que se passe-t-il pour nous ? comment notre situation pourrait elle engendrer une telle dette ? alors que nous sommes dans la rigueur depuis des années ? C’est quoi cette dette d’où vient la dette ? Qui frappe la monnaie ? l’argent que les banques prêtent est-il présent dans ses coffres ? d’où vient et où va l’argent ?
Avouons que nous ne savons rien ! doit-on croire la langue de bois des politiques ? En fait on a surtout l’impression qu’ils ne comprennent pas non plus. De toutes nos interrogations « La dette » ne nous donnera pas toutes les réponses, mais éclairera le chemin de notre réflexion.
Ce film nous offre l’opportunité d’avoir les idées un peu plus claires. Les intervenants des économistes principalement nous éclairent sur des aspects peu connu par le citoyen moyen. L’Etat ne peut pas créer de la monnaie, il doit se financer auprès des banques privées. L’argent est donc prêté à l’Etat contre des intérêts qui peuvent varier de 1.5% à 20% suivant les caprices des agences de notation, plus les notes sont basses plus les intérêts sont hauts.
Quid de nos gouvernements qui nous serrent la ceinture (budget social, santé, éducation) pour pouvoir redresser la barre ? l’argent va où…. dans les poches des banques privées. Vous le saviez ? pourquoi on se laisse faire ? Qui a vendu l’Europe ?
Filmographie de DHR : La dette ; Tout va bien ; faire quelque chose.
Avis : Film documentaire sur l’argent, les banques et les dessous de l’économie. Des intervenants experts, mais attérés…
Note : 9/10 Rédigé par Jacquie


lundi 20 octobre 2014

The Portrait of a Lady Portrait de femme

Est-ce un bon choix ?
Réalisateur : Jane Campion réalisatrice et scénariste New Zélandaise Est née en 1954 dans une famille liée au théâtre. Fait des études artistiques. Se lance dans le cinéma dans les années 80, fait un peu de TV. Ses courts métrages sont primés. Elle tourne Sweetie; en compétition à Cannes, puis Un ange à ma table qui est Grand Prix du Jury à Venise et elle obtient finalement la Palme d’Or avec La leçon de Piano. Depuis son dernier film, Bright Star, elle se lance dans les séries TV avec succès : Top of the Lake
Pays : US UK Année : 1996
Acteurs : Nicole Kidman (Isabel Archer) ; John Malkovich (Gilbert Osmond) ; Barbara Hershey (Mme Serena Merle); Mary-Louise Parker (Henrietta Stackpole); Martin Donovan (Ralph Touchett) Dir. Photo : Stuart Dryburgh
Résumé : Scénario d’après le roman de Henry James. Une jeune femme américaine décide de voir et de profiter de l’Europe, elle se rend chez son oncle en Angleterre. Ce film traite d’une part des débuts de l’émancipation des femmes avec l’exemple d’une jeune femme originaire du « Nouveau Monde » qui entend faire sa vie et la construire sans contrainte. Ceci l’amènera à refuser tous les prétendants. C’est paradoxal, car instruite, différente des autres femmes par son côté indépendant et ouvert elle attire les hommes de valeur. Le film traite d’autre part la fragilité d’une jeune femme embrasée par ses sens et la montée hormonale (c’est pas très romantique mais c’est aussi notre corps physique instinctif). Notre époque n’est plus aussi puritaine qu’elle a pu l’être autrefois, mais la sexualité féminine reste encore un tabou. Pour les hommes la montée de la sexualité c’est normal, pour nous les femmes, pas du tout. Au moment de l’adolescence et plus tard il y a donc un conflit à résoudre pour chacune. C’est ce conflit qui forme le moteur de la situation catastrophique devant laquelle Isabel va se trouver. Par malchance elle va être confrontée à deux êtres pervers, quand elle s’en rendra compte… il sera un peu tard.
Jane Campion parle donc de femmes et d’enfermement. La souris essaye d’échapper du labyrinthe grâce à sa volonté et son intelligence, mais celle-ci se trouvera en défaut face à Osmond, plus rusé psychologiquement. Ce qui est fort c’est de voir sous nos yeux la jeune femme tomber dans le piège, on a envie de faire comme à Guignol…Attention !!! il va te manger. Ce film est moins connu et apprécié que la Leçon de piano, il reprend les difficultés d’assumer la sexualité chez les femmes, et les rapports de domination homme/femme. Isabel est ambitieuse certes, mais elle a surtout envie de découvrir le monde européen et de choisir sa vie, donc son partenaire. Elle donne la primauté à son raisonnement et écarte des propositions jugées « moyennes » pour se réserver pour un sommet. Est-ce un bon choix ? Ronsard avait-il prévu cela ? Ne se comporte-t-elle pas en cigale ou héron ?
Les toilettes de ces dames sont fabuleuses… et superbement mises en scène avec un côté intellectuellement érotique… Les deux femmes (Nicole Kidman et Barbara Hershey jouent parfaitement mais Malkovich n’est pas à sa place. Il y a sans doute aussi trop d’importance donnée à l’épisode de la petite fille… mais j’en connais qui auront reconnu des situations semblables… ou l’enfant sert d’arme contre une femme.
Filmographie : Sweetie ; Un ange à ma table ; La Leçon de piano ; Portrait de femme ; Holy Smoke ; In the Cut ; Bright Star ; Top of the Lake ; 
Avis : Même après la Leçon de piano, j’ai beaucoup apprécié ce film, qui parait délaissé par la critique, c’est dommage, à voir.
Note : 9/10 Rédigé par Jacquie


dimanche 12 octobre 2014

Mommy

Prix du Jury festival de Cannes 
Antoine-Olivier Pilon donne une prestation très sensible.
 
Réalisateur : Xavier Dolan né en 1989 à Montréal (Québec), est un acteur, réalisateur et scénariste canadien. Il se fait connaître du public en 2009 lors de son premier long métrage « J'ai tué ma mère » à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, il a alors 20 ans et c’est un séisme ! Laurence Anyways, film audacieux, le consacre en 2011 (meilleur film Toronto). Voir plus
Pays : Canada Année : 2014
Acteurs : Anne Dorval (Diane « Die ») ; Antoine-Olivier Pilon (Steve) ; Suzanne Clément (Kyla)
Dir. Photo : André Turpin
Résumé : C’est en français, mais ne vous étonnez pas de voir des sous titres ; la langue parlée populaire ici n’est pas forcément facile à capter pour nous.
Le scénario raconte un épisode dans la vie d’une mère de famille, veuve, et de son fils Steve qui est scolarisé en établissement spécialisé. Le film démarre au moment où l’institution qui a pris Steve en charge, de guerre lasse, lui demande de venir le rechercher. Diane, la mère, est une femme forte, voir un peu bravache et décide de s’occuper elle-même de son garçon, mais que peut-elle faire d’autre sinon l’abandonner dans un asile psychiatrique. Le jeune garçon est particulièrement hyper actif et ne maitrise pas ses réactions, par ailleurs il est sensible et gentil. C’est ce challenge que nous voyons se dérouler sous nos yeux avec des hauts et des bas. Diane est aidée par sa voisine Kyla, une institutrice un peu en marge et « paumée », elle a arrêté de travailler et a d’énormes difficultés à parler, son mari est informaticien dans le genre « autiste ».
L’intérêt du film est de montrer l’alchimie de la rédemption à travers les personnalités de trois personnes Steve, Kyla et Diane. C’est très fort en sentiments, rebondissements, coups durs, équilibres. Il y a beaucoup de tendresse dans ces trois personnages qui se soutiennent mutuellement, mais la vie est âpre pour eux et les temps d’équilibres assez courts.
« Mommy, c’est d’abord un vrai, un grand, un beau mélo, avec trois comédiens en état de grâce qui nous tirent des larmes de joie, de tristesse, de rage, suscitent une foule d’émotions contradictoires tout au long de 2h15 qui passent à la vitesse de l’éclair – Jérôme Vermelin (Metronews) »
Un site à visiter sur les films Québécois.
Filmographie : J'ai tué ma mère ; Les Amours imaginaires ; Laurence Anyways ; Tom à la ferme ; Mommy
Avis : Un film intéressant, servi par de très bons acteurs. Une ambiance suffocante, tant en images brillantes qu’en sons et musiques, mais entrecoupée de périodes de bonheur limpide.
Note : 9/10 Rédigé par Jacquie


vendredi 3 octobre 2014

Gemma Bovery

De la littérature évidemment ...
Réalisateur : Anne Fontaine est une réalisatrice, actrice et aussi scénariste française née en 1959.
Pays : France Année : 2014
Acteurs : Gemma Arterton (Gemma Bovery); Jason Flemyng (Charlie Bovery); Fabrice Luchini (Martin); Niels Schneider (Hervé); Mel Raido (Patrick l’ex);Dir. Photo : Christophe Beaucarne
Résumé : Adaptation du roman éponyme de Posy Simmonds. Lequel est un roman illustré, presque une BD.
Luchini prête sa diction inévitablement précieuse à un Bobo retraité de Paris. Dans les scènes les plus « clichés » de la vie dans la riche campagne normande la réalisatrice se délecte du banal et nous aussi, cela reste beau et amusant. Notre lettré qui s’ennuie quand même un peu de la tranquillité qu’il avait recherchée, se met à frémir lors de l’arrivée de ses nouveaux voisins. Ceux-ci sont un peu artistes, Elle est somptueusement pulpeuse… mais ce n’est pas là ce qui titille notre Martin. Elle s’appelle Gemma Bovery ! et en plus, elle vient s’installer en Normandie. Si vous n’avez pas lu Mme Bovary dans votre jeunesse, il est temps de prendre des cours ou de le faire en vitesse ! Les conversations vont souvent tourner autour du roman de Flaubert, faites confiance à Lucchni. Notre Martin est boulanger, et observe toujours avec délice la belle Gemma quand elle vient chercher le pain, il lui proposera même de pétrir la pâte dans une scène aux discours ringards, voir nuls. Même dans cette scène, la lumière, les couleurs et les gestes sont beaux : on admire cela tout en entendant Lucchini dire des platitudes dignes de roman sentimental Harlequin. On ne s’ennuie jamais, il règne toujours des événements inattendus ou complètement téléphonés…. Les deux sont possibles ! Martin vit, par procuration, son roman en le voyant se dérouler sous ses yeux… voyeur, pire que lire… il tremble souvent pour l’héroïne… car il voit la fin dramatique qui est écrite.
Le film a été accueilli différemment par la critique, si on le regarde au premier degré.. c’est du roman photo, mais si on prend le temps de rire des petites choses de la vie, de l’accent français donné à Lucchini, des réflexions basiques de la boulangère… c’est une bonne comédie.
« Mais le talent de la réalisatrice (même si on la préfère quand elle tourne Nathalie... ou Perfect Mothers) est de saisir, au cœur même de leur médiocrité, des étincelles d'abandon qui humanisent ses héros et les embellissent. Au point de les rendre, par moments, et sans qu'ils en aient conscience, élégants et dignes. Corps superbe de Gemma Arterton, offert et, souvent, plié de détresse. Silhouette de Niels Schneider, seul dans un cimetière avec son pauvre bouquet de fleurs à la main. Visage de Fabrice Luchini, découvrant, à l'abri des regards, le journal intime d'une femme rêvée, redevenue chimère. — Pierre Murat » L’article
Filmographie : Comment j'ai tué mon père ; Nathalie ; Entre ses mains ; Nouvelle chance ; La Fille de Monaco ; Coco avant Chanel ; Mon pire cauchemar ; Perfect Mothers ; Gemma Bovery 
Avis : Une excellente idée de la romancière Posy Siddmonds, qui sert à bien rire de nous-mêmes et de nos amis anglais.
Note : 8/10 Rédigé par Jacquie
Complément de Nicole TL:
J'insisterai, pour ma part, sur la concordance des prénoms avec l'ambiance, l'écrit du roman de Flaubert, le vaudeville conjugal, le rôle du pain de la douceur du pétrissage au rôle joué dans le déroulement , dans le dénouement....alors que l'arsenic a dérouté l'intrigue par moments!
 La paix campagnarde lors des promenades opposée à la perversion de Luchini, le tourment de ses fantasmes et la sensualité appuyée du fils à sa maman parisienne snobinarde. Et insister sur le rayonnement de Gemma Arterton.
Nicole TL.