jeudi 6 décembre 2012

Les Amants

Le couple romanesque au clair de lune....

Prix spécial du jury au festival de Venise, 1958  
Réalisateur : Louis Malle. Acteur, réalisateur, scénariste français né en 1932 mort en 1995. Après l’IDHEC Louis Malle travaille avec Cousteau pour le Monde du Silence qui obtient une Palme d’Or à Cannes. Il réalise son premier long métrage à 25 ans : Ascenseur Pour L'Echafaud (1957). Il a 26 ans quand il tourne Les Amants.
Sans être dans la nouvelle vague du cinéma français il donne un élan à cette génération de réalisateurs. Savoir plus
Pays : France Année : 1958
Acteurs : Jeanne Moreau (Jeanne) ; Jean-Marc Bory (Bernard) ; Alain Cuny (Henri le mari) ; Judith Magre ( Maggy Thiebaut-Leroy) ; José Luis de Villalonga ( Raoul) ; Gaston Modot (le serviteur) ;Michèle Girardon (la secrétaire) Dir. Photo : Henri Decae
Résumé : Louis Malle a cherché son inspiration dans une nouvelle de Vivant Denon : Point de Lendemain. Cet écrit libertin place un homme et une femme dans une situation de faux semblant où une femme mariée invite au château de son mari l’amant de son amie pour dévier les soupçons du mari de son véritable amant.
Une fois de plus, je retrouve ce film qui a bousculé la morale bien pensante de l‘époque de ma jeunesse. Il dépeint une société bourgeoise obsolète (quant à son comportement) où la femme appartient naturellement à son mari, n »ayant aucune vie propre, elle est épouse X… Ici Jeanne est l’épouse d’un directeur de journal dans une vague province pas très originale. Ce qui est dérangeant dans ce film ce n’est pas que Jeanne trompe son mari, on s’y attend depuis le début, mais c’est la soudaineté du point final mis à sa vie sur tous les plans, mariage aussi bien que vie sociale, amis… c’est le départ sans arrière pensée vers un futur qui ne se laisse pas deviner. La vanité, ou oisiveté d’une certaine classe aisée est bien montrée du doigt par le réalisateur. L’homme qui emmène Madame au 7 ième ciel et dans sa caverne est ben le contraire des précédents : laïc et républicain, il roule en 2CV au gré de ses vacances.. et représente l’antithèse de la bourgeoisie où a vécu Jeanne. Elle avait besoin de liberté et surtout de sens à sa vie, on imagine qu’elle va trouver cela… La décision qui entraine sa vie future a été prise en une nuit, le repas du soir avec les sous entendus du mari très mesquin aura été la goutte de trop qui a fait déborder le statut social, le déclencheur d’un cataclysme familial. Le tire de la nouvelle dont Louis Malle s’est inspiré évoque bien cette situation : sans lendemain. Ici, la femme très infantile ou soumise au début du film, prend son essor au fur et à mesure, et sur un coup de tête, décide de prendre sa vie en mains. Elle n’a plus besoin comme dans Ascenseur pour l’échafaud, d’un homme pour la dégager, ni comme au début du film de Raoul pour lui apporter ce changement. Elle part avec un homme qu’elle ne connait même pas. Néanmoins film culte par le scandale qu’il a provoqué entre le titre et la scène où les amants sont au lit… bien que le cinéaste ait choisit d ne montrer que les mains… c’est vrai que c’est beaucoup plus expressif. Malgré le décalage du temps (oh ! les beaux gants et beaux chapeaux, toilettes… Villalonga superbe…) ce film montre un phénomène que nous rencontrons tous (ou la tentation de …) à un moment donné de, faire un stop et de prendre un chemin de traverse… et de changer de vie. Louis Malle choisi de raconter les classes aisées et un peu vides, sans doute règle –t-il ses comptes ? c’est un film où je prends beaucoup de plaisir à voir la belle Jeanne Moreau tomber amoureuse d’un inconnu au clair de lune, là où les sentiments prennent le pas sur la raison. Les images y sont romanesques à souhaits… Ces trois films de Louis Malle : feu Follet, Ascenseur pour l’échafaud, les Amants donnent tous une peinture du milieu social aisé (ceux qu’on appelait les bourgeois en 68) avec leurs enfermements, Feu Follet se dégage pa r le suicide tandis que les femmes ont leurs aventures personnelles, Florence fait tuer son mari et Jeanne se sauve à la cloche de bois aux yeux et à la barbe de ses proches. Voir analyse sur Laterna Magica
Filmographie : Les Amants ; Le Souffle Au Coeur ; Lacombe Lucien ; Ascenseur Pour L'échafaud ; Zazie Dans Le Métro ; Le Feu Follet ; La Petite ; Au Revoir Les Enfants ;
Avis : Film sulfureux de ma jeunesse… donc fétiche ! la liberté de choix de la Femme, annoncée par louis Malle bien avant que 1968 et surtout le combat des femmes du MLF lèvent les tabous d’une société étroite et puritaine. Je reverrai toujours ce film avec plaisir. Les trois films de Louis Malle peuvent être vus grâce au coffret d’Arte Boutique.
Note : 10/10 Rédigé par Jacquie






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