dimanche 30 décembre 2012

Un conte de Noël

Anne Consigny, Hippolyte Girardot, et Catherine Deneuve
Césars : Jean-Paul Roussillon meilleur second rôle. 
Réalisateur : Arnaud Dépleschin : né en 1960. Intègre l’IDHEC après la fac. Commence son premier long métrage, Sentinelle, avec Pascale Ferran, Emmanuel Salinger et Noémie Lvovsky. Rois et Reines est sans doute le film qui l’a fait reconnaitre dans le public comme un pro du cinéma d’auteur. Cet attrait du public sera retrouvé pour son film suivant Un conte de Noël.
Pays : France Année : 2008
Acteurs : Catherine Deneuve (Junon) ; Jean-Paul Roussillon (Abel) ; Mathieu Amalric (Henri) ; Anne Consigny (Elisabeth) ; Emmanuelle Devos (Sonia) ; Melvil Poupaud (Yvan) ; Chiara Mastroianni (Sylvia) ; Hippolyte Girardot (le mari d’Elisabeth) Dir. Photo : Eric Gautier
Résumé : L’essentiel de l’intrigue se passe dans la maison familiale à Roubaix, qui est une belle maison bourgeoise de la grande époque industrielle du Nord. Cette maison restée en l’état après le départ des enfants recèle des portes et fenêtres garnies de vitraux, des niveaux, des chambres aux papiers désuets, des jouets, des placards pleins de photos, et une ambiance qui n’est pas toujours sereine. La famille a vécu le drame d’un enfant mort à 6 ans d’une leucémie pour lequel aucun des frères et sœurs ne pouvait fournir une greffe compatible. Chacun a vécu cela différemment et Elizabeth en particulier cherche à culpabiliser son frère Henri qu’elle déteste au point d’avoir réussi à l’éloigner de ses parents. Chacun vit sa vie de son côté, avec tous un grain de folie ou d’originalité marquée. Une nouvelle fois, la maladie choisit la famille; Junon sexagénaire file une maladie du sang qui nécessite une greffe de moelle et chacun et prié de faire le test de compatibilité à l’hôpital. Paul le fils d’Elizabeth est compatible, mais malheureusement il est fragile et vient d’être hospitalisé en psychiatrie. A l’occasion de Noël, il est décidé de réunir toute la famille, certains insistent pour que tous soient présents autour de Junon et Abel. La réunion de tout ces handicapés de l’amour familial ne va pas sans bagarres, répliques vachardes ou revanchardes… les petits mic macs du passé ressortent aussi à la faveur du hasard ou d’un témoin. La mère, femme froide, reste très extérieure aux rixes des uns et des autres aussi bien qu’à sa maladie. Heureusement Abel, le père, tient les fils familiaux et aime tous ses enfants, ne se plaignant pas des frasques en particulier d’Henri, alcoolique mal aimé qui frise l’asile à tout moment. D’ailleurs aucun n’est vraiment… normal : Elizabeth est en thérapie, Yvan a été soigné pour « fou » à l’adolescence, et le neveu Simon picole et se shoote comme les autres …
Le film est le bilan un grand règlement de compte familial… L'amour entre les frères et une volonté d’entre-aide familiale qui est bien présente, mais la mère a peu la fibre maternelle, c’est Abel qui joue ce rôle ainsi que celui de la sagesse et de la culture. Le réalisateur cible donc les relations dans la fratrie et les relations parents-enfants, il semblerait que tout n’ait pas été facile pour lui dans son enfance ! et que comme un patient en thérapie, il écrive ce qui lui pèse…Mais difficile de s’y retrouver dans les écheveaux des aventures des membres de la famille, Seuls les personnages des parents sont clairs, les enfants sont plutôt des agités dont on se demande s’ils ont vraiment fini leur adolescence.
Filmographie : Comment je me suis disputé... (ma vie sexuelle), Esther Kahn, Rois et Reine ; Un conte de Noël; Jimmy P psychothérapie d'un indien des plaines;
Avis : Film un peu brouillon, totalement imprévisible comme le héro… on ne s’ennuie pas, les petites phrases fusent dans une atmosphère sous les auspices traditionnels de Noël avec feu d’artifice…. Les images sont puissantes, les couleurs chaudes adaptées à cette ambiance et à ce drame, le côté maison ancienne, pain d'épices apaise tout en liant les personnages dans leurs options passées. 
Note : 7/10 Rédigé par Jacquie


mardi 25 décembre 2012

Rois et Reines

Mathieu Amalric et Emmanuelle Devos
César du meilleur acteur 

Réalisateur : Arnaud Despléchin né en 1960. Intègre l’IDHEC après la fac. Commence son premier long métrage, Sentinelle, avec Pascale Ferran, Emmanuel Salinger et Noémie Lvovsky. Rois et Reines est sans doute le film qui l’a fait reconnaitre dans le public comme un pro du cinéma d’auteur. Cet attrait du public sera retrouvé pour son film suivant Un conte de Noël.
Pays : France Année : 2004
Acteurs : Emmanuelle Devos (Nora) ; Mathieu Amalric (Ismaêl) ; Catherine Deneuve (Docteur Hélène Vasset ) ; Maurice Garrel (le père de Nora ) ; Elsa Wolliaston (la psy)
Dir. Photo : Éric Gautier
Résumé : Arnaud Desplechin dit s’être inspiré des personnages d’Hitchcock pour construire ce film où deux personnages évoluent sur notre écran chacun pour soi avec ses antécédents et caractères propres. Le titre lui est donné par une poésie de Michel Leiris : « Rois sans arroi, / Reine sans arène, / Tour trouée, / Fou à lier,/ Cavalier seul ». Les personnages sont étonnants d’originalité ou de naturel ? on se pose la question sans arrêt, Ismaël est un fou ou un sage ? ou ni l’un ni l’autre…Nora est-elle un pur produit de notre siècle de consommateurs, ou un personnage déviant, sujet à angoisses et visions… L’univers psy… a-t-il un sens ? qui est « normal » où est la vérité ? que valent les vies d’Ismaël et de Nora quand on les mets face à face ?doit-on les comparer ? Chacun choisit sa façon personnelle d’être... Que de questions qui se posent ! L’énigme de la gravure du début se retrouvera à la fin la mythologie, faisant un lien par rapport à la paternité ; problème qui se pose du début à la fin pour Nora. La mort du père de son fils est également ambigüe… les rêveries qui l’assaillent pendant l’opération de son père ne sont pas innocentes et se retrouvent à la fin dans les écrits de son père… qui était aussi un curieux personnage. Quel est cet avenir pour Nora avec Jean Jacques dont on parle depuis le début ? insipide mais socialement correct. La famille est mise à mal d’un bout à l’autre… beaucoup de misère morale est répartie à des individus souvent déjà fragiles ou qui le sont devenus, si tant est qu’on pose le fait que la famille et la filiation soient deux éléments structurant indispensables, la présence d’un père et d’une mère aimants sont une garantie pour une vie bien commencée, mais ne fait pas tout... Il faut voir le film plusieurs fois pour démêler les écheveaux de la vie de ces personnalités hors du commun qui se croisent. Le film suivant de Dépleschin remet en scène la famille et ses relations contraintes ou « tordues ». Du côté photo, c’est du beau, de belles couleurs, des gros plans sur nos héros des cadrages explicites… Eric Gautier !. La musique, Ismaêl est altiste donc pas mal de classique… qui adoucit les mœurs c’st bien connu.
Analyse dans Wikipedia voir l’analyse d’Anthony Sitruk dans Film de Culte
Filmographie : Comment je me suis disputé... (ma vie sexuelle), Esther Kahn, Rois et Reine ; Un conte de Noël ; Jimmy P psychothérapie d'un indien des plaines;
 Avis : film que je regarde toujours avec plaisir, y trouvant toujours un élément passé inaperçu : très riche et juste l’humour que j’aime bien, le léger recul qui fait sourire.
Note : 9/10 Rédigé par Jacquie








jeudi 6 décembre 2012

Les Amants

Le couple romanesque au clair de lune....

Prix spécial du jury au festival de Venise, 1958  
Réalisateur : Louis Malle. Acteur, réalisateur, scénariste français né en 1932 mort en 1995. Après l’IDHEC Louis Malle travaille avec Cousteau pour le Monde du Silence qui obtient une Palme d’Or à Cannes. Il réalise son premier long métrage à 25 ans : Ascenseur Pour L'Echafaud (1957). Il a 26 ans quand il tourne Les Amants.
Sans être dans la nouvelle vague du cinéma français il donne un élan à cette génération de réalisateurs. Savoir plus
Pays : France Année : 1958
Acteurs : Jeanne Moreau (Jeanne) ; Jean-Marc Bory (Bernard) ; Alain Cuny (Henri le mari) ; Judith Magre ( Maggy Thiebaut-Leroy) ; José Luis de Villalonga ( Raoul) ; Gaston Modot (le serviteur) ;Michèle Girardon (la secrétaire) Dir. Photo : Henri Decae
Résumé : Louis Malle a cherché son inspiration dans une nouvelle de Vivant Denon : Point de Lendemain. Cet écrit libertin place un homme et une femme dans une situation de faux semblant où une femme mariée invite au château de son mari l’amant de son amie pour dévier les soupçons du mari de son véritable amant.
Une fois de plus, je retrouve ce film qui a bousculé la morale bien pensante de l‘époque de ma jeunesse. Il dépeint une société bourgeoise obsolète (quant à son comportement) où la femme appartient naturellement à son mari, n »ayant aucune vie propre, elle est épouse X… Ici Jeanne est l’épouse d’un directeur de journal dans une vague province pas très originale. Ce qui est dérangeant dans ce film ce n’est pas que Jeanne trompe son mari, on s’y attend depuis le début, mais c’est la soudaineté du point final mis à sa vie sur tous les plans, mariage aussi bien que vie sociale, amis… c’est le départ sans arrière pensée vers un futur qui ne se laisse pas deviner. La vanité, ou oisiveté d’une certaine classe aisée est bien montrée du doigt par le réalisateur. L’homme qui emmène Madame au 7 ième ciel et dans sa caverne est ben le contraire des précédents : laïc et républicain, il roule en 2CV au gré de ses vacances.. et représente l’antithèse de la bourgeoisie où a vécu Jeanne. Elle avait besoin de liberté et surtout de sens à sa vie, on imagine qu’elle va trouver cela… La décision qui entraine sa vie future a été prise en une nuit, le repas du soir avec les sous entendus du mari très mesquin aura été la goutte de trop qui a fait déborder le statut social, le déclencheur d’un cataclysme familial. Le tire de la nouvelle dont Louis Malle s’est inspiré évoque bien cette situation : sans lendemain. Ici, la femme très infantile ou soumise au début du film, prend son essor au fur et à mesure, et sur un coup de tête, décide de prendre sa vie en mains. Elle n’a plus besoin comme dans Ascenseur pour l’échafaud, d’un homme pour la dégager, ni comme au début du film de Raoul pour lui apporter ce changement. Elle part avec un homme qu’elle ne connait même pas. Néanmoins film culte par le scandale qu’il a provoqué entre le titre et la scène où les amants sont au lit… bien que le cinéaste ait choisit d ne montrer que les mains… c’est vrai que c’est beaucoup plus expressif. Malgré le décalage du temps (oh ! les beaux gants et beaux chapeaux, toilettes… Villalonga superbe…) ce film montre un phénomène que nous rencontrons tous (ou la tentation de …) à un moment donné de, faire un stop et de prendre un chemin de traverse… et de changer de vie. Louis Malle choisi de raconter les classes aisées et un peu vides, sans doute règle –t-il ses comptes ? c’est un film où je prends beaucoup de plaisir à voir la belle Jeanne Moreau tomber amoureuse d’un inconnu au clair de lune, là où les sentiments prennent le pas sur la raison. Les images y sont romanesques à souhaits… Ces trois films de Louis Malle : feu Follet, Ascenseur pour l’échafaud, les Amants donnent tous une peinture du milieu social aisé (ceux qu’on appelait les bourgeois en 68) avec leurs enfermements, Feu Follet se dégage pa r le suicide tandis que les femmes ont leurs aventures personnelles, Florence fait tuer son mari et Jeanne se sauve à la cloche de bois aux yeux et à la barbe de ses proches. Voir analyse sur Laterna Magica
Filmographie : Les Amants ; Le Souffle Au Coeur ; Lacombe Lucien ; Ascenseur Pour L'échafaud ; Zazie Dans Le Métro ; Le Feu Follet ; La Petite ; Au Revoir Les Enfants ;
Avis : Film sulfureux de ma jeunesse… donc fétiche ! la liberté de choix de la Femme, annoncée par louis Malle bien avant que 1968 et surtout le combat des femmes du MLF lèvent les tabous d’une société étroite et puritaine. Je reverrai toujours ce film avec plaisir. Les trois films de Louis Malle peuvent être vus grâce au coffret d’Arte Boutique.
Note : 10/10 Rédigé par Jacquie






Ascenseur pour l’échafaud

Jeanne Moreau sans paroles....
Réalisateur : Louis Malle. Acteur, réalisateur, scénariste français né en 1932 mort en 1995. Après l’IDHEC Louis Malle travaille avec Cousteau pour le Monde du Silence qui obtient une Palme d’Or à Cannes. Il réalise son premier long métrage à 25 ans : Ascenseur Pour L'Echafaud (1957). Il a 26 ans quand il tourne Les Amants.
Sans être dans la nouvelle vague du cinéma français il donne un élan à cette génération de réalisateurs. Savoir plus
Pays : France Année : 1958
Acteurs : Jeanne Moreau (Florence Carala) ; Maurice Ronet (Julien Tavernier) ; Georges Poujouly (Louis, le jeune) ; Yori Bertin (Véronique, la jeune fille) ; Lino Ventura (le commissaire). Dir. Photo : Henri Decae, Musique: Miles Davis
Résumé : Tout se passe autour d’un couple qui s’aime à la folie, celle-ci surviendra inévitablement. Le début du film donne le ton avec une scène d’amour désincarnée car Julien et Florence sont au téléphone, le ton est grave, les serments valent ceux de Roméo et Juliette. Le drame se déroule ensuite entrecoupé de hasards qui mettent en place une deuxième intrigue, mais un ton plus bas au niveau d’adolescents rêveurs. Sans violence ni voyeurisme le crime a lieu et les événements s’enchainent inexorablement. Les personnages principaux, séparés par un impromptu, tentent de se rejoindre, alors que deux ados qui font « n’importe quoi » seront conduits à l’intérieur du drame. Maurice Ronet joue avec économie Julien, en servant la parfaite maitrise de soi que demande son personnage. Jeanne Moreau, elle aussi est très sobre dans sa recherche à comprendre ce qui se passe. Elle questionne avec retenue en traversant tout Paris les éventuels possesseurs d’information. Le doute, l’angoisse se lisent sur son visage mais elle ne lâche pas. Tout se joue dans le non dit, et c’est moderne pour l’époque. Ici l’amour d’un homme pour une femme mariée ne peut être réalisé que par la mort du mari. Il nous est, heureusement, décrit comme un mafieux, vendeur d’armes sans scrupules dont on ne pleurera pas le décès pour que le scénario passe. Cette intrigue est inspirée d’un roman policier de Noêl Calef que Louis Malle avait lu lors d’un voyage en train. Le sujet de fond de ce film est surtout celui de la femme dans les années 50 dont l’horizon est bouché, qui ne peut faire évoluer sa vie, ni même réaliser la vie à laquelle elle aspire, comme pourrait le faire un homme. Elle ouvre ce problème dès la première scène en parlant de liberté à conquérir au téléphone. Ce thème est posé dans les premiers film de Louis Malle ; il décrit le besoin de liberté des femmes contemporaines, dans le film suivant (Les Amants) il donnera une autre vois que la mort pour accéder à cette liberté recherchée par son héroïne, mais tout aussi radicale. Louis Malle a écrit le scénario avec Roger Nimier, romancier disparu précocement dans un accident de voiture (elles tiennent beaucoup de place dans ce film et dans la mode nouvelle vague…). Louis Malle c’est également entouré d’assistants dont Alain Cavalier et François Leterrier qui deviendront des réalisateurs originaux. La musique très sobre, mais combien originale et indissociable du film, de l’équipe de Miles Davis vaudra un Grand Prix du disque de l'Académie Charles-Cros décerné au disque de la bande originale. La trompette de Miles Davis joue souvent seule pour accentuer le caractère dramatique, comme au cours de la nuit où Jeanne cherche Julien dans Paris, la bande son se réduit parfois à quelques légers sons de batterie pour laisser place à l’image. Plus tard le thème sera repris et sera un succès de la formation Miles Davis dans laquelle se glisse un pianiste français : René Urtreger.
Filmographie : Les Amants ; Le Souffle Au Cœur ; Lacombe Lucien ; Ascenseur Pour L'échafaud ; Zazie Dans Le Métro ; Le Feu Follet ; La Petite ; Au Revoir Les Enfants ;
Avis : film culte, thriller à voir, Jeanne Moreau y est émouvante. Les points d’intérêt sont bien équilibrés, les prises de vues sont belles sans artifices ni lourdeurs.
Note : 10/10 Rédigé par Jacquie