lundi 14 août 2017

Djam

Daphnée Patakia
Réalisateur : Tony Gatlif né en 1948 à Alger est un réalisateur, acteur, scénariste, et musicien compositeur. Même (surtout) quand il fait du cinéma Gatlif est un musicien et ses bandes sons sont soignées. Il a d’ailleurs reçu 2 Césars de la meilleure musique écrite pour un film : pour Gadjo Dilo et pour Vengo. Pour ses sujets de prédilection : les Roms, les exclus, la liberté individuelle.
Pays : France Grèce Turquie Année : 2017
Acteurs : Daphné Patakia (Djam) ; Maryne Cayon (Avril) ; Simon Abkarian (l’oncle Kakourgos)
Dir. Photo : Patrick Ghiringhelli
Résumé : Une comédie musicale, à la gloire des exilés et particulièrement des turcs, des grecs, des arméniens et les modernes syriens ou africains fuyant leurs pays. C’est en fait le sujet qui est évoqué tout au long du voyage de Djam et de sa complice française Avril. On parle, on chante on voyage perpétuellement vers un ailleurs prometteur, mais celui-ci est aussi source d’illusions et de douleurs. En fait le côté comédie n’est que la dérision qui est ressentie par les migrants pour leurs espoirs d’hier. La culture du pays d’origine manque à tout expatrié… quelle que soit sa réussite aux yeux de la société. Le personnage de l’oncle Kakourgos est un héritage du siècle dernier, par son amour pour son pays et les siens, mais à la manière paysanne et bourrue. Il marque par-là, que la musique qu’il aime est un quasi fossile (le Rébetiko). Gatlif en fait le fil rouge de son film après en avoir recherché des vestiges, des traces, des enregistrements. Le Rébétiko est d’après Gatlif un « genre musical grec, né dans les années 1920, qui était pratiqué dans les fumeries de haschisch, les tavernes, les bas-fonds ». Gatlif remet à jour, arrange cette musique, réunit des musiciens pour son film, c’est passionnant.
Pendant le voyage de Djam à Istanbul, on croise différentes misères, des métiers disparus dont le forgeron, on se retrouve en Grèce alors en plein marasme économique à faire un feu de camp au milieu des rails de chemin de fer, et pour finir à la saisie des biens personnels par huissiers.
La musique est présente dès l’introduction (Gatlif aime bien les introductions musicales) avec la jeune chanteuse Daphné Patakia accompagnée de son instrument à cordes particulier. Elle est autant actrice que musicienne, elle fait un show dansé dès que la situation est difficile. Son personnage est dévergondé, malicieux, un peu foutraque mais au grand cœur.
J’ai bien aimé la course poursuite dans les draps sur les cordes à linge, très esthétique ainsi que la scène avec l’instrument à cordes dont Djam s’accompagne…. je ne trouve pas son nom. On se régale de certains plans montrant la nature avec l’art de la prise de vue dont fait preuve Ghiringhelli. Enfin, je conseille les deux articles suivants sur ce film.
« le cinéma de Tony Gatlif, lui, va plus loin que la vie, plus loin que le monde en ses schémas réducteurs, destructeurs, moralisateurs, pour nous offrir un conte musical sur l’exil et le chagrin, les chaos de l’histoire, les désillusions d’hier et d’aujourd’hui. » Esther Eboyan
Interview Gatlif
Filmographie : Gadjo Dilo ; Vengo ; Exils ; Transylvania ; Liberté ;  
Avis : Un film pour amateur de musique populaire, pour amoureux de l’humanité et de la liberté.
Note : 9/10  Rédigé par Jacquie








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